Douze ans de descente en enfer du PS héninois: une ville trop bien gardiennée

La Voix du Nord 3/10/12

Le viseur de Gérard Dalongeville est orienté vers le 30 janvier, date à laquelle il devra réunir le conseil municipal héninois afin d’acter un nouveau plan de redressement des finances communales. Avec comme handicap à redresser : 12 M € de déficit devant êtres épongés sur trois ans et une ardoise de 9 M € d’impayés aux fournisseurs de la Ville. Cette dernière, Gérard Dalongeville l’assure alors, aurait déjà fondu depuis les constatations de la chambre régionale des comptes : « Le 2 décembre, on était tombés à 5M € d’impayés et on termine l’année à 3 M € ! » La suite des événements prouvera qu’il n’en était rien ! Un plan d’apurement mais aussi des rumeurs en cascade de pratiques délictueuses dont Gérard Dalongeville assure alors que ce ne sont là que de viles attaques le diffamant : « Moi, je n’ai rien à me reprocher, rien à cacher.

J’ai d’ailleurs déposé plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse, ce qui me permettra d’avoir accès à certains documents. C’est un peu fort qu’on vienne me parler d’enrichissement personnel alors que j’ai une maison achetée en 1995 que je rembourse toujours ! » Un maire qui monte sur ses grands chevaux et assure dans la foulée que s’il y a eu des dysfonctionnements au sein de ses services, il assumera : « même si un maire d’une commune de 27 000 habitants ne peut pas décemment être au courant de tout ce qui se passe ». Idem au cas où des « pratiques complices entre les entreprises » s’avèrent effectives, « ce sera dénoncé » !

De voir ainsi Gérard Dalongeville pris dans la tourmente ne peut que réjouir Albert Facon qui, depuis le putsch du printemps 2008, ne prend plus de gants avec l’enfant terrible héninois. Et profite de la cérémonie de voeux courriéroise pour se laisser aller à brocarder son ami Gérard qui, quelques jours plus tard, n’hésite pas à lui rendre la monnaie de la pièce, stigmatisant « l’immobilisme » du député de la XIVe et frappant malicieusement le talon d’Achille du Courriérois, à savoir le dossier Sainte-Henriette dont « les pertes d’élèvent à un peu plus de 5 M € sans aucune création d’entreprise ni d’emplois… » Et de clore ce retour de bâton en rappelant « qu’il nous faudra également nous souvenir que sous la mandature Facon l’augmentation de l’imposition communautaire a fait un bond de 115 % ! » Le 30 janvier, l’explication de texte du maire autour du plan d’économie à réaliser (3,4 M € sont budgétés sur les 4M € d’économie à réaliser !) peine à satisfaire une opposition goguenarde qui a beau jeu de renvoyer le maire prodigue dans ses cordes. D’autant que, ce soir-là, Marine Le Pen sort un dossier qui fera très vite énormément parler : celui des incroyables frais de gardiennage engagés par la Ville. « Une somme totalement hallucinante : 42 000 € par mois ! » pointe l’élue FN, expliquant combien ces services grassement payés doublonnaient avec les missions de la police municipale. Et de tacler au passage une collusion avérée entre ce prestataire et le pouvoir majoral en rappelant certaines opportunes remises de chèques au mandataire de la campagne municipale de Gérard Dalongeville.

« On ne peut pas remettre en cause un compte de campagne qui a été approuvé ! », objectera alors Gérard Dalongeville. Sans savoir que, pendant le même temps, les enquêteurs de la DIPJ avaient bien noté, concernant la société de surveillance en question, un « non-respect quasi-systématique des règles en matière de marchés publics, notamment par la parcellisation des contrats, les prix pratiqués étant particulièrement élevés, et alors même que la commune d’Hénin-Beaumont dispose de son propre service de police municipale. » Avec, en plus, la nette conviction que nombre des prestations réglées furent en fait fictives. De même, les policiers ont bien noté que cette société avait en 2008 participé au financement de la campagne électorale de Gérard Dalongeville et qu’elle sponsorisait plusieurs associations locales.

PASCAL WALLART

AA

2 autres points de vue sur ce fameux conseil municipal du 30/1/2009:

http://alpernalain.blogspot.fr/2009/01/sur-le-conseil-municipal-de-ce-soir.html

http://alpernalain.blogspot.fr/2009/01/le-conseil-municipal-vu-par-nord-eclair.html

Voir également les posts des 1 et 2 février qui analysent correctement la situation. J'ai revu, notamment, ce passage:

3-3 Quel avenir ?- La fin de GD est maintenant inéluctable : après son dernier avis de décembre, la CRC va, comme je l’ai écrit hier, constater que les mesures annoncées par la Ville, sont largement en inadéquation avec la situation. Je soupçonne que GD (et sa majorité, responsable entièrement) l’a fait exprès pour ne pas porter la responsabilité d’une nouvelle augmentation de la fiscalité (après 84% en 2004, 10% en septembre 2008) que le Préfet ne pourra qu’ imposer devant la carence municipale. Le Maire, sentant sa mort politique proche, tente une dernière manœuvre : peut-être une démission spectaculaire pour protester contre la décision du Préfet…

- Mais cela ne servira pas à grand chose : les affaires judiciaires vont s’enchaîner les unes après les autres. On en connaît déjà une grande partie. 4 personnes proches du Maire, seraient, de source sûre, mises en examen, chacune pour des affaires différentes.

- Mais le problème est que la justice va prendre encore quelques mois avant de frapper. Doit-on attendre, alors que la situation est de plus en plus catastrophique et que les Héninois doivent s’attendre au pire pendant les années nécessaires au rétablissement de la situation financière ? Certains me font le reproche de porter atteinte à la présomption d’innocence : je répondrais qu’il y a un autre principe à respecter, c’est la responsabilité en cas de non-assistance à ville en danger. Outre les dérives financières actées par la CRC, je constate que le Maire s’est rendu coupable, à 2 occasions, de saisie de la presse (articles défavorables), de non conformité à la réglementation en matière de droit de l’opposition à s’exprimer dans la communication municipale. La démocratie est bien en danger à Hénin-Beaumont et la politique de l’autruche, pour suspendre toute décision, est irresponsable !

Nous connaissons, dans l’histoire, beaucoup de périodes où le peuple a fait avancer la démocratie.

Hénin-Beaumont gronde actuellement et je perçois que la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres.

Allons-nous devoir passer par une révolution pour que cessent les turpitudes de ceux qui nous gouvernent ?

Nous sommes nombreux à penser que, faute de sanction dans les semaines qui viennent, il nous faudra songer à précipiter les choses…"