Dans la famille Le Pen, Marion joue en solo
La députée de Vaucluse, qui craint la concurrence de
François Fillon, reste en marge de la campagne de sa tante, Marine Le Pen.
LE MONDE | 09.12.2016
Florian Philippot a rendu un service involontaire à
Marion Maréchal-Le Pen, sa concurrente au sein du Front national. Recadrée par
sa tante Marine Le Pen, lundi 5 décembre, pour avoir défendu la fin « du
remboursement intégral et illimité de l’avortement », la
députée de Vaucluse a subi, quelques heures plus tard, les feux du
vice-président du parti d’extrême droite. « Cette personne est
seule, cette personne est isolée sur cette question. Ce qui compte, c’est ce
que dit la candidate à la présidentielle, ce que dit le mouvement, ce que dit
notre projet présidentiel : pas de remise en cause de l’IVG, remboursement
total de l’IVG », a affirmé le bras droit de Marine Le Pen sur BFM-TV.
« Seule », « isolée »…
La charge est lourde, et a suscité une campagne de soutien en faveur de la
jeune femme sur Twitter de la part de cadres locaux et de militants de la
formation lepéniste. « Non aux diabolisations internes. Marion
Maréchal-Le Pen n’est pas seule et isolée. Elle est un atout majeur de Marine
pour 2017 ! », a par exemple écrit le président du groupe FN
au conseil régional des Pays de la Loire, Pascal Gannat.
Cette mobilisation est arrivée à point nommé pour la
députée, qui donne parfois le sentiment de naviguer en solitaire et de jouer
une partition en marge de la campagne menée par sa tante. Les mots d’excuses se
sont multipliés ces dernières semaines. Mme Maréchal-Le Pen n’a pas
assisté au discours de rentrée de la présidente du FN à Brachay (Haute-Marne),
le 3 septembre, pour cause de « cousinade ».
Elle n’était pas, non plus, à l’inauguration de
« L’Escale », le siège de campagne de la candidate à la présidentielle,
le 16 novembre, du fait d’un voyage prévu de longue date à Moscou. Enfin,
elle a séché les deux réunions du conseil stratégique de campagne, bloquée à
chaque fois, explique-t-elle, par des rendez-vous indéplaçables. La députée
n’avait par ailleurs pas demandé à intégrer cet organe de direction. « Je
ne suis pas dans l’initiative de la campagne. Je ne sais pas ce qui se trame
dans les sous-sols de “L’Escale” », a-t-elle récemment expliqué à
des proches. Son entourage cherche à l’excuser : « Elle n’a
pas beaucoup de temps. L’Assemblée nationale s’arrête en février, elle a sa
circonscription, le conseil régional de PACA, sa fille Olympe… »
Ne pas alimenter la chronique des crispations
La passe d’armes avec Florian Philippot couronne une
exaspération croissante du côté de certains marinistes. Sur le plateau du
« 20 heures » de TF1, mercredi, Marine Le Pen a reconnu « une
petite friction ». MmeMaréchal-Le Pen a annulé sa participation à
l’émission de Jean-Jacques Bourdin, vendredi, sur BFM-TV et RMC, pour ne pas
alimenter la chronique des crispations. Une déclaration supposée de la jeune
femme devant la presse parlementaire, le 23 novembre, dans laquelle elle
aurait décrit le candidat de la droite François Fillon comme le
concurrent « le plus dangereux pour le FN », a suscité
l’ire de ses camarades.
« Qu’elle le
pense, d’accord, c’est un sujet de discussion pour nous tous. Mais ce qui est
frappant, c’est de le dire. Ça traduit un état d’esprit », note un
dirigeant frontiste.
« Marion est dans une démarche opportuniste,
juge un proche de Marine Le Pen. Elle n’est pas complètement en
retrait, mais elle fait entendre sa petite musique. S’il y a un bon résultat à
la clé, elle pourra dire qu’elle en était. Si c’est le contraire, elle
rappellera qu’elle était restée en retrait. » Et de fustiger
une « démarche personnelle, pour se poser en recours un jour ou
l’autre ».
« Petite musique efficace »
Face à la presse parlementaire, Marion Maréchal-Le Pen
a en fait déclaré que « le danger qu’on peut percevoir avec
François Fillon, c’est une nouvelle escroquerie électorale, après celle de
2007 ». Et d’ajouter que le Sarthois jouait une « petite
musique efficace » aux oreilles de la « droite hors
les murs », cette mouvance identitaire portée par Philippe de Villiers
et Eric Zemmour.
C’est en réalité là que se trouve le véritable
problème de la députée, qui compte se représenter aux législatives en
juin 2017. Avec son cocktail de conservatisme, de catholicisme revendiqué
et de libéralisme, l’ancien premier ministre bloque une partie du créneau
politique de la jeune femme. Cette dernière reconnaît volontiers que le FN doit
jouer de sa « dimension sociale » pour le contrer,
et que les marges de manœuvre principales du parti se trouvent parmi les
abstentionnistes. Elle plaidait encore, il y a quelques semaines, pour partir à
la conquête des électeurs « de droite ».
Pour autant, la jeune femme ne démord pas de sa
ligne. « Jouer sur la question identitaire, c’est notre force. Il
faut aller sur des sujets où Fillon n’ira jamais, comme la priorité
nationale », avance-t-elle. Marine Le Pen semble avoir entendu sa
nièce, puisqu’elle a défendu l’idée, jeudi, de barrer l’accès à l’école aux
enfants étrangers en situation irrégulière.
« Nous sommes gaulois. Mettez vingt mecs autour
d’un banquet et ils se tapent dessus avec un poisson », a
récemment assuré la présidente du FN, en petit comité, à propos de la rivalité
qui se joue entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot. En d’autres
occasions, la députée européenne précise aussi qu’elle « pense
très très souvent la même chose » que son bras droit, avec
qui la rencontre a été « humaine et intellectuelle ».
Gare aux poissons.
De la limite de la méthode Coué. Dit et redit depuis des lustres:<< Le fn n'a aucune chance de franchir les portes de l' Elysée>>
RépondreSupprimerAvouez le quand même, pour passer tant de temps sur ce parti, vous flippez pour 2017.
Ouais bof. Plus marrante est la guerre interne au ps. Les propre sur soi qui en coulisse se tachent ou se fâchent.
RépondreSupprimerLes bagarres feneuses se font elles à coup de poissons chypriotes?
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