Après trente ans de règne, Jean-Pierre Kucheida, l'homme de fer de Liévin, vacille
Jean-Pierre Kucheida, député du Pas-de-Calais depuis 1981, pourrait ne pas être réinvesti par le PS dans sa circonscription.
Au premier regard, on ne voit que François Mitterrand. Emacié, les pommettes pâles, le cheveu rare. La fresque au réalisme si socialiste édifié dans la mairie de Liévin rend hommage à la dernière visite de l'ex-président au Pas-de-Calais, en 1994, quelques mois avant sa mort. A sa droite, on remarque ensuite un homme plus rond, plus rose, à la barbe blonde et nourrie. Jean-Pierre Kucheida himself figure en costume-cravate sur le bas-relief qui orne un des murs du salon de la mairie de Liévin, comme un disciple de la dernière Cène. " Je lui avais dit que je n'étais pas très favorable à cette idée, mais il y tenait... ", sourit Daniel Percheron - son aîné, ami et mentor.
C'était en marge du dernier congrès du PS de François Mitterrand. Les temps heureux de la gauche technicolor, celle des symboles, des grands hommes. Le chef de l'Etat avait rendu hommage aux 43 mineurs disparus trente ans plus tôt dans la fosse 3 bis. Puis Jean-Pierre Kucheida avait reçu à déjeuner le chef de l'Etat chez lui. " Toi, Lionel, ici ; Laurent, là ; Pierre, à côté... " : Mitterrand, pourtant à bout de forces, dressait le plan de table, se souvient Kucheida. Marc Meurin, alors jeune chef à Béthune, était venu préparer le repas. " C'est mon cousin ", raconte Kucheida.
Un cousin dont le nom vient d'apparaître au milieu des 47 000 euros de notes de frais non justifiées et mises en ligne sur le blog d'un ancien socialiste du coin. La Carte bleue professionnelle a servi à payer les additions de La Rascasse, meilleure table de Saint-Florent, en Haute-Corse, de Marc Veyrat, en Savoie, où les Kucheida ont un chalet, mais aussi du nouveau trois étoiles (AA: non! il est resté 2 étoiles) de Meurin, à Busnes, non loin de Béthune.
" C'est comme pour l'huissier dans l'affaire d'Outreau. On est salis et on peut rien faire ", soupire le sénateur Daniel Percheron, président de la région Nord - Pas-de-Calais - l'un des hommes les plus puissants et les plus méconnus du PS. Dans un département où une veuve de mineur vit souvent avec moins de 700 euros mensuels, ces dépenses, que Kucheida a fini par reconnaître et commencé de rembourser, ont fait mauvais effet. A nouveau, Liévin, qui a réélu son maire en 2008 avec 75 % des voix, a fait front. Mais, pour la première fois depuis 1981, à 69 ans, l'homme de fer de Liévin, qui détient le record français du nombre de cartes roses par habitant, n'est pas réinvesti dans sa circonscription, momentanément " gelée " par la direction du PS.
Tous les dix ans environ, la " fédé " socialiste du Pas-de-Calais est pointée du doigt. Trafic de cartes à 50 francs dans une grosse section, " affaire de l'Orcep ", l'office régional de la culture, qui, en 1991, fait tomber de nombreux élus pour abus de biens sociaux et emplois fictifs... Cette fois, c'est par un socialiste, Gérard Dalongeville, ex-maire d'Hénin-Beaumont, que le scandale arrive. Lui-même mis en examen en 2009 dans une affaire de fausses factures, il a fini par écrire de sa prison au juge, et ses lettres sont à l'origine de l'une des quatre enquêtes préliminaires ouvertes à Lille. Le " repenti " s'est choisi une cible : Jean-Pierre Kucheida, qu'il dénonce à chaque page de Rose Mafia (Jacob-Duvernet), un livre qui s'arrache depuis trois semaines dans tout le bassin minier.
" Une pure fiction ", pour les camarades du PS 62. " Un torchon qui ne sort jamais du caniveau ", selon Kucheida. Mais en pleine campagne présidentielle, alors que Marine le Pen s'impose d'abord dans les villes socialistes empêtrées dans les " affaires ", telles Hénin-Beaumont, l'histoire prend un tour particulier. L'entre-soi rose mis en place depuis les années 1970, quand Percheron et Kucheida ont réussi à damner le pion aux communistes - leurs principaux adversaires dans le basin minier -, s'ébranle.
