N'attendez pas des solutions aux problèmes économiques si vous lisez la suite. Je me console de mon impuissance à en imaginer, en constatant que les experts, dans le monde entier, divergent sur ce qu'il faudrait faire.
J'essayerai de raisonner "France", tout en ne perdant pas de vue que l'économie est mondialisée.
Quid des politiques d'austérité et de rigueur comme la solution pour sortir de la crise?
Le principe de cette position soutenue et mise en pratique dans le monde occidental est simple: il faut diminuer les dépenses publiques et entreprendre des réformes de structure. Pour cela, on diminue les dépenses sociales (santé, retraites), les subventions (collectivités publiques, éducation...), le train de vie de l’État (moins de fonctionnaires, vente du patrimoine immobilier...).
On comprend qu'ainsi on réduit le pouvoir d'achat, en abaissant les revenus et en augmentant le chômage. Bien entendu, on affaiblit ainsi la consommation et les entreprises n'investissent plus. D'où le cercle vicieux: licenciements, chômage accru, moindre rentrées fiscales et...nouveau tour de vis. Il faut donc emprunter pour boucler les fins de mois, à des taux de plus en plus élevés: la dette s'alourdit et...l'on s'enfonce dans une spirale infernale...L'exemple de la Grèce prouve bien que la solution n'est pas dans une telle politique...Instaurer une "règle d'or" dans la zone euro, dans ces conditions, comme le souhaitent A. Merkel et N. Sarkozy, est proprement suicidaire!
Il fut un temps où l'on sortait de cette spirale en laissant faire l'inflation ou en actionnant la planche à billets. Certes, cela réduisait l'endettement rapidement puisque les taux de croissance mangeaient facilement les remboursements des débiteurs. Si ces politiques ont pu avoir quelques succès (France des 30 glorieuses), elle eût aussi ses catastrophes (Allemagne en 1929, Zimbabwe, il n'y a pas longtemps...). Les économistes estiment aujourd'hui que ce remède serait pire que le mal pour la simple raison que les débiteurs sont en majorité étrangers et qu'ils n'apprécieraient pas de telles manœuvres: non seulement un pays procédant ainsi verrait ses importations se tarir, ce qui n'est pas le plus grave, mais ses exportations feraient l'objet d'un embargo de la part des autres pays qui prendraient des mesures pour lutter contre ce dumping (rétorsions, boycott, refus de crédit...). C'est ce que ne comprend pas Marion Le Pen qui voit, dans la sortie de l'euro et la possibilité de provoquer de l'inflation, la panacée. Ce serait trop simple si c'était aussi facile, mais de plus, outre les mesures de rétorsions évoquées, les conséquences sociales seraient dramatiques...
Quelles sont les solutions?
Je n'en ai, bien sûr, pas...Néanmoins, il me semble que les réflexions suivantes devraient entrer en ligne de compte:
- il est de mode aujourd'hui de limiter l'imposition des plus riches puisque, paraît-il, ce sont ceux qui investissent et créent de l'emploi. Certains pays (dont la France) vont même jusqu'à favoriser les plus... favorisés (diminution de l'impôt sur la fortune, limitation de l'impôt sur le revenu, bouclier fiscal, etc). A tel point que les riches se sentent...gênés! On vient de voir que des milliardaires US (dont W. Buffet et B.Gates, 2 des plus riches) réclament de payer plus d'impôts...Le Français Maurice Lévy (patron de Publicis et d'une association des entreprises privées françaises) vient de leur emboîter le pas. Au moins pour ce dernier, il s'agit là d'une sombre manœuvre électorale: ami de Sarkozy, il pérore ainsi tout en demandant une beaucoup plus grande rigueur (dont on a vu, ci-dessus, les effets). Cela rejoint le subterfuge en cours, inspiré par des députés UMP: taxer les hauts revenus (supérieurs à 1 million d'euros annuels, soit 30 000 personnes) d'une contribution exceptionnelle de 1 à 2 % qui rapporterait...300 millions d'euros, une goutte d'eau comparée aux 100 milliards de déficit budgétaire ou aux 1700 milliards d'endettement public! Nul doute qu'une réforme fiscale en France devrait tendre à imposer plus les hautes tranches de revenu (en France, au-delà de 71 000 euros de revenus nets, on ne paye que 41% d'impôts!), revenir sur une grande partie des niches fiscales, sur les abattements en matière de droits de succession et de donation (pas de taxe entre parents et enfants en dessous de 150 000 euros, aujourd'hui!) et augmentation des taux...le principe est bien connu: les classes moyennes, dont la fiscalité augmente, diminuent leur consommation, contrairement aux hauts revenus...
- je vais toucher à un tabou: l'augmentation (temporaire?) de la TVA. 1 point c'est 8 milliards...Les produits de première nécessité bénéficiant d'un taux réduit, on peut imaginer que les plus modestes percevraient une allocation forfaitaire annuelle, compensant l'augmentation des taxes sur les autres produits, ce qui aurait, en outre, l'avantage de favoriser la consommation...
- en matière d'emploi, il est avéré que mettre en place des emplois "verts" procurerait des centaines de milliers de postes (voir en Allemagne, Autriche ou Espagne, par exemple). Malheureusement le souffle du Grenelle de l'environnement est retombé et la façon dont la France joue au yo-yo avec le développement des énergies renouvelables, est un exemple du retard que nous prenons.
Malheureusement, aucune décision ne sera prise en France avant l'été 2012, élections obligent...Et pourtant il y a déjà quelques années que les différentes mesures évoquées auraient pu être mises en place. Seules les politiques de bomber le torse et taper sur la table ont cours...
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