L’effet Obama sur la droite française
Nicolas Sarkozy n'a jamais beaucoup apprécié Barack Obama. Il va l'aimer encore moins ce mercredi 7 novembre.
La réélection du président des Etats-Unis vient détruire tout le raisonnement que l'ex-président français avait construit pour expliquer les raisons de sa propre défaite qui, à ses yeux, n'en est pas une.
Nicolas Sarkozy avait observé les têtes tomber les unes après les autres en Europe : Brown, Socrates, Papandréou, Berlusconi, Zapatero... « Vous vous rendez compte, Zapatero n'a même pas pu se représenter tellement il est devenu impopulaire !», disait-il devant ses proches, mettant sur le compte de la crise économique le grand coup de balai dont avaient été victimes, comme beaucoup d'autres encore en Europe, les dirigeants britannique, portugais, grec, italien, espagnol en 2010 et 2011.
Par contraste, sa courte défaite le 6 mai par 48,38 % des suffrages exprimés lui est apparue comme une consécration. « Franchement, ce score est une performance par rapport à la crise : pas un chef d'Etat n'est parvenu à se faire réélire », a répété Nicolas Sarkozy tout l'été à ceux qui venaient lui rendre visite.
Lorsque, au tournant de l'automne, son ami Jean-Michel Goudard, de retour d'un voyage aux Etats-Unis, a jugé « probable » la réélection de Barack Obama, Nicolas Sarkozy n'a pas voulu le croire et lui a fait la tête quelques jours. Ce n'était pas possible. Ce ne pouvait être possible.
Et si ! c'était possible ! Barack Obama, le dirigeant du pays qui a semé la pagaille dans le monde entier en diffusant partout des emprunts toxiques a réussi à se faire réélire président des Etats-Unis à l'âge de 51 ans !
Un élément conjoncturel peut expliquer cette performance : la situation de l'emploi s'est légèrement améliorée en octobre outre-Atlantique, juste avant l'élection. En France, on n'en était pas là : à la veille de la présidentielle, les chiffres communiqués en avril faisaient état d'une hausse du chômage ininterrompue depuis onze mois, le plaçant à son niveau le plus haut depuis 1999.
D'autres raisons cependant peuvent expliquer la victoire de Barack Obama et notamment les divisions du camp républicain, partagé entre colombes et faucons, entre centristes et extrémistes mobilisés jusqu'à l'hystérie autour de la défense d'une Amérique blanche qui se sent déclassée.
Cela renvoie directement aux débats qui agitent en ce moment la droite française. Une partie se reconstitue au centre, l'autre semble comme aimantée au Front national.
Pour toutes ces raisons, la victoire de Barack Obama va avoir un effet déflagrateur sur l'UMP : elle va précipiter le droit d'inventaire que les partisans de Nicolas Sarkozy ont jusqu'à présent tout fait pour différer.
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