Analyse
LE MONDE
haque Français fut, est et sera "gaulliste"", disait Charles de Gaulle en 1952. Fut, c'est à voir. En 1940, les Français étaient plutôt pétainites. Est ? Qui dirait le contraire ? Sûrement pas le président Sarkozy qui sera à Londres le 18 juin pour commémorer l'appel lancé ce jour-là par le Général à la "résistance".
Ce soixante-dixième anniversaire est propice aux hommages, sincères ou intéressés. Aux protestations de fidélité sinon à la captation d'héritage. Il coïncide avec le quarantième anniversaire de la disparition du grand homme, le 9 novembre 1970, qui, lui aussi, incite à poser la question : "Qu'est-ce que le gaullisme aujourd'hui ?" Ceux qui se réclament du Général sont légion : archéo-gaullistes, gaulliens, néo-gaullistes... Antigaullistes repentis aussi, souvent les plus éloquents : Régis Debray, Max Gallo, Jean-Pierre Chevènement... Un oeil sur Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin se veut le plus orthodoxe. Le 19 juin, il lance à Paris un "mouvement", un "rassemblement", deux termes tirés de la vulgate gaulliste. Entendre : au-dessus des partis. Habileté ou conviction, l'ex-premier ministre pousse loin le mimétisme. Il entend "dépasser les divisions habituelles entre la gauche et la droite", quand de Gaulle disait : "Ce n'est pas la gauche, la France, ce n'est pas la droite..."
Le gaullisme de parti a rendu l'âme en 2002 lorsque l'UMP, voulue par Jacques Chirac et... Dominique de Villepin, a succédé au RPR. Rejointe par des centristes et des libéraux, la nouvelle Union - un grand parti de droite - officialisait une réalité devenue indéniable : le gaullisme comme doctrine n'était plus un repère.
Aux marges de l'UMP ou en dehors d'elle subsiste ce qu'il en reste, Le Chêne par exemple, une association que préside Michèle Alliot-Marie, ci-devant présidente du RPR, aujourd'hui garde des sceaux ; gardienne, au sein de cette petite structure de "gaullistes du renouveau", d'une flamme vacillante.
Comme Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie croit à l'actualité du gaullisme. Pour d'autres, il est un simple ornement, une référence obligée. Et pour la plupart une nostalgie. Bien en peine de répondre à la question : "Qu'est-ce qu'être gaulliste aujourd'hui ?", ils s'en tirent avec des formules passe-partout. Alain Juppé, maire (UMP) de Bordeaux, dans Le Monde du 12 avril : "Mon gaullisme à moi, c'est une pensée politique qui allie patriotisme et humanisme." François Fillon, premier ministre, dans Le Journal du dimanche du 27 mars: "Le gaullisme est une éthique, ce n'est pas un programme clé en main pour répondre à la crise que rencontre le pays aujourd'hui." Une éthique, un patriotisme mêlé d'humanisme... Tout le monde, à ce compte, aujourd'hui est gaulliste, autrement dit personne.
Vu de droite, et parfois de gauche, le gaullisme ressemble à une boîte à outils où les élus puisent pour enrubanner leurs propos, se mettre sous la protection de, se prévaloir du lignage. Personne n'est dupe mais comme de Gaulle est le dernier de nos grands hommes, il sert à tout. "Le gaullisme, pour moi, déclarait Nicolas Sarkozy en octobre 2008, c'est la rupture. Le Général n'a cessé toute sa vie de rompre..."
Le mythe est malléable, le président de la République le sait, il en a usé et parfois abusé. Il l'invoque aujourd'hui pour justifier la "rupture" tant attendue comme Dominique de Villepin pour en appeler au "sursaut".
Quand ils n'instrumentalisent pas l'homme du 18-Juin, les politiques concèdent que le gaullisme appartient au passé. Nicolas Sarkozy à Colombey-les-Deux-Eglises, là où est inhumé le héros, en octobre 2008 : "Au fond, le gaullisme est une histoire qui a commencé avec le général de Gaulle et s'est achevée avec lui." Dans Laissons de Gaulle en paix ! (Fayard, 2006), l'ancien premier ministre Edouard Balladur n'avait pas dit autre chose : le gaullisme est mort avec le Général en 1970.
Quarante ans ont passé qui ont métamorphosé la France. De Gaulle ne la reconnaîtrait plus. Ni son verbe ni sa Weltanschauung, sa métaphysique du monde, n'auraient prise sur celui qu'il appelait son "cher et vieux pays". Sacrilège : l'euro a remplacé le franc. A l'exaltation de la nation version Jeanne d'Arc a succédé un débat sur l'identité nationale version Barrès. Le secteur public, bras armé du Plan, n'a plus d'influence sur l'économie. La France a réintégré pleinement l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Aux deux "blocs", l'américain et le soviétique, s'est substitué un monde multipolaire façonné par la mondialisation des échanges. L'argent, partout, est roi. Là, de Gaulle ne serait pas surpris : "Mon seul adversaire, celui de la France, n'a jamais cessé d'être l'argent."
