mardi 25 octobre 2011

"Dans la plupart des Etats arabes, la charia est la source principale du droit"

 

L'interview ci-dessous pose beaucoup de questions, au moment où l'on annonce la victoire du parti islamiste en Tunisie (ce qui ne signifie pas qu'il n'y aura pas de majorité laïque) et au moment où le chef du conseil transitoire (CNT) en Libye fait référence à la Charia comme source du droit:

- un parti confessionnel est-il compatible avec la laïcité des institutions? En Europe, beaucoup de pays  ont ou ont eu des partis chrétiens ("démocrates" souvent): France, Belgique, Allemagne, Italie...

- l'islam modéré turc est-il un modèle (rappelons que la Turquie, avec le Portugal et la France, est un des rares pays dont la constitution fait référence à la laïcité);

- que doivent faire les pays occidentaux qui ont fini par soutenir les révolutions arabes? attendre pour voir quelle sera l'évolution des régimes ou intervenir (militairement ou non)? Il parait difficile d'aller à l'encontre de choix démocratiques que les pays auront manifesté...

 

 

 

Les déclarations, lundi 12 septembre, de Moustapha Abdeljalil, le patron du Conseil national de transition libyen (CNT), selon lequel la charia (loi islamique) sera "la principale source de la législation" dans la nouvelle Libye ont semé un léger trouble au sein des pays de la coalition anti-Kadhafi. A New York, les Nations unies ont notamment pressé le CNT de donner plus de poids à l'égalité entre les sexes dans la future Constitution du pays. Le politologue et islamologue belge Baudouin Dupret, directeur du centre de recherches Jacques Berque, à Rabat, au Maroc, décrypte le poids des références coraniques dans les textes constitutionnels arabes.

 

Faut-il s'inquiéter de la possible mention de la charia dans le projet de constitution libyenne ?
Cette disposition n'est ni surprenante ni originale. Ce n'est pas un coup de tonnerre dans le ciel bleu de la Libye. La plupart des Constitutions arabes, comme celle de l'Egypte, font de la charia la source principale du droit. Même la Syrie, qui se veut laïque, érige le fiqh, la jurisprudence islamique, en source principale de la législation. La Tunisie et le Maroc font exception, mais leur Constitution précise que l'islam est religion d'Etat. Inscrire l'islam dans la Constitution libyenne, c'est une déclaration vertueuse, parfaitement attendue compte du tenu du conservatisme général de cette société, mais qui ne présage en rien du type de lois qui sera adopté.

Tout est affaire d'interprétation par les tribunaux ?

Exactement. On peut aussi bien aller vers l'imposition de peines coraniques - la lapidation des femmes adultères, les mains coupées pour les voleurs - que vers l'application de principes généraux chers à l'islam, comme l'équité, la bienfaisance et la justice. On peut faire une interprétation réductrice de la charia, ou bien opter pour une lecture évolutive, en accord avec les intérêts de la société. Dans les faits, à l'exception de l'Arabie saoudite et du Soudan, où le code pénal est marqué par l'héritage islamique, dans tous les autres pays arabes, l'influence de la charia ne se fait sentir que sur le droit de la famille.

En Egypte, ce travail d'arbitrage revient à la Cour constitutionnelle...

L'article 2 de la Constitution égyptienne dit que les principes de la charia sont la source principale de la législation, mais l'interprétation de la Cour constitutionnelle fait que la charia n'a jamais été une contrainte dans l'adoption des lois. Cette approche est basée sur une distinction entre les principes absolus de la charia, qu'il faut suivre aveuglément, et les principes relatifs, où le Parlement peut faire preuve de souplesse. Or jusque-là, la Cour constitutionnelle égyptienne n'a jamais identifié ces principes absolus. Elle a toujours réussi à botter en touche.

A quels changements constitutionnels faut-il s'attendre en Egypte et en Tunisie ?

En Egypte, une alliance de fait entre l'armée et les Frères musulmans jouera dans un sens conservateur sur le nouveau texte constitutionnel. En Tunisie, une Assemblée constituante sera élue le 23 octobre. Les islamistes du parti Ennahda, la formation qui semble la mieux organisée, se sont engagés à ne pas revenir sur le droit de la famille, qui est l'un des plus équitables du monde arabe. Mais il est possible que la future Constitution fasse une place à la charia, si Ennahda sort des élections en position dominante.
Une précision toutefois : ce n'est pas parce que l'on est islamiste que l'on est un partisan fanatique de la charia. En Turquie, le parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, n'a aucune intention de l'inscrire dans la Constitution.

