"Pourquoi les filles seraient-elles plus douées pour apprendre à lire et à écrire, tandis que les garçons auraient la bosse des maths et s'orienteraient plus facilement ? Y a-t-il une fatalité à ce que les femmes expriment davantage leurs émotions, soient plus empathiques et prennent moins de risques, alors que les hommes seraient plus ambitieux, plus agressifs, et plus doués pour lire une carte routière ? Hommes et femmes se comportent donc différemment. Mais quelle est la part de l'inné et de l'acquis ?
Démontant les clichés et les stéréotypes, la neuroscientifique Lise Eliot, maître de conférences en neurosciences à l'université Rosalind-Franklin de Chicago (Illinois), publie, le 5 septembre, un livre captivant qui fait le point sur les travaux les plus récents sur la différence des sexes, Cerveau rose, cerveau bleu : les neurones ont-ils un sexe ? (Robert Laffont, 507 p., 22 €).
Pour certains aux Etats-Unis, la théorie de la primauté de l'acquis sur l'inné a fait long feu. "Si vous avez un garçon "normal" - c'est-à-dire pourvu des chromosomes XY et d'un corps et d'un cerveau masculins ayant reçu la testostérone nécessaire -, il est dominé par l'hormone qui l'a fait ce qu'il est", et l'on commence à voir le retour des écoles non-mixtes
D'après Lise Eliot, par contre:" Dans l'ensemble, quoi qu'il en soit, les cerveaux des garçons et des filles sont remarquablement similaires."
Notre cerveau se transforme du fait des apprentissages, des émotions : c'est ce qu'on appelle la plasticité cérébrale.
Exemple du langage: Les filles parlent un peu plus tôt que les garçons. La petite fille de 9 mois comprend environ cinquante mots, alors que le petit garçon possède le même volume de vocabulaire à 10 mois. La plupart des bébés prononcent leurs premiers mots autour de leur premier anniversaire, mais la petite fille a tendance à les prononcer un mois plus tôt. A 2 ans et demi, les filles conservent cette avance. Cette différence se maintient durant toute la période préscolaire.
Mais, si ces variations sont réelles, elles sont pour le moins ténues. "l'écart se creuse petit à petit parce que les deux sexes ne vivent pas les mêmes expériences."
Pour éviter ce fossé, la neuroscientifique conseille aux parents de garçons en âge préscolaire de renforcer leur maîtrise du langage en leur lisant des albums à haute voix, des comptines, en les faisant parler, en identifiant les sons. Ces conseils valent aussi pour les filles.
Opposée aux écoles non mixtes, Lise Eliot préconise d'adapter davantage les classes aux garçons. Ils ont besoin d'avoir la possibilité de se mouvoir à travers la classe et de fréquentes coupures pour se dépenser. Par ailleurs, la maîtrise de soi peut être stimulée par des jeux comme "Jacques a dit" ou "1, 2, 3, soleil".Par ailleurs, estime-t-elle, il faut davantage de maîtres.
Quant aux filles, elles ont besoin d'activités pour exercer leurs aptitudes spatiales : jouer à des jeux "de garçons" (construction, logiciels de jeu, ballon, etc.) et, entre autres, qu'on leur montre l'importance des sciences et des maths dans les carrières les plus rémunératrices.
Commentaires de lecteurs (sur lemonde.fr):
CD: Heureusement que je n’ai pas lu cet article et les commentaires avant d’avoir eu et "élevé" deux filles. Je n’aurais pas su comment m’y prendre et j’aurais eu peur de gâcher leurs talents. L’une était douée en maths et elle est docteur en histoire. L’autre était douée en lettres et elle est informaticienne. C’est fou ce que les rencontres et les contacts à l’adolescence peuvent avoir comme conséquences imprévisibles en déjouant tous les pièges de la prédestination.
AR: "Par ailleurs, estime-t-elle, il faut davantage de maîtres." Eh oui. Voilà pourquoi l'affaire Strauss-Kahn est une tragédie pour notre pays. un gouvernement socialiste, c'était la fin des suppressions de postes dans l'enseignement. DSK président, c'était plus de maîtresses.
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