" Vous avez vendu votre âme pour être maire?" (La présidente, Madame Leman à Gérard Dalongeville).
Un grand moment dans ce procès : tant pis pour les nombreux médias qui n'étaient pas revenus, s'étant contentés de la mise en bouche d'hier. A 2 occasions, Gérard Dalongeville a vacillé et perdu de sa superbe. Mais reprenons dans l'ordre chronologique...
Le dossier ATS est complexe à tel point qu'une journaliste m'avouait ne pas tout comprendre... En effet, non seulement ce qui s'est passé pendant plusieurs mois avec cette société d'avions-taxis est difficile à appréhender, mais surtout, il y a plein de non-dits.
Le directeur de la société, Monsieur Couvreur, a aidé le tribunal à reconstituer les 20 voyages payés par la ville d'Hénin-Beaumont ( 91 000€), officiellement pour vendre Léon, cette résidence de vacances pour Héninois, qui tombait en ruines, faute d'entretien. L'argent manquant, GD charge son premier adjoint de vendre rapidement Léon, situé près de Biarritz. Guy Mollet sert d'intermédiaire (même si une agence immobilière est déjà sur le coup, sur place). Celui-ci fait signer un compromis de vente pour 1,6 million d'euros (dont 100 000 euros de commissions, des "pourboires", pour lui), compromis qui débouchera sur rien, puisque une condition suspensive n'est pas levée (accessibilité du lieu). Plusieurs points choquent dans ces voyages :
- leur libellé : à part les 2 premiers correctement libellés, tous les autres sont des Lille-Dax-Lille, alors que les destinations et les escales sont variées : Le Touquet, la Corse, Carcassonne, Cannes... mais surtout 8 voyages se font à destination du Luxembourg. Guy Mollet assurera qu'il s'agissait d'accompagner des acheteurs potentiels pour obtenir un prêt auprès de Dexia. Doutes quant à l'objet véritable de ces déplacements luxembourgeois.
- les passagers. Guy Mollet sera de chaque voyage. C. Chopin figurait sur la liste des passagers, à chaque fois, mais selon ses propres dires, il n'a pris l'avion que 3 fois. D'autres passagers : des acheteurs potentiels de Léon, mais également pour d'autres projets... A chaque fois sur le compte de la mairie... Qui était mouillé dans ces affaires parallèles ?
- les coûts très divers de ces voyages Lille-Dax (de 2000 à 10 000 euros) et leur fréquence (20 en 6 mois, de juillet à décembre 2006). Pourquoi ? On ne sait pas et cela n'a pas, curieusement, été évoqué, si G. Mollet percevait sa dîme sur les prix de location. On n'a pas retrouvé les devis visés par C Chopin, ce dernier signait les factures "les yeux fermés", puisqu'il avait ordre de vendre Léon et qu'il ne discutait pas le moyen de transport. Bizarre, non ?
Vint alors l'interrogatoire de Dalongeville sur le sujet : rigolard, pendant que C. Chopin répondait plus ou moins clairement, il le fut moins quand il dût admettre qu'il signait également les factures les "yeux fermés", faisant confiance à son 1er adjoint, délégué aux finances, même après avoir été le destinataire de 2 notes du receveur qui s'étonnait qu'il n'y eût aucun contrat de signé avec ATS et qu'il n'y avait pas de mise en concurrence avec d'autres sociétés. Il argumenta qu'il avait fait suivre ces notes au service financier pour "suite à donner" et qu'il ne s'en était plus occupé. Pas de chance ! la note a été retrouvée lors d'une perquisition dans son bureau... Pas de chance non plus quand GD ne se souvint pas avoir reçu une note du directeur financier de la ville s'inquiétant de l'insuffisance des crédits budgétaires pour payer les factures en souffrance : or, cette note a également été retrouvée dans son bureau...Autre coup porté au moral de GD, quand la présidente lui fit remarquer qu'il aurait au moins pu poser des questions, avant de signer des factures de voyages pour les mêmes destinations à 3 jours d'intervalle : là, il reconnut qu'il n'avait pas fait attention, comme il n'avait pas fait attention aux variations de 1 à 5 du coût des Lille-Dax-Lille ! Autre coup de massue pour l'ex-maire qui avait déclaré n'avoir jamais vu de devis, quand le procureur lui montra un devis signé par lui et qu'il balbutia des propos incohérents, sauvé par son avocat qui résuma tant bien que mal : "c'est sa signature, mais il n'a pas dit que c'était lui qui l'avait apposée" !