Ceux qui continuent à se disputer la vraie croix de Lorraine sont des nains comparés à ce géant. Peut-être se rappellent-ils ce que disait de Gaulle avant qu'il ne devienne de Gaulle, en 1932, dans Le Fil de l'épée (Berger-Levrault) : "L'action, ce sont les hommes au milieu des circonstances." Les circonstances changent. Les hommes se hissent ou non à leur hauteur. C'est cela être gaulliste aujourd'hui. On est curieux de savoir ce qu'en dira le chef de l'Etat le 18 juin à Londres, lui qui affirmait avant son élection : "Le gaullisme ne se commémore pas, il se vit !"
Le gaullisme de parti a rendu l'âme en 2002 lorsque l'UMP, voulue par Jacques Chirac et... Dominique de Villepin, a succédé au RPR. Rejointe par des centristes et des libéraux, la nouvelle Union - un grand parti de droite - officialisait une réalité devenue indéniable : le gaullisme comme doctrine n'était plus un repère.
Aux marges de l'UMP ou en dehors d'elle subsiste ce qu'il en reste, Le Chêne par exemple, une association que préside Michèle Alliot-Marie, ci-devant présidente du RPR, aujourd'hui garde des sceaux ; gardienne, au sein de cette petite structure de "gaullistes du renouveau", d'une flamme vacillante.
Comme Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie croit à l'actualité du gaullisme. Pour d'autres, il est un simple ornement, une référence obligée. Et pour la plupart une nostalgie. Bien en peine de répondre à la question : "Qu'est-ce qu'être gaulliste aujourd'hui ?", ils s'en tirent avec des formules passe-partout. Alain Juppé, maire (UMP) de Bordeaux, dans Le Monde du 12 avril : "Mon gaullisme à moi, c'est une pensée politique qui allie patriotisme et humanisme." François Fillon, premier ministre, dans Le Journal du dimanche du 27 mars: "Le gaullisme est une éthique, ce n'est pas un programme clé en main pour répondre à la crise que rencontre le pays aujourd'hui." Une éthique, un patriotisme mêlé d'humanisme... Tout le monde, à ce compte, aujourd'hui est gaulliste, autrement dit personne.
Vu de droite, et parfois de gauche, le gaullisme ressemble à une boîte à outils où les élus puisent pour enrubanner leurs propos, se mettre sous la protection de, se prévaloir du lignage. Personne n'est dupe mais comme de Gaulle est le dernier de nos grands hommes, il sert à tout. "Le gaullisme, pour moi, déclarait Nicolas Sarkozy en octobre 2008, c'est la rupture. Le Général n'a cessé toute sa vie de rompre..."
Le mythe est malléable, le président de la République le sait, il en a usé et parfois abusé. Il l'invoque aujourd'hui pour justifier la "rupture" tant attendue comme Dominique de Villepin pour en appeler au "sursaut".
Quand ils n'instrumentalisent pas l'homme du 18-Juin, les politiques concèdent que le gaullisme appartient au passé. Nicolas Sarkozy à Colombey-les-Deux-Eglises, là où est inhumé le héros, en octobre 2008 : "Au fond, le gaullisme est une histoire qui a commencé avec le général de Gaulle et s'est achevée avec lui." Dans Laissons de Gaulle en paix ! (Fayard, 2006), l'ancien premier ministre Edouard Balladur n'avait pas dit autre chose : le gaullisme est mort avec le Général en 1970.
Quarante ans ont passé qui ont métamorphosé la France. De Gaulle ne la reconnaîtrait plus. Ni son verbe ni sa Weltanschauung, sa métaphysique du monde, n'auraient prise sur celui qu'il appelait son "cher et vieux pays". Sacrilège : l'euro a remplacé le franc. A l'exaltation de la nation version Jeanne d'Arc a succédé un débat sur l'identité nationale version Barrès. Le secteur public, bras armé du Plan, n'a plus d'influence sur l'économie. La France a réintégré pleinement l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Aux deux "blocs", l'américain et le soviétique, s'est substitué un monde multipolaire façonné par la mondialisation des échanges. L'argent, partout, est roi. Là, de Gaulle ne serait pas surpris : "Mon seul adversaire, celui de la France, n'a jamais cessé d'être l'argent."
