Et maintenant ?

Que retirer de ces 3 semaines de procès ? Un sentiment de frustration, mais aussi l'idée que plus rien ne sera comme avant...

Disons-le crûment, j'ai bien peur que beaucoup ne soient déçus, le 19 août à 19h30, lors du prononcé du jugement. Bien sûr, les révélations promises par G Dalongeville n'étaient qu'une vaste supercherie que j'avais déjà dénoncée, en décortiquant son livre, ici-même. GD a essayé de nous mener en bateau en détournant notre regard  de ce qu'il ne fallait pas voir, à savoir ses propres turpitudes. Il avait déjà procédé de la même manière en 2000/2001, en montrant Darchicourt du doigt, réitérant en 2004 quand la CRC établissait le déficit de la ville à 12 millions d'euros : "c'était la gestion précédente". Aujourd'hui, c'est Claude Chopin qui est le responsable du nouveau déficit de 12 millions constaté à fin 2008. Ah bien sûr, il a tenté de faire dévier le regard vers le PS...Non pas que je crois Chopin et le PS innocents : le premier a tout signé, "en fermant les yeux", le second a "fabriqué" Dalongeville, puis l'a maintenu au pouvoir coûte que coûte et offert la ville au FN. Bien sûr que le système PS 62 est perverti, moins peut-être par la collecte organisée d'argent que par l'organisation mise en place pour se maintenir au pouvoir : l'adoubement, maintes fois décrit, a permis, dans un contexte favorable, de renouveler les hommes, bien dans le moule, prêts à tout pour recevoir honneurs et pouvoir. Non pas que d'autres partis n'aient pas la même propension à se maintenir au pouvoir (la droite a su également, ailleurs, mettre en place un système peu ou prou identique), ou à sauver les meubles (le PC, surtout. Ne doutons pas qu'il eût mis en place la même organisation s'il ne s'était pas fait damner le pion par le PS). C'est ce système auquel il a participé et qu'il dénonce, pensant s'en tirer ainsi à bon compte...

Vendredi, la défense de son avocat l'indiquait clairement : GD est le seul à pouvoir contrer le FN ! Quand Me Terquem m'a dit cela, le 4ème jour du procès, j'ai éclaté de rire, pensant qu'il s'agissait là, de sa part, d'un exercice d'auto-persuasion. Que nenni ! il a repris dans sa plaidoirie ce postulat en tentant de démontrer, pêle-mêle, que le rétablissement des finances de la ville dès 2009, c'était GD, parce que la commune n'était pas déficitaire réellement, la CRC n'ayant pas tenu compte de son patrimoine... qu'aucun homme politique héninois (il n'a, sans doute, pas tort, sur ce point) n'avait la carrure pour s'opposer au FN, hormis GD qui, lui, a "une pensée politique", etc.

Une question fondamentale n'a pas reçu de réponse, à Béthune. A partir du moment où GD admet que de l'argent a été détourné au profit du PS et qu'il n'a pu le démontrer, on aurait dû lui demander dans quelles poches cet argent est allé. GD a admis, implicitement que les surfacturations avaient donné lieu à distribution d'argent, personne ne lui a demandé qui en avait profité ? Rendez-vous compte qu'aucun des bénéficiaires des marchés attribués illégalement ou de façon douteuse, n'a dit qu'il avait versé quoique ce soit à G. Dalongeville ! Ce mutisme est étonnant... Seul instant où on a cru que la brêche était ouverte fut la révèlation involontaire de Chruszez sur un dépôt en espèces qu'il fit sur un compte de GD : ni le juge, ni le procureur ne sautèrent sur l'occasion. La presse locale, 72 heures après, y fit une allusion discrète. Pourquoi ce silence des uns et des autres ?

Cela signifie donc une chose évidente : l'accusation n'a pu démontrer que G. Dallongeville s'était enrichi !

Tout cela pour cela ! Oui, nous savons, après ce procès, que la mairie d'HB était le lieu où se "baffraient" tous ceux qui voulaient se faire de l'argent, attirés qu'ils étaient par l'absence de procédure légale d'attribution des marchés publics, la sollicitude avec laquelle le maire leur faisait faire des affaires, l'absence de réaction de l'encadrement administratif (par contre, après le 9 avril 2009, les résistants de la dernière heure sont sortis de l'ombre...). Politiquement, la majorité entourant GD regardait ailleurs, le FN ne sortait pas de son jeu d'opposant traditionnel et n'a jamais dénoncé, avant 2009, les dérives du maire (l'affairisme de Bouche, les avions-taxis, Guasti, Réveillon, Lefebvre, Peyre Picade, etc : jamais le FN ne s'en est fait l'écho!).

Alors, bien sûr, l'accusation a pu mettre en avant la gabegie de la gestion Dalongeville, bien sûr les Mollet, Bouche et autres en ont bien profité, mais l'essentiel n'a pas été démontré, à savoir que Dalongeville ou Chopin ou d'autres ont profité du système malhonnêtement mis en place. Et donc, les peines ne seront pas à la hauteur de ce que chaque Héninois espèrait, faute d'avoir prouvé quelque chose.

Oh! bien sûr que G. Dalongeville sera condamné pour le pillage de 24 millions d'euros (les 2 déficits constatés en 2004 et 2008) ! La prison ferme (à l'image de ce qu'a requis le procureur) sera probablement supérieure à la durée de détention provisoire et le tribunal correctionnel pourra décider que la peine d'emprisonnement fera l'objet d'un aménagement :  libération conditionnelle, suspension de peine pour raisons médicales (on ne sait jamais...), semi-liberté, placement à l'extérieur ou placement sous surveillance électronique, voire même des permissions de sortir si la peine ferme est importante. L'amende pénale devrait être conséquente et le préjudice de la ville indemnisé à hauteur importante (j'y reviendrai dans les jours prochains), ce qui plaide pour une sortie rapide de détention pour que, par son travail, GD puisse rembourser les citoyens héninois...

GD ne pourra pas échapper à une peine d'inéligibilté qui devrait le mettre hors jeu pour les prochaines élections municipales. Bien sûr, il fera appel et ce sera suspensif. Mais croyez-vous vraiment que, après avoir été condamné, et que tout ayant été mis sur la table, les Héninois voteront en masse pour lui ? Il faudra, en effet, réaliser au moins 20 % et terminer deuxième pour être présent au second tour et rassembler contre le FN... D'autant plus que les Héninois ne sont pas idiots : élire un maire ayant toutes les chances de se voir confirmer son inéligibilité, en appel, après avoir été élu, les habitants de cette ville ne goûteront pas la plaisanterie ! D'autant plus qu'une inéligibilité prononcée, pour 5 ans au minimum, en 2014/2015, aurait toutes les chances d'empêcher l'ex-maire de se présenter en 2020...

En résumé :

- on reste sur sa faim après ce procès;

- GD sera condamné, mais pas à la hauteur de ce qu'il mériterait, à mon sens;

- GD ne sera pas maire d'Hénin-Beaumont de sitôt...