Modèle tunisien et fantasme français

J'ai trouvé cette lettre de lecteur dans Le Monde du 17/2/2011 Des choses simples: - nous n'avons pas été capables, lors des manifestations sur les retraites, de faire reculer le pouvoir comme les Tunisiens ont su le faire; - l'influence des puissances financières est telle que les partis ne changeront rien; - seule une société civile organisée peut faire avancer les choses. Ils sont nombreux, ceux qui, en regard des événements en Tunisie, sont devenus révolutionnaires par procuration. Si l'on ne peut qu'admirer le soulèvement non violent du peuple tunisien qui, en quelques jours, a réussi à se débarrasser d'un dirigeant qui l'oppressait, il n'est pas de mise d'en faire un symbole adaptable à notre pays. On a trop vite qualifié ce mouvement de révolution, il reste pour cela à construire un projet de société alternatif, démocratique et solidaire. Chez nous, les milieux contestataires peuvent, en comparaison, mesurer leur impuissance à mettre en difficulté un pouvoir qui détruit notre modèle social, creuse les inégalités et étend la pauvreté et l'exclusion: à quoi les manifestations de cet automne, qui ont mobilisé de 2 à 3 millions de personnes, ont-elles abouti ? La France, comme la Tunisie, doit se doter d'un projet de société dans laquelle chacun peut disposer des droits nécessaires à la dignité et au bonheur. Le formidable écho qu'a rencontré l'appel de Stéphane Hessel Indignez-vous ! témoigne de l'attente fervente de l'avènement d'une société du bien-vivre ensemble. En reportant aux consultations électorales de 2012 l'opportunité d'être entendues, les organisations syndicales chargent les partis politiques de renverser par les urnes la majorité actuelle. On peut douter aujourd'hui que ceux-ci soient en mesure de prendre en charge le problème qui est la source de nos maux : l'emprise des puissances financières sur la souveraineté des États ; on ne résout pas les problèmes avec les idées qui les ont créées. Il reste donc à la société civile une année pour préparer non seulement une alternance mais une alternative. Cela passe par le rassemblement des organisations des mouvements sociaux et écologiques qui esquissent sur le terrain un nouveau modèle de société. Car il ne suffit pas de manifester : résister, c'est créer. J-L B. Peillonnex (Haute-Savoie)