Ceux qui continuent à se disputer la vraie croix de Lorraine sont des nains comparés à ce géant. Peut-être se rappellent-ils ce que disait de Gaulle avant qu'il ne devienne de Gaulle, en 1932, dans Le Fil de l'épée (Berger-Levrault) : "L'action, ce sont les hommes au milieu des circonstances." Les circonstances changent. Les hommes se hissent ou non à leur hauteur. C'est cela être gaulliste aujourd'hui. On est curieux de savoir ce qu'en dira le chef de l'Etat le 18 juin à Londres, lui qui affirmait avant son élection : "Le gaullisme ne se commémore pas, il se vit !"
Bertrand Le Gendre (Editorialiste)
Article paru dans l'édition du 17.06.10
Mes propos ne sont que réactifs à ton article.
RépondreSupprimerSi, la grâce présidentielle ,du fasciste Touvier en 1973 passa inaperçue dans notre cité, il n'en demeure pas moins que Jacques Chaban Delmas la choisit pour y tenir meeting (campagne présidentielle de 1974).
Gaullisme de résistance et gaullisme négationniste ont créé du fneu.
Pôvre ,oui,j'ai dit pauvre mon Général(je parlais de ceux qui osent se revendiquer de l'héritage du CNR).
Je vous invite à donner vos avis sur les droites à Hénin-Beaumont
et, vous promets un commentaire "explosif" d'ici peu.
Jean-Eric
Je ne suis pas expert en gaullisme, mais le peu que je sache:
RépondreSupprimer1- comme l'exprime l'article, le gaullisme à la de Gaulle sans de Gaulle ne peut plus exister. Car le personnage a su "doser" qualités et défauts: nationaliste, mais sans les excès des nationalistes d'aujourd'hui (et c'est en cela, J-E, tu as raison, qu'une mauvaise interprétation peut influencer l'extrême-droite), autoritaire, mais pas fachiste (tiens, tiens), sincère et honnête, malgré un discours trop gaullien (en cela Pasqua n'a rien de gaulliste)etc...Je pense que de Gaulle, ces 70 dernières années, a incarné (avec Mendes et peut-être Blum)la "vertu" au sens latin de virtus: le courage, mais aussi l'honnêteté, le mérite...: j'y reviendrai un de ces jours...
2- de même d'autres avancées progressistes, mises en œuvre par lui (et c'est tout son mérite) sont l'application du programme du Conseil national de la Résistance: nationalisations, vote des femmes, SS...ce n'est pas du gaullisme, c'est l'oeuvre de la résistance.
C'est vrai que le gaullisme n'existe pas, mais la valeur d'exemplarité de l'homme est indéniable: son refus de la collaboration (appel du 18/6), sa vision de l'avenir de la France (la place de la France, mais aussi du fonctionnement obsolète des institutions, sa propre remise en cause sur la politique colonialiste, etc). Si de Gaulle n'avait pas été ...de Gaulle, la France serait devenue une dictature!
3- Tout cela ne doit pas occulter les points faibles de l'Homme (qui n'en a pas?): sa vision étriquée de l'Europe, son absence de remise en cause de la libéralisation économique, son mépris de la démocratie (article 16, négation du rôle du Parlement et des forces vives...)et sa propension au culte du chef ...
Oui, de Gaulle fut un grand homme, dont je conçois aujourd'hui, dans l'ambiance de dépravation généralisée, pas seulement politique, qu'il représente un élément de référence. Mais pas une politique, puisqu'il n'en eût point, sauf celle de se référer à ses principes (ce qui n'est déjà pas si mal...).
J'ai découvert la politique grâce à de Gaulle! A 16 ans, mon souci d'équité et de justice me fit me battre contre l'article 16 (pouvoirs exceptionnels), l'article 34 (dans une certaine mesure, l'exécutif peut légiférer!), l'élection du Président au suffrage universel détruisant l'équilibre des pouvoirs). Mais ceci est une autre histoire sans commune mesure avec l'œuvre du Général.
Et c'est pour toutes ces raisons que, sans l'approuver, je regarde l'émergence de Villepin avec intérêt. Il pourrait incarner ...le villepinisme, avec des valeurs gaulliennes...Et cela pourrait tenter beaucoup de Français au détriment du coquin actuellement en place!
http://www.pourheninbeaumont.fr/?p=754
RépondreSupprimerTANGUY VOUS MENT DS SON BLOG SUCCES DE LA MANIF ALORS MOINS NOMBREUX QUE OCTOBRE 2003 IMCOMPETENCE MENSONGE EN 2014 BARRONS LUI LE CHEMIN
RépondreSupprimerdouble info de derniere minute:
RépondreSupprimer-facon aurait demande a Mr "delancienhameau" de lui preparer la prochaine section socialiste d henin
-notre exile des vosges aurait demande a Mr "degonfle" de regrouper tous les anciens fideles!
monsieur ALPERN:
1)qui se ressemble s assemble,non?
2)au secours Mr alpern ne nous abandonnait pas!!