Au secours, je suis devenu sarkozyste!

Vous ne me croirez pas! Je m'éveille ce matin, je m'étire et pense à tout ce que j'ai à faire dans la journée...Soudain, grand fracas, ma porte enfoncée et... qui débarque dans ma chambre? Lui, celui que je maudis depuis 7 ans, celui que Newsweek, le grand magazine étatsunien vient de mettre en page de couverture, comme "symbole de l'extrême-droite en Europe". Lui dans ma chambre, "le Président qui rétrécit", selon The Economist! "Non, mais vous vous croyez tout permis". "Vous me paierez la porte!", m'entendis-je dire, stupéfait de ce réveil tonitruant...Et, lui, de rigoler, satisfait, goguenard: si je n'étais non-violent, je te lui en collerai une! "Bon, habille-toi et sers-moi un café", tonna-t-il! "Certainement pas, je ne suis pas aux ordres" et d'abord on n'a pas été élevé ensemble avec les cochons, donc on ne se tutoie pas" m'entendis-je, une nouvelle fois, dire, époustouflé par ma propre audace! "Deuxio, je bois du thé, le matin..."Cela semble le calmer, car il s'assied (sur mon lit!), son rictus insupportable s'atténue et il m'annonçe qu'il a besoin d'un responsable UMP sur le territoire et que je semble tout désigné. Insensible à ce compliment hypocrite, je hausse les épaules, en me demandant comment me débarasser de l'intrus, fut-il Président de la République!. Prit-il cela pour un accord tacite, toujours est-il qu'il sortit un papier dont il égrena des chiffres supposés être des objectifs: prendre la circonscription en 2012, la mairie d'Hénin en 2014...J'éclatais de rire, devant tant de suffisance: "mais rien dans votre politique ne me va! Vous protégez les riches et Marion Le Pen, vous déshabillez les services publics, vous méprisez la démocratie, vous êtes la risée du monde entier, vous êtes un grossier personnage, omnipotent, fossoyeur des libertés et vous me proposez de vous représenter!". Je compris à son air pensif qu'il s'attendait à cette volée de bois vert et tout de go, il m'annonça qu'il avait décidé de changer et qu'il souhaitait me prendre comme conseiller: "je t'écouterai  car je veux devenir un homme de gauche!". J'eus bien l'idée de me pincer pour voir si tout était réel, mais à l'instant même apparut... Carla. Son air languissant et sa parole douce me troublèrent, je dois l'avouer et je bredouillais un "bonjour" ridicule, au moment où elle vint s'asseoir près de moi, sur le lit. Je n'en revenais pas: elle me prit la main et de sa voix doucereuse, elle me chuchota, au creux de l'oreille: "c'est vrai, Nico a changé...il m'a écouté et je l'ai converti: il est devenu un vrai homme de gauche, soucieux de justice sociale et fiscale, il désire se consacrer au bonheur des Français. Pour prouver sa bonne volonté, il annoncera demain 3 décisions qui devraient te plaire: il confirmera les 35 heures et la retraite à 60 ans avec 37,5 ans de cotisations, il supprime le bouclier fiscal et il annule le texte sécuritaire de Besson et, en plus, il vire ce dernier..." Mettez-vous à ma place: un Président haï, mais désireux de changer, plus Carla, cette dévoreuse d'hommes, assise à portée de main, avec un sourire enjôleur qui vaut tous les cachets de Viagra au monde, me suppliant de les rejoindre! "Signe ce communiqué et demain Xavier Bertrand, le patron de l'UMP, lui-même, vient t'adouber devant toute la presse nationale..." Je tente de rassembler mes esprits, Carla me dépose un baiser sur la joue, entrevoyant mon accord imminent...je ne sais plus quoi faire, à qui demander conseil...Gros effort de ma part pour demander quelques minutes de réflexion...Sonnerie: le facteur...Sauvé! Mince, je rêvais, je m'en doutais, j'aurais dû me pincer...