jeudi 5 avril 2012

Ces artistes et intellectuels séduits par le tribun Mélenchon


 Gauche toujours! Blog de Raphaëlle Besse Desmoulières, journaliste au Monde(.fr)

 
04 avril 2012

 
Madame la République, le dernier album de Ridan, distribué lors de la marche du Front de gauche à la Bastille le 18 mars, ne dépareillait pas. La pochette, montrant le chanteur coiffé d’un bonnet phrygien brandissant un drapeau tricolore, était bien dans le ton. Et les paroles de sa chanson, "Ah les salauds !", entonnée sur la scène dressée face à la colonne de Juillet, aussi.

Depuis les coulisses, Jean-Luc Mélenchon a dû savourer le couplet, lui qui se félicite d’avoir mené la bataille contre le FN. "Ah les salauds ! Chante à la gloire de la victoire du Père fouettard/Ah les salauds ! Chante à la gloire de la victoire de la Mère facho/On l’a vu venir même d’un seul œil l'enfant maudit du Père Cyclope…", a lancé Ridan devant un public ravi. Un refrain repris le 2 avril par cet ancien rappeur au Bataclan, où plusieurs artistes sont venus soutenir M. Mélenchon.

"Une certaine noblesse dans le discours"

Musiciens, cinéastes, écrivains, sociologues, humoristes : ils sont nombreux à avoir rendu public leur préférence. Certains sont des soutiens traditionnels des communistes, d’autres non. Mais tous ont été séduits par les qualités tribuniciennes du candidat. Bernard Lavilliers est de ceux-là. "On entend une certaine noblesse dans le discours, il lit des poèmes de Victor Hugo et cite d’autres poètes. Et ça fait du bien", a expliqué lundi le chanteur populaire dans un entretien à L’Humanité.

La sociologue Monique Pinçon-Charlot a, elle, été emballée lors du passage de Jean-Luc Mélenchon à l’émission "Des paroles et des actes", le 12 janvier, sur France 2. "Je buvais du petit-lait", se souvient la coauteure, avec son mari Michel, du Président des riches (La Découverte, 2010). "J’ai été admirative de la qualité de ses réponses et des précisions qu’il a données, dit-elle. Il ne se comporte pas en épicier : il se bat pour des idéaux qu’il illustre avec des chiffres précis. Cela rend ceux qui l’écoutent intelligents." Autre qualité qu’elle lui reconnaît volontiers, celle de la pédagogie. "Il n’est pas dans le temps du zapping, mais dans celui de la transmission. En bon lettré qu’il est, il sait que ce n’est pas par un slogan qu’on va changer les choses."
La forme du Front de gauche, rassemblement de plusieurs partis (Parti de gauche, Parti communiste, Gauche unitaire principalement), séduit également. "Là où on avait une extrême gauche divisée, on a, avec le Front de gauche, un rassemblement crédible, qui n’est pas dans la radicalité pour la radicalité, juge Gérard Mauger, sociologue proche de Pierre Bourdieu et directeur de recherches au CNRS. Ce que Besancenot a raté, Mélenchon est en train de le réussir." Mme Pinçon-Charlot apprécie aussi de pouvoir apporter ses connaissances dans des réunions du Front de gauche sans être encartée. "Avec mon mari, on n’a pas voulu adhérer à un parti, car on voulait garder une distance juste, explique-t-elle. C’était décisif pour nous, car la guerre des petits chefs, on en a par-dessus la tête."

Le smic à 1 700 euros est "un plafond bas"

Ce qui a convaincu le couple de sociologues, c’est le coup de barre à gauche de M.Mélenchon, l’idée de partager les richesses et de combattre finance et capitalisme. "Du point de vue du citoyen, il y a beaucoup de choses qui m’intéressent dans son programme. Du point de vue de l’artiste, il n’y a pas grand-chose", plaisante de son côté Ridan. Pour lui, le smic à 1 700 euros est "un plafond bas, une once de dignité pour vivre et se loger". Quant aux 360 000 euros de revenus annuels au-delà desquels le candidat du Front de gauche "prend tout", ça lui va très bien aussi.

A peine sorti de la scène du Bataclan, le chanteur Sanseverino reprend sa respiration avant de glisser son "envie de gauche". Il est déçu que les artistes ne soient pas venus plus nombreux soutenir M. Mélenchon. Si Didier Porte n'est finalement pas là, dans le public, on croise Guy Bedos. L’humoriste avoue ne pas avoir lu le programme du candidat du Front de gauche, mais affirme "ne pas s’être trompé de boutique". "C’est celui qui parle le plus juste, le plus profond à ceux qui souffrent ces temps-ci, et ils sont nombreux", dit-il.

Pour autant, Guy Bedos assure que son choix n’est pas encore fait pour le 22avril. Pour lui, l’essentiel reste de battre Nicolas Sarkzoy, et il pourrait ne pas se montrer insensible aux sirènes du candidat socialiste, qui propose des choses "très recevables", comme de taxer à 75 % la part de revenu dépassant 1million d’euros par an. "Vous ne me ferez pas dire un mot contre François Hollande", glisse l’humoriste, qui verrait bien "une union de la gauche à l’ancienne".

