Ceux qui avaient de soupçons peuvent être rassurés. C’est bien Nicolas Sarkozy qui a écrit la France pour la vie, en témoigne la présence de ses intox fétiches. Et aussi de quelques nouvelles. Inventaire.
- "J’avais été impressionné par la décision de Barack Obama d’inaugurer lui-même la fondation pour la liberté de son prédécesseur George Bush. Et pourtant la campagne avait été entre eux d’une rare violence." (page 73)
La coquille a été largement relevée. S’il est un fin observateur de la vie politique, y compris internationale, on voit mal comment Nicolas Sarkozy se souvient de la violence d’une campagne entre Obama et Bush qui n’a jamais eu lieu. Les deux hommes n’ont jamais brigué la Maison blanche en même temps.
- "Dès 2010, j’ai indiqué que la nationalité française n’était pas un dû, et que les personnes bénéficiant d’une double nationalité devaient la perdre si elles étaient convaincues d’actes criminels, y compris terroristes. J’ai été, en retour, accusé de tous les maux par l’opposition. Cinq ans plus tard, le président de la République convoque un congrès pour l’adopter." (p.95)
Les Républicains aiment à se poser en inspirateurs de l’extension de la déchéance de nationalité actuellement discutée… Mais Nicolas Sarkozy, pour tirer la couverture à lui, tronque quelque peu les faits. Il a bien proposé une extension de la déchéance de nationalité en 2010, lors du fameux discours de Grenoble, mais il n’était nullement question de terrorisme comme il veut le faire croire. Pour la bonne et simple raison que la loi prévoyait déjà une possible déchéance de nationalité pour les binationaux naturalisés (mais pas les nés français comme la gauche entend le faire adopter aujourd’hui) pour des crimes et délits relevant du terrorisme. Nicolas Sarkozy voulait simplement ajouter à ce motif le meurtre de policiers et de gendarmes. C’est en effet dans un contexte de violence contre les forces de l’ordre que Nicolas Sarkozy avait tenu son très droitier discours. Voici ce qu’il y proposait :
«De même nous allons réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. Je prends mes responsabilités. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un fonctionnaire de police ou d’un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique. La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s’en montrer digne. Quand on tire sur un agent chargé des forces de l’ordre on n’est plus digne d’être français.»
C’est cette mesure (extension de la déchéance de nationalité pour les naturalisés depuis moins de dix ans condamnés pour meurtre d’agents dépositaires de l’autorité publique) qui avait été adoptée par les députés fin 2010, avant d’être torpillée par les sénateurs (du fait de l’opposition des centristes et de la gauche).
Il est donc vrai que la gauche avait à l’époque hurlé. Mais suggérer que l’extension de la déchéance de nationalité à l’époque portait sur des faits de terrorisme est en revanche inexact. Même si cela permet d’accréditer la thèse selon laquelle la gauche fait aujourd’hui exactement ce que Nicolas Sarkozy avait alors proposé.
Alain Juppé me rappela à l’ordre en disant toute son opposition au principe même du retrait de la nationalité quelle qu’en fût la cause." (p.136)
Aussi vrai que Sarkozy n’a pas proposé l’extension de la déchéance aux terroristes comme il veut le faire croire, Alain Juppé n’a pas témoigné à l’époque son «opposition à toute déchéance de nationalité, quelle qu’en fût la cause». Une dizaine de jours après le discours de Grenoble, Juppé se fendit d’un post sur son blog. Il y émettait certes des réserves sur l’idée d’une extension de la déchéance, mais en des termes bien plus modérés que ce qu’en rapporte Nicolas Sarkozy. Voilà ce qu’écrivait Juppé :
«S’agissant par exemple de l’extension des motifs de déchéance de la nationalité française, je note avec intérêt l’interrogation de Gérard Larcher, président du Sénat, dans Le Figaro d’aujourd’hui:"Applique-t-on réellement le droit déjà en vigueur ? L’article 25 du Code civil ne fournit-il pas déjà la réponse à la plupart des questions posées ? C’est ce que nous devrons vérifier"»
Bref, aucune opposition de principe à la déchéance, mais une interrogation sur l’utilité d’une nouvelle loi et un souhait de vérifier que les lois existantes encadrant la déchéance sont bien utilisées. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Même si c’est de bonne guerre de caricaturer Juppé en grand mou à l’orée de la primaire.
