Réflexions à la veille de la dernière semaine de procès.

- J'ai déjà eu l'occasion de signaler combien l'on pouvait être contrarié par l'attitude de la plupart des prévenus. J'ai utilisé le verbe "se pavaner". Je ne sais si vous pouvez imaginer l'indécence de ceux qui tentent d'attirer micros et caméras, pensant que leur statut de prévenus en fait des vedettes...Bel aveu de leur médiocrité... J'ai, peut-être plus qu'un autre, dit ce que je pensais de G. Dalongeville et G. Mollet, non seulement en tant qu'êtres humains, mais également et surtout sur leurs agissements coupables (j'anticipe, en effet, le jugement...). Pour cette raison, je reste toujours estomaqué de les voir traverser une salle pour me saluer, comme si j'étais de leurs meilleurs amis. Remarquez, c'est ce qui a toujours fait leur force : leur capacité à séduire. Laurent Bocquet l'exprimait bien, hier, en parlant de GM : il sait être sympa, mais quand il veut quelque chose, il devient pressant (traduisez : "chiant", voire "violent").

- Vous avez pu lire, çà et là, que tous ceux avec qui Dalongeville a "frayé" sont des personnages peu recommandables, à la recherche d'argent facile et peu regardants sur les moyens de parvenir à leurs fins. Qu'il ait pu "travailler" avec de tels "bandits" indique bien que ses intentions ne concernaient pas l'intérêt des Héninois. "Donner" des marchés en occultant les procédures officielles, dans des conditions financières largement supérieures à ce qui se pratiquait, faire pression pour que soient réglées les factures alors que les finances de la ville étaient exsangues... voilà  comment cela se passait en mairie d'Hénin. Et on est étonné d'entendre l'ex-maire dire qu'il ne savait pas et qu'il faisait confiance à ses services et à ses adjoints, le premier adjoint, notamment. Et c'est là où sa défense est malhabile : rejeter sur les autres la responsabilité des malversations commises, alors qu'il apparaît qu'il était seul décideur, qu'il voulait tout voir...

- La question qui se pose et je n'ai pas l'impression que nous aurons une réponse très précise, c'est celle de savoir dans quelles poches partait cet argent. Certes, dans celles de ces margoulins avec lesquels on traitait, avec les intermédiaires patentés (G. Mollet et JM Bouche), mais pourquoi Dalongeville aurait-il mis à sac la ville d'Hénin-Beaumont pour ne satisfaire que ces personnes... Quel pouvait donc être son intérêt ? Lui dit : tout cela était le fait de C. Chopin pour engraisser le PS. Ce n'est, à défaut de preuve, pas crédible, même si... D'abord parce que, en tant que maire, il pouvait faire cesser un tel financement. S'il ne pouvait s'y opposer, il est donc responsable, au minimum, d'avoir laissé faire. Mais personne ne croit que tout ce racket des finances locales, c'était uniquement pour le PS. Deuxièmement, ce parti n'était même pas le sien... Je rappelle qu'il s'était présenté en 2001 avec l'étiquette MRC (soutenu officieusement par le PS contre son prédécesseur) et qu'il avait reçu l'onction socialiste officielle en mars 2008, avant de réintégrer le parti en juin de la même année. Quand on voit le "grenouillage" de ces années là, on n'arrive pas à imaginer que Dalongeville n'en ait pas tiré des avantages personnels. C'est ce que l'accusation va tenter de démontrer cette semaine. Même si ceux qui ont assisté à ces 2 premières semaines d'audience n'ont pas de doute là-dessus, il va falloir étayer ces présomptions. On sait déjà que les très nombreux voyages de GD avec sa famille ont été financés par des tiers. Mais cela est peu, par rapport à ce que l'on peut penser qu'il aurait pu toucher. Sauf qu'une des destinations favorites dalongeviliennes était Saint-Domingue, paradis fiscal bien connu. A-t-on pu investiguer sur place ?  Si GD est bien condamné pour tout ou partie des 18 chefs d'inculpation qui lui sont reprochés (détournement de fonds, favoritisme, faux et usage de faux ...), qu'en concluera-t-on, à défaut de preuves tangibles d'enrichissement personnel ? Où est allé cet argent, hormis les poches des malfrats avec qui GD "fricotait" ?

- Il est, sur ce blog, régulièrement demandé pourquoi telle ou telle société n'est pas sur le banc des prévenus. 2 raisons à cela : d'une part, il faut des éléments tangibles pour incriminer quelqu'un. D'autre part, certaines entreprises font l'objet, actuellement, de procédures sur Lille. On en a parlé au sujet de Kucheida et on l'a évoqué lors du présent procès à Béthune. Il ne fait aucun doute que des instructions sont en cours. Mais, contrairement à la plupart des affaires, il n'y a aucune fuite et donc la presse ne s'en fait pas l'écho, d'où le doute qui s'insinue chez ceux qui croient que l'on va enterrer ces affaires... On a, par exemple, cité à plusieurs reprises, le nom de Ramery : il fait partie de ceux qui font ou ont fait l'objet d'investigations...

Il est vrai que, durant ce procès Dalongeville, on aurait aimé en savoir un peu plus sur les rôles joués par Demarquilly et Chruszez...

- Enfin, certains se sont étonnés que l'on ait cité un certain nombre de cadres ayant rapporté ce qui s'était passé et parfois leurs mises en garde adressées au Maire et même au 1er adjoint. On sait que, parmi ces cadres, la plupart se sont tus, pendant l'ère Dalongeville, certains ayant activement collaboré. Tous ceux, à de très rares exceptions, qui ont été interrogés ont, bien, entendu, minimisé leur rôle, voire se sont mis en avant. Personne n'est dupe ou ne devrait être dupe. A la fin de la seconde guerre mondiale, on a découvert que bon nombre de Français avaient été résistants...