Que vous inspirent les inquiétudes occidentales vis-à-vis de la future Constitution libyenne ?

Il faut arrêter de vouloir modeler cette société à notre image. Cesser cette forme d'impérialisme intellectuel. Même les démocrates libyens les plus laïcs ne pensent pas opportun que leur future Constitution ignore le poids de la religion dans leur pays. La pratique législative libyenne sera le reflet de son paysage politique, marqué par le tribalisme et le conservatisme. Il y a beaucoup d'inconnus, qui n'incitent pas forcément à l'optimisme.

LEMONDE
Propos recueillis par Benjamin Barthe

6 commentaires:

  1. je viens de regarder sur la 2 " apocalypse hittler "
    j'espere que notre premier adjoint ,gourou de la secte de l'A.R.aussi.
    l'histoire se repete.1933,la haine du juif attisée par un fou sanguinaire l'amene au pouvoir.
    2012,la haine de l'arabe musulman va-t-elle amener au pouvoir l'exteme droite.il y a une faible possibilité.mais quand on voit l'attitude de certains élus à la mairie d'hénin-beaumont ,de courrieres et de la C.A.H.C.,la question reste posée.certains n'ont rien retenu de notre histoire et pietinent le devoir de mémoire.osez dire que le F.N. est un parti comme les autres ,c'est outrager les milliers de mort de la guerre 1939-1945.
    honte à ces pétinistes qui seront coupables et responsables ,en cas de victoire des fachistes aux municipales et aux législatives.
    l'anti-communiste et l'anti socialisme primaire est toujours vivace de nos jours,dans ce parti d'extreme droite.rappelons nous comment ont fini ceux de 1933 en y ajoutant les juifs,les homos,les tziganes,les résistants ,les handicapés.ETC

    RépondreSupprimer
  2. SI SEULEMENT HITLER S ETAIT MIS SERIEUSEMENT A LA PEINTURE.

    RépondreSupprimer
  3. quel rapport entre hithler et le FN ? à cette epoque le fn n existait pas et hithler faisait parti des nationalistes mais SOCIALISTE

    RépondreSupprimer
  4. FN et Hitler: même populisme, démagogie, racisme, nationalisme, etc

    Le mot socialisme accolé au mot national n'a aucune signification. Nombreux se sont déclarés socialistes: à commencer par les républiques "socialistes" d'Europe de l'est et central, Cuba, la Chine...

    Bien sûr, on peut toujours penser que le FN est "un parti comme les autres", afin de le banaliser encore un peu plus...

    RépondreSupprimer
  5. à 9 H 30,
    vous semblez ne pas avoir vu l'émission.vous auriez compris pourquoi il a utilisé le mot national SOCIALISTE .c'était tout simplement pour récupérer les voix des socialistes,largement majoritaire en 1933.
    le subterfuge continue aujourd'hui avec les enfants,les petits enfants ,les neveux,les petits neveux,les cousins ,les petits cousins,des descendants de ces populistes .seul le nom du chef d'orchestre ou du peintre refoulé a changé : M.L.
    comme en 1933,le fond de commerce de la vermine et de la peste brune est la misere,le chomage,la faim,les difficultés financeres de la classe moyenne,l'incapacité des partis politiques à regler les problemes quotidiens des français,les scandales financiers,les scandales séxuels,une justice à la botte du pouvoir en place qui vole de no-lieu en non-lieu ,de classements sans suite en classement sans suite,de magouilles en magouilles,de mensonges en mensonges,de manipulations en manipulations, de promesses non tenues en promesses non tenues,etc..ces apprentis sorciers risquent de payer très cher leurs turpitudes et leurs exactions.

    RépondreSupprimer
  6. A 15h47 .
    Tous les extrêmes sont dangereux, qu'ils soient de droite ou de gauche. Staline et consorts n'ont rien à envier à Hitler.. Eux aussi ont utilisés le mot socialiste à outrance, au mépris des peuples qu'ils tenaient sous le joug de leurs "républiques" dictatoriales....

    RépondreSupprimer