- "Lorsque nous avons supprimé un tiers des emplois militaires de la Moselle, j’avais promis à la ville de Metz une activité économique de substitution. A l’époque, les manifestants avaient réclamé une administration délocalisée. Nous leur avons offert bien mieux avec ce magnifique musée."(p.121)
Dans son chapitre consacré à son amour de la culture, Sarkozy rappelle ses efforts déployés pour que sorte de terre le Beaubourg de Metz… Ce n’est pas la première fois que l’ex-président se pose en père de ce musée… Quitte à jouer un peu avec les dates. Ce qui est vrai, c’est que le gouvernement Fillon a bien annoncé en juillet 2008 la mise en œuvre d’un plan national de modernisation de la défense. Et la Lorraine, et Metz en particulier, ont bien fait partie des principales victimes des restructurations. Metz perdant quelque 5 000 postes. Mais laisser à penser comme le fait encore une fois Sarkozy que le Beaubourg de Metz fut offert en compensation relève de la tromperie. La décision d’implantation du musée à Metz date de 2003. La première pierre a été posée en 2006. Et le chantier était bien avancé au moment où Nicolas Sarkozy est donc censé avoir offert le Beaubourg de Metz…
- "Les modalités du regroupement familial ne peuvent demeurer en l’état. Les obligations pour avoir le droit de faire venir sa famille en termes de revenus, de logements, de preuve de la réalité familiale et de connaissance préalable de la langue française devront structurellement être renforcées. Autrement dit, le regroupement familial doit passer d’un droit aujourd’hui quasi sans conditions à un droit sous conditions précises : si les revenus sont insuffisants, et l’appartement trop petit pour accueillir la famille, il n’y aura plus de regroupement familial." (p. 140)
Il faut croire que l’outrance sur le regroupement familial, qui cristallise les fantasmes de la droite en matière migratoire (bien que ne pesant dans les derniers chiffres de l’immigration que 12 000 entrées, soit un peu plus de 5% des titres de séjour) est un passage obligé à droite. Alain Juppé avait raconté n’importe quoi sur le sujet dans son livre. Nicolas Sarkozy l’imite. Contrairement à ce qu’il dit, le regroupement familial n’est en rien un «droit quasi sans conditions». Il est précisément soumis aux conditions de revenus et de logements, lesquelles ont été sensiblement renforcées, déjà.
Concernant le logement, il faut par exemple à un couple seul entre 22 et 28 m2 (selon les zones).
Concernant les revenus, le minimum pour une personne faisant venir son conjoint est le Smic mensuel, soit autour de 1 135 euros nets (à l’exclusion des prestations sociales).
Depuis une dizaine d’années, les critères matériels du regroupement n’ont cessé d’être durcis. C’est la loi du 26 novembre 2003 qui a fixé au Smic les ressources minimales, excluant les prestations familiales éventuellement perçues. La loi du 24 juillet 2006 a exclu du calcul des ressources d’autres prestations sociales, et la loi de novembre 2007 a imposé une modulation du revenu minimum en fonction de la taille de la famille (jusqu’alors le seul Smic suffisait quelle que soit la taille de la famille). Côté logement, c’est la loi du 8 décembre 2006 qui a renforcé les conditions, établissant les surfaces minimales qui sont toujours exigées aujourd’hui. Avant cette modification, le demandeur devait garantir une superficie habitable au moins égale à 16 m² pour un ménage sans enfant ou deux personnes, augmentée de 9 m² par personne jusqu’à 8 personnes et de 5 m² par personne supplémentaire au-delà de huit personnes.
Les mauvaises langues rappelleront même à Sarkozy l’étourdi que le ministre de l’intérieur en poste en 2006 quand furent adoptées certaines de ces mesures de durcissement n’était autre que… lui-même. On le retrouve dans cette intervention du 11 décembre 2006 se félicitant du fait que le regroupement a été profondément réformé.