Parmi les non-dits figure cette histoire d'achat d'une maison dans l’Aude à Coustaussa, au domaine de Peyre Picade, par l'entremise de G. Mollet, à un marchand de biens entendu ce jour (et qui était la personne avec qui le compromis concernant Léon avait été passé) pour un projet fou : autour de la résidence estimée à 4,5 millions, il était question d'adjoindre 450 maisons, un hôtel de luxe et un restaurant, mais il n'y avait pas d'investisseur intéressé. Ce qui est fou dans cette histoire, c'est que le rôle de GD n'est pas clair (s'y est-il personnellement intéressé ?), car il raconte qu'étant à Toulouse, Chopin est venu le chercher en voiture de location du lieu de la résidence (200 km aller-retour) pour ...boire l'apéritif (il fut difficile à l'assemblée de retenir son rire !). G. Mollet éclaircit, plus tard, un peu ce mystère, en racontant que GD avait passé la nuit sur place... Saura-t-on , un jour la vérité, sur cette affaire douteuse ? Une fois de plus, GD s'était-il impliqué personnellement dans ce projet ?
Mais Dalongeville n'était pas au bout de ses peines et ce n'est pas un hasard si, à la sortie du tribunal, les mots de "hallali", "mise à mort", étaient sur les lèvres de chacun. En effet, le procureur et la présidente assaillirent de questions l'ex-maire qui fut sonné, désarçonné. Cela commença lorsque Madame Leman fit part de son étonnement quant à l'attitude qu'il manifestait vis-à-vis de Chopin : "voilà un homme que vous dites, dans vos écrits, être l'organisateur des détournements de fonds au profit du PS, depuis bien des années; et que vous prenez, quand même, comme 1er adjoint, et à qui vous accordez toute votre confiance, malgré ce que vous décrivez quant à son rôle de maître d’œuvre du financement occulte du PS 62". Tant bien que mal, GD expliqua qu'il avait dû négocier le soutien officieux du parti (contre le maire socialiste sortant, P. Darchicourt) en prenant C. Chopin. Moyennant quoi, Percheron et Kucheida l'adoubèrent. La présidente constata alors : "vous avez vendu votre âme pour être maire" suivi par un "vous avez accepté de danser avec les loups" tout aussi cruel. Ce à quoi GD répliqua par un "je l'ai fait par fidélité à mon parti" qui fit sourire... Là encore, la présidente fut impitoyable : "comment avez-vous négocié avec votre conscience ?" Corroboré par le procureur qui avait remarqué une expression maladroite de GD : " vous avez dit "acteur sans avoir participé", comment pouvez-vous dire une chose pareille? " GD répliqua en faisant observer que pour les entreprises contributrices habituelles du PS, il maintenait ses accusations, mais qu'il avait fait confiance à Chopin pour les autres. Tentative alambiquée pour expliquer son attitude ambivalente envers un adjoint qu'il charge et accuse de détournement à des fins personnelles.
Alors, le procureur fit boire le calice jusqu'à la lie à Dalongeville, au bord de l'apoplexie: " Rose maffia page 140 : "j'en ai la preuve", avez-vous écrit, en parlant du financement occulte du PS"; preuves que vous dites que "vous les présenterez devant le tribunal"". "Quelles preuves d'enrichissement personnel contre Chopin ?", tonna l'avocate de ce dernier. Groggy, dans les cordes, Dalongeville finit par admettre qu'il n'en avait pas !
La présidente ne pouvait que clore là l'audience. Mais, celle de demain ne sera pas non plus une sinécure pour Gérard Dalongeville, confronté à ses relations privilégiées avec Jean-Marc Bouche...
Impitoyable avec la canaille ! Et ils n'en sont qu'aux amuses-gueules.
RépondreSupprimerTrès mal barré. Mais est-ce étonnant ? A force de fanfaronner, à ne pas jouer l'humilité, à annoncer à tout va que l'on va produire des preuves, etc... on fini par être pris à son propre piège. Et à motiver, s'il le fallait encore, la partie adverse.
