LE MONDE
Editorial
l'heure du bilan, le dossier France Télévisions apparaîtra, à l'évidence, comme l'un des plus emblématiques du quinquennat de Nicolas Sarkozy et de sa "méthode" de gouvernement. Tout y est : fait du prince, bricolage et copinage.Résumons, pour ceux qui n'auraient pas suivi ce feuilleton. Le 8 janvier 2008, le président de la République surprend tout le monde. Sans prévenir les principaux intéressés, dont le patron de France Télévisions, Patrick de Carolis, il annonce la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. C'est pour leur bien, assure-t-il : plutôt que de lutter à armes inégales avec le privé sur le terrain commercial, elles pourront se consacrer entièrement à la qualité de leurs programmes.
Une commission, présidée par le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, est chargée de ficeler l'affaire. Trois mois plus tard, ses conclusions sont écartées par le chef de l'Etat, qui fixe ses conditions : la suppression de la publicité sera effective après 20 heures dès le 1er janvier 2009 et totale à la fin de 2011. En outre, Nicolas Sarkozy décide qu'à l'avenir les patrons de l'audiovisuel public (France Télévisions et Radio France) seront nommés directement par lui et non plus par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Ce double fait du prince est entériné par une loi du 5 mars 2009.Mais bien des aspects du dossier restent confus. Comment compenser le manque à gagner pour France Télévisions ? L'augmentation de la redevance ayant été écartée par M. Sarkozy, une taxe acrobatique est prévue, dont tout laisse penser qu'elle n'aura pas l'aval de Bruxelles. Que faire de la régie publicitaire de France Télévisions, à terme inutile ? La vendre à qui en veut. C'est avec Stéphane Courbit, associé à Publicis, que Patrick de Carolis est fermement invité à engager une négociation exclusive. Qu'il soit producteur de télévision et que cela risque de créer un conflit d'intérêts( "un problème déontologique", selon le ministre de la culture lui-même) est sans importance : M. Courbit n'est-il pas un ami du chef de l'Etat, soutenu de surcroît par Alain Minc, très écouté à l'Elysée et en affaires avec M. Courbit ?
Les derniers épisodes donnent la mesure du bricolage. Compte tenu de l'état calamiteux des finances publiques, des voix dans la majorité, dont celle de M. Copé, s'interrogent sur l'utilité de supprimer complètement la publicité sur les chaînes publiques. Cela changerait évidemment les paramètres de la cession de la régie publicitaire.
Coup de théâtre le 13 avril : devant tant d'incertitudes, le patron de France Télévisions, contre l'avis des représentants de l'Etat, décide de suspendre sine die la négociation avec M. Courbit. Patrick de Carolis, dont le mandat s'achève en août, sait ses jours comptés. Le nom de son successeur circule déjà avec insistance : c'est un autre "chouchou" du président, Alexandre Bompard, actuel patron d'Europe 1.
Nicolas Sarkozy avait promis une "démocratie irréprochable" et un "Etat impartial". Chacun jugera.
Les derniers épisodes donnent la mesure du bricolage. Compte tenu de l'état calamiteux des finances publiques, des voix dans la majorité, dont celle de M. Copé, s'interrogent sur l'utilité de supprimer complètement la publicité sur les chaînes publiques. Cela changerait évidemment les paramètres de la cession de la régie publicitaire.
Coup de théâtre le 13 avril : devant tant d'incertitudes, le patron de France Télévisions, contre l'avis des représentants de l'Etat, décide de suspendre sine die la négociation avec M. Courbit. Patrick de Carolis, dont le mandat s'achève en août, sait ses jours comptés. Le nom de son successeur circule déjà avec insistance : c'est un autre "chouchou" du président, Alexandre Bompard, actuel patron d'Europe 1.
Nicolas Sarkozy avait promis une "démocratie irréprochable" et un "Etat impartial". Chacun jugera.
Article paru dans l'édition du 15.04.10
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