- "On ouvre aujourd’hui les conditions d’un véritable dumping migratoire. Bien naturellement, une fois dans l’espace Schengen, le nouvel arrivant va choisir l’endroit où les prestations sociales seront les plus généreuses." (p. 141)
Nicolas Sarkozy est coutumier de cette présentation d’une Europe ouverte aux quatre vents où un immigré peut arriver dans un pays de l’espace Schengen puis choisir de venir s’installer dans n’importe quel autre. C’est faux. Un réfugié ayant obtenu l’asile en Allemagne ne pourra pas, par la suite, venir librement s’installer en France ni dans un autre pays de l’UE, comme l’affirme Sarkozy. En l’absence de frontières dans l’espace Schengen, un ressortissant d’un pays tiers établi sur le territoire européen peut effectivement (comme un Européen) circuler dans un autre pays de l’espace, mais à certaines conditions (article 21 de la convention d’application de l’accord de Schengen) et pour une durée limitée. Cette libre circulation d’un pays à l’autre n’implique pas la libre installation. L’admission au séjour demeure une compétence nationale. Schengen n’y change rien. Etre étranger en situation régulière en Allemagne ne permet en aucun cas de l’être automatiquement en France. Un réfugié syrien ayant un titre de séjour en Allemagne pourra donc se rendre en France (ou dans tout autre pays de l’espace) pour une durée de trois mois. Au-delà de ce délai, il y devient irrégulier et devra être renvoyé en Allemagne. S’il demeure en France, il sera, en qualité d’irrégulier, inéligible en France à l’ensemble des allocations sociales qui sont conditionnées à la régularité du séjour (à part l’aide médicale de l’Etat, AME).
- "On peut dire ironiquement que la politique menée par le gouvernement socialiste depuis quatre ans a fini par porter ses fruits. Pour la première fois depuis 1999, le taux de natalité en France a diminué. Ils ont donc réussi à casser la dynamique des naissances dans notre pays.» (p.158)
Le taux de natalité a bien diminué en 2015. Mais de là à dire que c’est une première depuis 1999, il y a un pas que Nicolas Sarkozy n’hésite pas à franchir. A tort, comme on le voit sur ce tableau. On observe en fait en tendance une baisse depuis 2010.
Idem pour l’indice de fécondité :
Dans un désintox récent que nous avions consacré aux intox de la droite suite à la publication du bilan démographique de l’Insee, nous rappelions aussi que l’institut statistique n’établit aucun lien entre les orientations récentes de la politique familiale, expliquant surtout le recul de la natalité par la pyramide des âges.
- "Il convient, une bonne fois pour toutes, de tordre le cou à cette idée fausse. Il n’y a pas trop de gens en prison en France et il y en a proportionnellement beaucoup moins que dans la quasi-totalité des autres démocraties, Etats-Unis, Espagne, Grande-Bretagne." (p.184)
En voilà une bonne idée. Tordons le cou aux idées fausses. Et admirons la mauvaise foi. Oui, la France (102,6 détenus pour 100 000 habitants) a effectivement un taux d’incarcération inférieur à celui de l’Espagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Qui font précisément partie des grandes démocraties ayant les taux d’incarcération les plus élevés. Mais cela ne permet pas de dire que la France incarcère beaucoup moins que la quasi-totalité des autres démocraties. Ainsi, on peut citer nombre de grandes démocraties ayant un taux d’incarcération inférieur à celui de l’Hexagone : la Belgique (99,9), l’Autriche (98,2), l’Irlande (86,5), l’Allemagne (75,8), le Danemark (73), la Norvège (72,2), les Pays-Bas (61,6), la Suède (61,4) ou la Finlande (55). L’Italie est toute proche (106,9). Si l’on prend les statistiques du Conseil de l’Europe, la France figure à la 30e place sur 51. Son taux de 102,6 détenus pour 100 000 habitants est inférieur au taux médian (120) des pays européens (au sens le plus large) mais ne figure en rien une exception. Si l’Espagne ou le Royaume Uni sont donc sensiblement au-dessus (autour de 140), il est notable pour le reste que les quinze premiers pays sont des pays de l’Est (plus la Turquie) avec des taux compris entre 150 et 468 (!) détenus pour 100 000 habitants.