RépondreSupprimerC'est bien là la marque de fabrique de nos politiciens locaux, imbus de leur personne, qui se croient tellement importants qu'ils en finissent par ne pas comprendre pourquoi on s'acharne sur eux. Et qui s'enfoncent dans le déni. M'enfin !, après tout ce que nous avons fait (traduction : se faire élire par une populace incapable de prendre sa destinée en main, vidée de tout sens critique par des décennies de soumission), comment se fait-il que l'on ne nous croit pas ? Nous sommes les élus, il n'est pas normal de nous juger ainsi !
Et pourtant. Vous voyez bien. Vous n'êtes que le commun des mortels. Si faute il y a, vous allez payer ce surcroit d'arrogance. Et j'espère que sincèrement vous allez prendre cher. En 2 jours à peine, voilà que votre système s'est écroulé comme un château de cartes. Qu'est-ce que ça va être dans une semaine ! Il va falloir peut-être penser à mettre des gardiens dans chaque cellule, jour et nuit, le risque d'un renoncement est grand, le courage n'étant assurément pas de votre côté. Profitez bien des derniers crépitements. Et des éventuels barouds d'honneur. L'extinction des lumières est pour bientôt.
Tom Jericho.
Bonne analyse , Tom Jericho .Permettez-moi d'y ajouter un mot
Supprimertrès important qui qualifiera encore mieux tous ces élus ripoux
qui sévissent en toute impunité depuis 40 ans :" INTOUCHABLE ".
Dommage qu'on ne puisse remonter à 2001! là, on verrait les adjoints qui ont profité du système! n est ce pas mme BB? pas trop chers ,les travaux effectués chez vous? Pour ne citer qu'elle.
RépondreSupprimerUne question me vient à l'esprit.
RépondreSupprimerComment se fait-il que la presse nationale ne couvre plus le procès Dalongeville, laissant la main à la seule presse locale dont tout le monde ici connaît la qualité? Il y a d'ailleurs eu un article sur la question la semaine dernière.
Quand Kucheida est passé devant le tribunal correctionnel de Douai, toute la presse nationale a fait un article.
Quand il s'agit de Madame Andrieux ou des Guérini, idem.
Dans le procès Dalongeville, rien.
Pourquoi?
Les affaires du Pas de Calais vont-elles plus loin que le Département ou la Région? Qui est finalement impliqué?
Plusieurs réflexions sur vos remarques :
RépondreSupprimer- le premier jour, on a parlé nationalement du procès. Puis les journalistes autres que les régionaux ne sont pas revenus; sont restés les correspondants (Libération par exemple)
- le procès dure trop longtemps pour les finances de ces médias. Ils reviendront donc au coup par coup quand l'affiche sera croustillante. Ce qui fait qu'ils ont manqué la journée d'hier...et probablement celle d'aujourd'hui.
- je pense que l'AFP était présente et donc alimentera les gazettes.
- le dernier jour, tout le monde reviendra...
on évolue vers une parodie de justice, les barons vont encore s'en sortir....et continuer à dormir tranquille, pendant que les sous-fifres vont trinquer ....
RépondreSupprimerA quand la fin de cette soumission à ces nababs indigents vivants aux crochets du contribuable.....
et qui viennent de récidiver en attribuant encore les mêmes marchés, exemple : celui de la sécurité du Louvre-Lens à la société ADG....
et que dire de la fameuse "cité lacustre sur un terril", promise par un ex-député, qui vient de renoncer à ses mandats, même celui d'adjoint....
mais qui n'en continue pas moins à garder un œil sur "sa commune", ce qui ne l'empêche pas de venir se servir en matériaux de construction pour ses villas, dans "ses services techniques...."....
et bien sûr aux frais du contribuable....pas la peine de citer le dénommé et incompétent fossoyeur du ps....de l'ex 14 circonscription, devenu par un savant redécoupage électoral la 11 ème....
oui-oui, élu député-maire grâce à 106 voix près, merci la magouille....
dis toi bien Albert, la vengeance est un plat qui se mange froid...et rira bien qui rira le dernier ....
en espérant que ce commentaire soit publié...