Éditorial Le Monde 31/5/2011
Les émissions mondiales de CO2 ont atteint leur plus haut niveau historique en 2010. Elles exposent la planète à un risque de réchauffement incontrôlé. L'alerte donnée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), lundi 30 mai, mérite d'être entendue.
Alors qu'une partie du globe, de la France à la Chine, subit un exceptionnel épisode de sécheresse, un phénomène qui pourrait devenir de plus en plus fréquent selon les experts, le climat semble n'avoir jamais été aussi absent des préoccupations.
Les plus riches de la planète, réunis à Deauville les 26 et 27 mai pour un nouveau G8, ont effleuré le sujet - pour confirmer leur refus de s'engager dans un accord contraignant.
Tout plaide, pourtant, pour que le climat reste au centre des priorités de la communauté internationale. Pour commencer, la multiplication des événements météorologiques extrêmes. Les dérèglements annoncés par les climatologues se vérifient chaque jour un peu plus, infligeant à l'économie mondiale des pertes considérables.
Les interrogations sur le nucléaire après la catastrophe de Fukushima obligent, ensuite, à repenser notre avenir énergétique. L'Allemagne, qui vient de décider de sortir de l'atome dès 2022, se transforme en laboratoire. Le remplacement du nucléaire, faible émetteur de CO2, se fera-t-il par des énergies renouvelables ou bien du gaz et du charbon, au risque, dans cette dernière hypothèse, de troquer le risque nucléaire par le péril climatique ?
Enfin, la flambée du cours du pétrole, qui rend un peu plus compétitives les énergies renouvelables, devrait inciter les États à subventionner davantage les technologies " vertes ", et non les énergies fossiles.
Pour avoir une chance de maintenir le réchauffement sous la limite de 2°C d'ici à la fin du siècle, les émissions de CO2 doivent non seulement cesser d'augmenter, mais commencer à baisser dès 2015.
Cet objectif nécessite des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Il est peu probable que les gouvernements prennent ce chemin en l'absence d'un accord international ambitieux.
Or, pour l'instant, les engagements de réduction des émissions de CO2 ne représentent que 60 % de l'effort nécessaire. Nombreux sont les pays en développement à attendre que l'Europe, historiquement en pointe sur la question du climat, continue à jouer un rôle moteur. L’Union européenne s'est déjà engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d'ici à 2020 par rapport au niveau de 1990. Faut-il aller plus loin : aller à 30 %, au risque de faire cavalier seul ?
Sept pays européens sont pour ; la France tergiverse. Le Conseil européen des ministres de l'environnement, le 21 juin, donnera aux Vingt-Sept une chance de remettre le climat au premier plan. Ce serait une bonne chose.
Mais, sans l'engagement des Etats-Unis, de la Chine et de l'Inde, principaux émetteurs de la planète, les émissions de CO2 continueront de s'envoler.
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