Les "trahisons répétées" du PS

Le cinéaste Robert Guédiguian, encarté au Parti communiste jusqu’à la fin des années 1970, estime urgent de "revenir à la formulation d’un projet de contre-société". "Mélenchon est l’homme de la situation : il cherche à développer un projet qui est en rupture avec le monde dans lequel on vit. Et ça, ça ne peut venir que de la gauche des socialistes", explique-t-il. En 2007, le réalisateur des Neiges du Kilimandjaro avait souhaité une candidature commune de la gauche de la gauche. En vain. Refusant de glisser un bulletin communiste dans l’urne, il avait donc voté, "avec un réalisme absolu", pour Ségolène Royal dès le premier tour. Cinq ans plus tard, pas question de récidiver. Les propos de M. Hollande, le 29 février, à Londres, cherchant à rassurer la City, lui sont restés en travers de la gorge.

Mme Pinçon-Charlot parle de "trahisons répétées des valeurs de gauche" à propos du tournant de la rigueur, en 1983, ou encore du "oui" du Parti socialiste au référendum sur le traité constitutionnel européen, en 2005. "Comme on l’a analysé dans Le Président des riches, toute une partie du PS a rendu des services énormes à l’oligarchie financière. La classe sur laquelle on travaille depuis vingt ans, ce qui lui importe, c’est de trouver le bon cheval, celui qui va faire le boulot. Peu lui importe la sensibilité politique", dit-elle. Et de citer Dominique Strauss-Kahn, "oligarque avant d’être de gauche", selon elle.

Le sociologue Gérard Mauger n’est pas plus tendre. Pour lui, les socialistes se sont alignés "sur les thèses néolibérales, avec l’alibi de la construction européenne ou de la mondialisation". "Ils ont présenté ça comme une fatalité, obligeant à renoncer aux bases d’une pensée socialiste, estime-t-il. Mélenchon, lui, est dans une tentative réaliste de construction d’une gauche de gauche. Il représente une alternative crédible, tentant de remobiliser l’électorat populaire qui s’est éloigné des urnes."

Quelle que soit leur vision du PS, ces artistes et intellectuels savent qu’ils voteront pour François Hollande au second tour. "Pour le candidat de gauche le mieux placé", précise Mme Pinçon-Charlot. Pour Gérard Miller, l’idée est aussi de peser sur le candidat PS. "Il faut savoir que les socialistes sont comme les enfants en bas âge. Dès qu’on les laisse seuls, ils font des conneries, explique le médiatique psychanalyste. Dès qu’il n’y a plus personne à leur gauche, ils penchent à droite. Alors, au premier tour, pour l’homme de gauche que je suis, le vote utile, ce n’est pas Hollande, mais Mélenchon."

Pour le chanteur Ridan, c’est aussi une question de convictions : "Quand on est de gauche, on doit se positionner avec des rêves de gauche. François Hollande a abandonné trop vite ce terme. Or, une société qui ne rêve plus ne peut pas s’inscrire dans l’avenir."



8 commentaires:

  1. L'utopie, le droit de rêver à un monde meilleur: solidaire, fraternel et laïc, voilà ce que nous propose .MELENCHON. Alors OUI, j'adhère, il me séduit bien plus que son éminence molle Hollande, porté par les BARONS corrompus...

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  2. Comme disait un humoriste connu :" quand le mur de Berlin est tombé, ça ne s'est pas précité vers...l'Est "!

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  3. Je viens de voir Mme Joly sur CANAL. Quelle nullité du discours! Quelle mauvaise foi! Tout ce qui l'intéresse actuellement, c'est qu'Hollande respecté les accords et lui permette de renflouer les caisses de son parti qu'elle à vidédes en raison d'une campagne nullissime. L'écologie méritait mieux que cet épouvantail, certes écolo... Les parrains, ces élus qui désignent les candidats aptes à diriger notre République devraient en rougir de honte, eux qui ont refusé â Madame Corine Lepage le droit de défendre les générations futures.

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  4. Un ancien Directeur de la Clientèle rétrogradé en poste de style "Chargé de Mission" de la Soginorpa aurait attaqué son employeur aux prud'hommes.

    Motif : Harcèlement Moral

    Résultat : Transaction amiable et disparition (payée) aux yeux des salariés jusqu'à sa retraite... sûrement bien méritée...

    2 poids, 2 mesures ?

    Ainsi va la vie dans le joyeux royaume de la Soginorpa...

    Au pays de Candy(dat)...
    Comme dans tous les pays...
    On s'amuse on pleure on rit...
    Il y a des méchants et des gentils..

    J.

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  5. A 20H39

    Vous êtes injuste:
    - Mme JOly a été élue par les militants alors que la majorité des leaders préféraient Hulot...
    - C. Lepage n'a pas voulu participer aux primaires d'EELV parce qu'elle estimait que le parti était trop marqué à gauche...

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  6. Dans le passé Mélenchon a cautionné l 'invasion du tibet par la chine. Alors c'est Mélenon

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  7. dernier nouvelle mélanchon n est plus le troisiéme homme

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  8. Centrale nucléaire en Seine - Maritime: un accident sérieux,dixit Greenpeace! Que disent le couple Joly-Hollande sur ce problème de sécurite? Rien... sinon élisez nous... Bon peuple, remplissez nos caisses...

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