Voilà quarante ans qu'à eux deux - le passage de témoin a eu lieu en 1997 - " Perche " et " Kuche ", comme on les appelle, tiennent la plus puissante " fédé " rose de France : elle regroupe, à elle seule, 7 à 8 % des militants socialistes. En 1973, les deux " conjurés " de l'Union de la gauche avaient eu la peau de Guy Mollet, maire d'Arras et patron de la SFIO. Pas n'importe qui. On trouve encore, aujourd'hui, dans le Pas-de-Calais, des Guy Mollet bien vivants - comme l'éditeur du gratuit Le Journal du pays, mis en examen avec M. Dalongeville. Mémoire ou trophée ? Le portrait du vrai Guy Mollet, fine moustache et larges lunettes, trône toujours au pied de l'estrade en feutrine pourpre du local d'Arras, " Les faucons rouges ". Le nom donné à ces enfants des corons envoyés en colo socialiste dans le Jura par des parents soucieux qu'ils emplissent leurs poumons de l'air pur des montagnes.
Elevé cité des garennes, à Liévin, dans une maison de " quatre pièces avec deux familles comme c'était la règle dans le bassin minier ", Kucheida est de ceux-là. " Quand mon père retirait sa chemise, il avait la peau zébrée de lignes bleues, raconte le maire de Liévin. C'étaient des cicatrices dans lesquelles s'était nichée de la poussière de charbon, celle que de toute sa vie on n'arrive jamais à retirer ". Comme tant d'autres élus du coin, ce prof de géo connaît du bout des doigts toute l'histoire du bassin minier. Et comme son maître Percheron, passionné par les Etats-Unis et les nouvelles technologies, il s'est toujours acharné à expliquer avec lucidité - contre la doxa communiste - que l'avenir de l'homme dépassait la mine. Au-delà des terrils, il fallait voir la voiture, le textile, les routes...
" J'ai essayé de faire de ma ville une ville normale. J'ai horreur de ce mot mais je n'en trouve pas d'autre ", dit Kucheida. Quand en 1990 ferment les toutes-puissantes Houillères, qui contrôlaient depuis la guerre logements, salles de spectacle et stades, Jean-Pierre Kucheida se bat pour que les 80 000 maisons de mineurs en briques rouges deviennent des logements publics sociaux gérés par les élus eux-mêmes. A la tête de l'agglomération de Lens-Liévin, (36 communes, 250 000 habitants), il se transforme en super-agent immobilier. Le président de la Soginorpa - la société immobilière chargée de gérer ce patrimoine - récupère les programmes de réhabilitation de l'habitat minier, aménage, fixe les loyers, négocie avec les entreprises de BTP... " Un pouvoir incroyable, mais dangereux ", analyse un élu lillois. Et qui, à 69 ans, après une vie de labeur passée à régner de l'aube à la nuit sur une ville, une fédé, un bassin, peut sans doute tourner la tête.
Ariane Chemin.
© Le Monde
16 mars 2012
Coget a raison, bouquillon exagere a ainsi penser a renvoyer les heninois aux Urnes. Elle ne va pas avoir le temps de cimenter les tetes de pont. Il faut dire qu'avec potentiellement 20 voix (Piret en a fait 40 mais lui au moins il dit bonjour) elle va avoir du mal
RépondreSupprimerIl y a jo l'embrouille
RépondreSupprimerIl y a co l'andouille
L'un est adjoint
L'autre n'est rien
L'un fomente
L'autre cimente
L'un est un sacre zig
L'autre adore l'intrigue
L'un tient la pizzeria
L'autre adore la pizza
Ils ne s'aiment pas jo et co
Ils se ressemblent trop
Bouquillon face à Eugene Binaisse ne peut que reculer et rentrer dans le rang, le temps de grouper suffisament....dans combien de temps?
RépondreSupprimerCommentaire non validé de 7H08 sur toujours la même personne. Je pense que moins on écrira sur elle et mieux ce sera...
RépondreSupprimerD'accord avec 21h36
RépondreSupprimerDe plus plaisant à lire !
Monsieur KUCHEIDA reconnaît lui-même tout au moins en partie les faits en lien avec la CB qui lui sont reprochés.(cf article de l'express).
RépondreSupprimerIl va donc rembourser 47000 €.
A 20H16: il en aurait déjà remboursé 1/3...
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