Douze ans de descente en enfer du PS héninois (39) : pourquoi Razzie Hammadi n'est jamais devenu héninois

La Voix Du Nord 14/09/2012

La parenthèse législative refermée, ce sont désormais les municipales qui sont en ligne de mire... Avec, à la clé, une ribambelle d'interrogations quant au nombre de forces en présence tant le rejet des méthodes de Gérard Dalongeville est partagé au sein de la classe politique locale où seuls les radicaux-socialistes font fonction de garde prétorienne autour d'un maire chahuté. Et dont le jeu trouble pratiqué lors des législatives laisse dubitatif beaucoup de socialistes... Alors que l'été 2007 arrive, on ne parle en ville que de la fusion imminente des sections PS, soit les radicaux-socialistes avec ceux qui ont décidé de ne pas suivre Daniel Duquenne dans l'aventure de l'Alliance républicaine. Alors que l'équipe Vergnaud est pressée de ne faire plus qu'un, Serge Janquin, lui, préfère fixer le cap à l'automne.

Un climat délétère qui ne perturbe pas pour autant Gérard Dalongeville même s'il doit désormais faire face à la causticité permanente d'un Albert Facon revanchard (ce qui ne durera pas bien longtemps...), le député rappelant avec un sourire sardonique balader dans sa serviette la demande d'adhésion de Dalongeville depuis plus de deux ans : « Mais il n'est pas vraiment mûr pour récupérer sa carte, le moment n'est pas venu !

» Pendant qu'Albert Facon nourrit sa rancoeur, Pierre Ferrari, lui, s'efforce de faire de cet été 2007 celui du déclic anti-Dalongeville pour le PS. Et, tout au long de l'été, on parlera beaucoup d'un possible parachutage du président des MJS, Razzie Hammadi, comme alternative à Dalongeville.

À la manoeuvre, Pierre Ferrari se souvient : « Dalongeville m'a terriblement déçu politiquement et cet été-là je fais des pieds et des mains pour trouver une solution... Je croise alors Razzie Hammadi en conseil national du PS et on parle d'Hénin-Beaumont ; on s'envoie des mails. Lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, on se rencontre plusieurs fois et on rentre dans une vraie discussion. Lui, je le sens intéressé parce qu'il n'a pas alors d'accroche locale et le combat contre Marine Le Pen l'intéresse, lui qui vient de Toulon. Moi, je le vois alors comme une personnalité d'envergure nationale même si, avec le recul, je me rends compte aujourd'hui que ce n'était pas le profil idéal. Mais il peut nous apporter un plus et une crédibilité pour peu qu'on ait des soutiens importants... En septembre, il vient à Hénin, chez moi, et je lui fais découvrir la ville pendant quelques jours.

Et au terme, il me dit "Pierre, je suis intéressé, j'ai envie de faire quelque chose ici !". La fédération n'est pas au courant de tout hormis ce qui s'est dit aux universités d'été. Je sens que Janquin n'est pas franchement hostile mais ce n'est pas le cas pour les autres qui ne veulent pas d'un parachutage. Mais ne proposent rien pour autant. Je comprendrais ensuite qu'il ne fallait surtout rien proposer pour dire au final que le seul crédible était Dalongeville ! » L'affaire paraît bien engagée et pourtant tout va capoter en deux temps trois mouvements le temps d'une mise au point au détour d'un couloir : « Toujours en septembre, on est invités à l'université d'été du PS du Nord. On y va avec Razzie qui devait intervenir. Et voilà que là-bas, dans un couloir, on croise Percheron et Kucheida qui ont été très virulents avec Razzie jusqu'à lui dire "Tu ne viendras pas à Hénin-Beaumont ! C'est hors de question que tu y viennes !" On repart de là en voiture et on discute pas mal de ça. Quelques jours plus tard, il m'appelle en me disant qu'il avait encore eu des retours négatifs de Percheron et Kucheida et que, sans leur appui, il était impossible qu'il envisage de venir à Hénin. Tout était verrouillé.

Il m'a alors confié que ce serait Dalongeville et personne d'autre et qu'à la fédé ils avaient déjà fait leur choix. "Ils m'ont confié que je ne pouvais que perturber la donne !" a-t-il conclu. » Le plan est à l'eau et la désillusion du jeune MJS ne fait que commencer. Car d'autres surprises arrivent.

PASCAL WALLART

AA: ce texte illustre bien certaines vérités, pas toujours visibles à l'époque:

- Le 1er secrétaire fédéral n'a aucun pouvoir de décision. S. Janquin m'avait confirmé en 2007 que l'arrivée de R. Hammadi n'était pas pour lui déplaire.

- C'est D. Percheron et JP Kucheida qui décident. Ils ne voulaient pas de R. Hammadi. Le fait pour Serge Janquin d'obtempérer lui a valu d'être maintenu député. Il l'est toujours en 2012...(élu sans discontinuer depuis 1993).

- Les 2 compères précédents ont décidé que Dalongeville, maire sortant, serait la tête de liste. Encore fallait-il trouver un habillage à ce qui paraissait quand même ahurissant vu la gestion plus que critiquable de G. Dalongeville, confirmée, à moultes reprises, par la Chambre Régionale des Comptes. Ils trouveront l'alibi avec MN Lienemann!

- Je réaffirme ici que la volonté de soutenir Dalongeville cache des dérives que DP et JPK ne voulaient pas voir exposées. Je ne vois aucune autre raison que celle-là: couvrir GD et en même temps se couvrir! On commence à avoir une toute petite idée de tout cela (avec le livre de GD), mais le reste sera plus explicite lors du procès de l'ex-maire d'Hénin...

Le fait pour le PS de soutenir, aujourd'hui, la mairie actuelle procède de la même logique: se protéger. Le vol dans les archives a certainement permis à certains de respirer...