- "Le chiffre mériterait d’être davantage connu, car il fera entendre raison aux plus déraisonnables : 50% des crimes et des délits sont commis par 5% des délinquants." (p.184)
S’il est un homme qui a beaucoup fait pour que ce chiffre soit davantage connu, c’est bien Nicolas Sarkozy qui le répète en boucle depuis des années. Bien que cette statistique soit parfaitement farfelue, basée sur une étude déclarative que Sarkozy n’a visiblement jamais comprise, et qu’il a généralisée à l’ensemble des délinquants alors qu’il ne s’agissait que de mineurs…
- "La statistique mensuelle (sur la délinquance) que nous publions a été remplacée par un document annuel où l’abondance d’informations rend impossible toute exploitation simple et transparente." (p. 186)
La statistique de la délinquance a bien été chamboulée depuis 2012, mais l’explication qu’en donne Nicolas Sarkozy, dénonçant une dissimulation des chiffres, est au moins sommaire. L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a bien cessé en septembre 2015 de publier son bulletin mensuel. Mais il n’y a aucun complot derrière, simplement la traduction d’une réalité depuis 2012 : ses chiffres ne voulaient, de son propre aveu, plus rien dire. En janvier 2012, les gendarmes ont en effet adopté un nouveau logiciel (Pulsar), modifiant l’enregistrement des faits de délinquance constatés. Conséquence : une rupture statistique que l’ONDRP a constatée clairement à partir de la fin 2012.
En 2013, c’est la police qui a chamboulé son processus avec l’adoption d’un nouveau logiciel au doux nom d’un droïde de Star Wars : LRPPN VR3. Même cause, mêmes effets. Des ruptures statistiques empêchant toute comparaison avec les années passées. Après avoir expliqué moult fois que les statistiques n’avaient plus aucune comparabilité, l’ONDRP a fini par mettre un terme à la publication de son bulletin mensuel. Celui-ci a été remplacé par une autre publication mensuelle du ministère. Depuis octobre dernier, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) fournit désormais les chiffres mensuels de la délinquance. L’organisme a tenté de corriger l’impact des modifications des pratiques d’enregistrements (quand l’ONDRP fournissait des données brutes) et a par ailleurs fait le choix de ne sélectionner que neuf indicateurs, jugés les plus fiables. Il est par ailleurs très cocasse de voir Nicolas Sarkozy s’ériger en défenseur des statistiques de l’ONDRP, lui qui a passé des années à truander leurs chiffres avec un brio jamais démenti.
- "Pendant que nous supprimions 150 000 postes au niveau national, les collectivités territoriales en recrutaient à peu près autant. Au total, pour la France, ça faisait une somme nulle. Les collectivités dirigées, la plupart, par des élus de gauche, n’appliquaient pas la même politique que celle du gouvernement d’alors, c’est peu de le dire…" (p.221)
Sarkozy se répète, c’est peu de le dire aussi. Cette intox est un de ses grands classiques, combinant chiffres biaisés et mauvaise foi. Ce qui est vrai, c’est que la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires dans la fonction publique d’Etat (via le non-renouvellement d’un départ sur deux de la RGPP) au cours de son mandat a été plus que compensée par la hausse dans les deux autres versants de la fonction publique, à savoir la fonction publique territoriale (FPT) et la fonction publique hospitalière (FPH). Le nombre de fonctionnaires hospitaliers a progressé de 118 000 sur la période. Quant aux collectivités locales, elles ont vu leurs effectifs augmenter de 158 600 fonctionnaires entre 2007 et 2012. On retrouve peu ou prou le chiffre cité par Nicolas Sarkozy.
C’est le reste de la démonstration qui pèche un peu… Pour deux raisons.
