Première prise de contact, le 26 février 2009, entre Gérard Dalongeville et José Lefrère, par l'intermédiaire du sulfureux L dans un restaurant de Lesquin.
«L. s'est lancé dans une longue présentation de dossiers complexes de terrains. Dalongeville écoutait alors très attentivement sans dire grand-chose pour autant...» Lefrère en profite pour évoquer un autre projet immobilier qui, en ce qui le concerne, lui tient à coeur. Cette affaire concerne des terrains, dont certains appartiennent à la famille de la compagne de Lefrère, situés à 35 km d'Agadir. Le Béthunois est alors à la recherche d'associés pour monter une société gérant la vente de 213 hectares de terrains avec une rétribution financière en fonction de l'apport et des ventes. Avec un apport de 50 000 €, José Leterme promet alors à ses associés potentiels de bénéficier de 10 % des ventes de terrains «qui peuvent s'élever à plusieurs millions d'euros».
Une affaire qui semble alors intéresser L, mais aussi Gérard Dalongeville. Quant à Guy Mollet, il avait déjà préalablement fait savoir qu'il fallait trouver de l'argent pour s'associer sur cette bonne affaire.
Au sortir du repas, Gérard Dalongeville qui n'avait pas été très loquace, rompt le silence. Et, à propos des affaires héninoises, il glisse au chef d'entreprise béthunois une phrase sibylline: «L. sait! Et s'il dit, c'est qu'il connaît!» Une manière de faire comprendre à son interlocuteur son intérêt à s'impliquer dans les affaires immobilières héninoises. «Moi je lui dis simplement que je n'ai pas personnellement d'argent mais que je peux lui amener des investisseurs!» Le maire d'Hénin-Beaumont, pris d'empathie pour ce potentiel partenaire en affaires, lui fait alors une proposition surprenante. Le lendemain, il est convoqué dans le bureau d'un juge d'instruction, à Béthune, pour une affaire de diffamation l'opposant à Daniel Duquenne. Une péripétie judiciaire qui, visiblement, le mine. Et surtout le fait qu'il puisse être attendu là-bas par quelques vilains journalistes prêts à immortaliser ce rendez-vous judiciaire à un moment où il pressent que la Justice est sur le point de le rattraper. Pourrait-il, lui qui connaît sur le bout des ongles le moindre couloir du Palais de Justice (la rumeur colporte déjà que José Lefrère est très ami avec un juge béthunois) s'assurer qu'aucun journaliste n'est prêt à la coincer jusqu'au bureau du juge Delmas?
«Il m'énervait avec ses textos!»
Lefrère se dit prêt à rendre ce service et, en échange, Dalongeville lui glisse alors son numéro de portable avec une recommandation majeure: ne jamais l'appeler, tous les contacts téléphoniques ne devant se faire que par SMS. «Avec lui, ce sera donc toujours texto sur texto et à la fin bon sang ce qu'il m'énervait avec ses textos!» Mais nous n'en sommes pas encore là et, le lendemain, pendant que Dalongeville se planque dans sa voiture avec son avocat, Lefrère se dirige jusqu'au bureau du juge et, constatant que personne n'attend le maire d'Hénin-Beaumont, lui indique que la voie est libre. «Je l'ai emmené jusqu'à la secrétaire du juge Delmas et, une heure après, il est sorti tout heureux. Il me dit alors que l'affaire est classée sans suite et que je lui ai porté chance!» Tout à sa joie, le maire d'Hénin invite son nouvel ami à boire dans un café de la rue des Martyrs, scellant ainsi de bonnes relations naissantes.
Lorsque les hommes se séparent, L. prend Lefrère à part et lui lance froidement: «Dalongeville me mange dans la main. Tu vas voir, on va faire de bonnes affaires ensemble!»
PASCAL WALLART
A suivre
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