La Fédé. Chapitre 5: une grande "famille" (1)

En mars 2010, M. Le Pen diffuse, devant des militants conquis, une liste de personnes travaillant au Conseil régional, proches et parents de personnalités socialistes. Il y a parmi les 28 personnes citées, du beau monde (par exemple, les 2 filles du Président Percheron), mais des erreurs et, notamment celle concernant 2 personnes présentées comme les filles d'Albert Facon, député de la circonscription d'Hénin-Beaumont, mais qui ne sont que des homonymes. Après beaucoup d'hésitations, le député dépose finalement plainte pour diffusion d'un tract reprenant cette liste, mais il est trop tard, car il y a prescription (3 mois en matière de délit de presse)... Comme S. Briois a repris la liste sur son blog, il est poursuivi, mais pas MLP...

 AA: que MLP n'ait pas été poursuivie  restera toujours un mystère. Mais, cerise sur le gâteau, on a "oublié de faire une capture d'écran ou un constat d'huissier sur le blog du FN pour confirmer l'existence de ce qui constituait une diffamation, et Briois a été relaxé car l'infraction n'était pas constituée. Enfin, Jean-Marie Alexandre (dont on parlera plus loin) qui conteste qu'un de ses proches ait été employé au conseil régional n'a pas porté plainte alors qu'il est cité dans la fameuse liste. Ces 4 manquements (prescription pour le tract, pas de poursuite contre MLP, pas de capture d'écran, pas de plainte d'Alexandre) me confirment dans ma théorie, depuis longtemps exposée, à savoir que le PS épargne le FN. J'avais déjà eu l'occasion d'en parler, notamment au cours des dernières cantonales, pour lesquelles je m'étonnais que le PS62 n'ait pas mis en place d'actions communes contre le parti d'extrême-droite...  "je te tiens, tu me tiens par la barbichette..." en avais-je conclu, car ne doutons pas que le PS possède des dossiers compromettants contre les frontistes...

En réalité, sur les "proches", soit 1,5% du personnel, en dépit des erreurs et omissions du FN, il y a 2 catégories de "pistonnés" : ceux qui se retrouvent à des postes ne correspondant pas à leur profil d'études ou à leurs niveau de compétences  (sur un autre sujet, un recours du Préfet a permis d'obtenir gain de cause contre le fils Derosier, nommé par son père, président du conseil général du Nord,  comme directeur des affaires juridiques, alors qu'il n'était pas fonctionnaire et qu'il y avait un candidat fonctionnaire compétent : comme quoi, quand l'Etat veut, il peut...); l'autre catégorie étant celle des professionnels de la politique, en mal de mandats, après un échec électoral (exemples du maire de Saint-Omer et de Daniel Duquenne, maire éphémère d' Hénin-Beaumont). La professionnalisation de la vie politique fait que, en cas de revers électoral, n'ayant pas d'autre métier, les élus battus doivent s'abriter dans des "pouponnières", en attendant un meilleur sort.

AA : 2 remarques :

- il faudra revenir sur le statut de l'élu, afin de prévoir la reconversion d'élus non fonctionnaires.

- les remarques du FN sur les "proches" du PS au conseil régional sont hypocrites, quand on sait la manière dont il a "peuplé" de proches les administrations des villes conquises dans le sud. Gageons que dans les villes de droite, on trouverait également des pistonnés en nombre. Ces pratiques ne sont pas uniquement celles du FN, du PS et de la droite, mais également celles, bien connues, du PC.

Des 3 réseaux constitués par le PS (Urba déjà décrit, la Fédération Léo-Lagrange et l'Orcep), un homme a laissé une profonde trace : Pierre Mauroy. Il crée la Fédération Léo-Lagrange, juste après la guerre : les clubs offrent aux jeunes une ossature pour la pratique des sports et des loisirs ainsi qu'une formation, dans une démarche d'éducation populaire. L'embauche de permanents, se partageant entre l'animation et le parti, n'était un secret pour personne, moins connus étaient les emplois fictifs. Les dérives de ce système ont été parfaitement analysées lors d'un procès dans la région lyonnaise : après dix ans d'enquêtes, plusieurs responsables de Léo-Lagrange ont été relaxés des chefs de détournements de fonds publics et de favoritisme. Un audit de l'ex-inspecteur Gaudino (celui d'Urba et celui ayant enquêté à Béthune sur les dérives mellickiennes) avait pourtant bien mis en évidence des pratiques de fausses factures et d'emplois fictifs dans la fédération Rhône-Alpes : "il s'agirait d'un véritable système organisé pour prélever un montant de l'ordre de 1,83 million d'euros au détriment de la ville de Saint-Fons". Les auditeurs précisent que "ce système pourrait avoir été mis en place, non seulement dans les autres collectivités de Rhône-Alpes, mais aussi dans les autres fédérations régionales et en tout état de cause à la fédération nationale" ! Il n'y aura aucune condamnation localement et aucune enquête nationale ne sera entreprise... A l'époque, le président de la fédération nationale est le député socialiste du Nord et ex-président du conseil général du Nord, Bernard Derosier, très proche de P. Mauroy...

AA: il y a encore du travail, en perspective, pour ceux qui voudront s'intéresser à cet enterrement de première classe de pratiques illégales... 

Nous verrons demain, le 3ème réseau : l'Orcep, qui, lui, a donné lieu à un procès...