Conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon

A 13H, dans une salle du Colysée archicomble, plus de 80 journalistes et photographes auxquels s'étaient mêlés beaucoup de militants et sympathisants venus du Nord et du Pas-de-Calais, ont assisté au discours d'officialisation de sa candidature par JL Mélenchon. Hervé Poly l'avait précédé par des paroles de bienvenue et de rappel de la naissance de ce Front de gauche, qui a réussi plus de 11%, le 22 avril dernier.

Le nouveau candidat a rapidement brossé les raisons de sa venue dans la 11ème circonscription:

- il s'agit d'une élection locale, mais à dimension nationale et internationale, la montée du FN étant scrutée bien au-delà de nos frontières;

- il ne vient pas pour se battre "comme des chiens" avec Le Pen, mais pour un débat d'idées...

- face au défaitisme des uns, il proposera, lui, des solutions. Par exemple, sur les licenciements boursiers, il proposera, en tant que député, que l'on interdise ce type de licenciement;

- plutôt que contre les immigrés, il veut lutter contre les banquiers.

Tribun remarquable comme on le sait, il sait faire frémir les foules et s'envolant dans des formules lyriques du plus bel effet, il n'a pas manqué son coup hier. J'en ai vu plus d'un, même parmi la presse, électrisé par les péroraisons improvisées du candidat.

Il a précisé que, dans aucun cas, il ne participera à des élections locales. Il veut en profiter pour aider à la rénovation de la gauche et il a lancé un appel à tous ceux qui veulent y participer. Il a précisé qu'il ne demandait rien au PS, et donc pas le retrait de son candidat.

Sur ce dernier point, on avait pu entendre Catherine Génisson, sur FR3, 1h avant, déclarer que, dans la 11ème circonscription, il n'y avait pas de danger de l'extrême-droite! Je ne sais si elle est mal conseillée ou si elle n'avait pas  chaussé ses lunettes en lisant les résultats de la Présidentielle, mais cela démontre une nouvelle fois l'aveuglement des dirigeants socialistes. Faut-il lui expliquer que dans les 57% réalisés par F. Hollande dans la 11ème circonscription figurent des anti-sarkozystes de droite et d'extrême-droite? Faut-il  également lui préciser que P.Kemel ne fait pas l'unanimité à gauche, et c'est un euphémisme...Puisqu'il n'y a donc pas danger du FN, Madame Génisson pense que Kemel et Mélenchon se départageront au 1er tour. Une telle inconscience méconnaît qu'une gauche en tête le 10 juin impulserait une belle dynamique pour le second tour. A noter que JF Caron (EELV) soulignait également qu'il y aurait une candidate verte, estimant que, de toutes les façons, la gauche serait présente au second tour...

Cette dernière assertion n'est d'ailleurs pas forcément vraie, puisque Urbaniak (Modem) et Ramdani (UMP) s'associent pour les législatives. Or près de 20,5% des électeurs des Présidentielles, sur la circonscription, ont voté au 1er tour pour N.Sarkozy et F.Bayrou...Faut-il rappeler, ici, la bonne notoriété du maire de Noyelles-Godault au-delà de sa ville et qu'un score de 24-25% du tandem de droite n'est pas à exclure (ils ont réussi plus de 26%, au total, au 1er tour de 2007). Or le potentiel Kemel/Mélenchon est de 44%. Rien n'interdit donc aujourd'hui d'imaginer J.Urbaniak présent au second tour, le 17 juin! Et pour pousser le bouchon un peu plus loin: en cas de second tour contre Le Pen, c'est bien Urbaniak qui a le plus de chances de gagner, le report de voix de la gauche semblant plus assuré que dans le cas d'une finale gauche/FN ! Rappelez-vous le duel Chirac/Le Pen!

Ainsi, une nouvelle fois, le PS aura commis une erreur stratégique de taille. Les 3 cas de figure, ci-dessous, l'expliquent bien:

- si Kemel est deuxième le soir du 10 juin, il a de grandes chances de perdre son duel avec Le Pen, pour les raisons déjà évoquées ici: il ne rassemblera pas la gauche (notamment pour son alliance passée avec la droite à Carvin, en 2008, pour battre la maire communiste);

- s'il est troisième, derrière Mélenchon, on en voudra au PS de ne pas avoir laissé se développer la dynamique espérée;

- enfin si Urbaniak est second, inutile d'épiloguer...

Le PS sera ainsi plus décrédibilisé que jamais...