La première est que la moitié de cette hausse s’explique par des transferts de personnel dans le cadre de la décentralisation : 78 000 de ces 158 600 fonctionnaires ont été transférés dans les conseils régionaux et généraux… La hausse, hors transfert, n’est donc que d’environ 80 000.
Deuxio, il est évidemment absurde d’imputer aux collectivités de gauche cette progression, qui concerne la totalité du pays. Les seules collectivités locales dont on pouvait dire à l’époque, en généralisant, qu’elles étaient de gauche étaient les régions (le PS contrôlant la quasi-totalité des conseils régionaux). Mais il va être dur de rendre les présidents socialistes des conseils régionaux responsables de la hausse des effectifs de la fonction publique territoriale. Entre 2007 et 2012, les effectifs des conseils régionaux, hors transfert, n’ont progressé que de 1 200 fonctionnaires… Il en va de même pour les départements, dont les effectifs ont progressé de 7 400 hors transfert.
En fait, la hausse s’explique essentiellement par la progression des effectifs du secteur communal, dont on ne peut pas dire qu’il soit spécifiquement de gauche. Les communes et autres établissements communaux ou intercommunaux, qui représentent la plus grande part de la fonction publique territoriale (1,4 million sur 1,86 million) ont vu le nombre de leurs agents progresser de quelque 80 000 unités entre 2007 et 2012…
Nicolas Sarkozy a-t-il des statistiques personnelles démontrant que les seules communes et intercommunalités qui ont embauché entre 2007 et 2012 sont estampillées PS ?
- "Il n’y a plus assez d’adultes dans les lycées et collèges. Comment peut-il en être autrement avec dix-huit heures d’obligation de service pour les enseignants certifiés et quinze heures pour les agrégés. Bien souvent, les enseignants qui habitent loin de l’établissement où ils exercent concentrent donc leurs heures sur deux jours. […] C’est la raison pour laquelle je crois absolument nécessaire d’augmenter de 25% le temps de présence des enseignants dans les lycées et collèges. Ce temps supplémentaire ne doit pas seulement servir à augmenter les heures de classes mais à disposer de temps libre pour aider et soutenir les élèves les plus en difficulté. […] Enfin, il convient d’avoir le courage d’affirmer que la France n’a pas les moyens de recruter et de former 850 000 enseignants. Il vaut mieux en avoir 20% de moins et les payer 20% de plus. Mois d’enseignants, mieux payés, mieux considérés, mieux formés, plus disponibles. Voilà, me semble-t-il, ce qui doit être la base de notre projet pour l’éducation" (p.249)
Pour ceux qui n’ont pas suivi, cette proposition est le énième chapitre d’un gag à rallonge que nous avait offert Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour la tête de l’UMP. Il était alors question (selon les jours) d’augmenter de 30% le temps de présence des enseignants, de supprimer 30% des enseignants, et de les augmenter de 30%. Le curseur a bougé un peu. Il s’agit donc désormais de supprimer 20% des postes, d’augmenter de 25% le temps de travail et de 20% les salaires.
Sachant que le diagnostic de départ repose sur le manque d’adulte dans les lycées et collèges, un rapide calcul permet de douter un peu du calibrage de la proposition sarkozyste. En effet, supprimer 20% des enseignants puis augmenter de 25% le temps de travail des enseignants restant revient à un gain total en termes de temps de présence… égal à zéro. Pire, si les enseignants doivent utiliser leur temps de présence pour le soutien des élèves, on arrive donc à une diminution du nombre d’heures de présence en classe.
Ajoutons que le tableau que dresse une fois de plus Sarkozy d’une semaine de travail des enseignants (casant par commodité leurs heures de cours sur deux jours) relève de la provocation. Il faut en effet avoir une conception assez tranquille de ce qu’est une heure de classe pour imaginer que les profs en enchaînent neuf dans la journée par souci de confort. Sans compter que caser neuf heures de cours entre 8 heures et 16h30 (l’heure à laquelle les cours finissent dans de nombreux collèges), même sans s’alimenter, est juste… impossible.