Le feuilleton héninois (suite) : Pierre Ferrari

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Les municipales héninoises valent bien un feuilleton : Pierre Ferrari au volant ou au service d’une écurie?

La Voix du Nord, Publié le 04/02/2014

Par PASCAL WALLART

C’est l’histoire d’un garçon doué qui a voulu grandir trop vite, trouvant dans son impatience les inconvénients d’une maîtresse trop exigeante AA : quelle maîtresse ? Humour... Lorsqu’il arrive à Hénin-Beaumont, tout minot, à la fin de l’année 2005, Pierre Ferrari est encore dans l’ombre du père. Recruté en mairie en tant que webmestre du nouveau site internet, il ne met pas longtemps à avoir envie d’autre chose que ce seul rôle de l’ombre. Le secteur n’ayant pas de section MJS, le jeune homme s’investit alors à fond dans la création d’un noyau dur. Sa gueule d’angelot fait des ravages chez les militantes potentielles, son fluide empathique et son habileté tacticienne faisant le reste. En quelques mois, il devient incontournable, se révèle précieux pour Albert Facon lors des législatives 2007 et représente vite un dangereux contre-pouvoir pour Gérard Dalongeville qui n’est que peu partageur sur ses terres héninoises AA : l'allusion est purement politique...n'y voyez rien d'autre !

La suite, on la connaît. Au terme d’une véritable guérilla urbaine avec Dalongeville et son équipe PS en voie de reconstitution, guéguerre marquée notamment par le pitoyable fric-frac au siège MJS, le jeune militant rentre dans le rang sur injonction du parti. Chargé par Marie-Noëlle Lienemann de jouer l’agent de liaison entre les différentes composantes de la gauche héninoise pour les rallier à Gérard Dalongeville, il met son mouchoir dans sa poche et, la mort dans l’âme, se mue en bon soldat pour la cause d’un homme dont il connaît pourtant les failles et les dérives. Mais la logique de parti, pour absurde qu’elle soit, l’emporte, et Pierre Ferrari devient le temps de cette campagne VRP dalongevillien.

Une mission récompensée par un poste d’adjoint en mars 2008, poste qu’il n’occupe que quelques mois, sa nature et sa soif de liberté de parole prenant rapidement le dessus. La rentrée 2009 est en effet assassine, le maire lui reprochant son manque de solidarité suite à quelques interviews peu amènes sur la situation financière de la Ville. Conséquence inévitable, ses délégations lui seront retirées lors d’un conseil municipal à l’ambiance empoisonnée. Lorsqu’en avril, le maire tombe, il est avec Marie-Noëlle Lienemann en première ligne du clan des démissionnaires, provoquant volontairement une élection partielle. AA : je n'ai jamais compris pourquoi PF n'a jamais pu profiter du fait de s'être rebellé aussi rapidement. Cela aurait dû lui assurer une certaine légitimité. Peut-être aurait-il dû démissionner dès qu'on lui a retiré ses délégations... Élection pour laquelle il compte bien être l’incontournable tête de gondole, mettant en ligne sans le dire à personne, un site Ferrari 2009 qui prendra même son amie Marie-Noëlle de vitesse, elle qui pensait retirer les marrons du feu. AA : je ne pense pas que MNL avait envie de rester sur le secteur. Tout ce qu'elle voulait, c'était d'être en position éligible aux européennes, ce que lui avait promis Percheron... De plus, elle avait vu tant de choses au PS62... Et elle n'a jamais parlé, ce que le PS a su récompenser en lui offrant une place de sénatrice pour prix de son silence... Sauf que les choses ne se passeront pas telles que le leader MJS l’aurait voulu.

Suite à quelques réunions orageuses, Albert Facon, en patron du PS qu’il est alors, se prend violemment le bec avec Lienemann et Ferrari, décidant in fine que la tête de liste de reconquête serait menée par le PRG, Éric Mouton, ancien adjoint de Dalongeville qui avait quitté précipitamment le navire quelques années plus tôt. AA : désignation à la surprise générale, à commencer par celle d'Eric Mouton lui-même... Les portes claquent, les mots se font poignards et, alors que Marie-Noëlle Lienemann fait ses valises, délaissée de tous, Pierre Ferrari peaufine sa contre-attaque. Il réussit à rassembler autour de lui une partie de ses MJS, quelques amis socialistes, une partie du MRC, le PCF et le MoDem : l’attelage original s’appellera « Le Nouvel Élan pour Hénin-Beaumont ». Il part alors à la bataille municipale avec le vent en poupe mais se prendra très vite un vent contraire, la faute en partie à une indélébile étiquette dalongevilienne AA : voir ce que j'ai écrit ci-dessus sur l'erreur magistrale de ne pas avoir démissionné..., poussant les électeurs à donner leur préférence à Daniel Duquenne et son Alliance républicaine. Qui refuseront toute fusion de liste (stratégie gagnante le soir du second tour), renvoyant le Nouvel Élan dans un rôle d’opposant de gauche pendant tout le mandat.

Attention au mur !

Un mandat qui ressemblera à un chemin de croix pour le désormais trentenaire. Qui finit par perdre en chemin l’intégralité des membres historiques du Nouvel Élan, reprochant à leur camarade son égocentrisme et une aventure devenue de moins en moins collective. D’autant plus seul, le jeune Pierre, qu’entre-temps, il a voulu allier vitesse et précipitation. Pestant de voir la fédération PS se refuser à recréer une section à Hénin-Beaumont depuis la dissolution d’avril 2009, il prend l’initiative d’ester en justice contre le Parti socialiste et se prend un mur en retour AA : 2ème erreur, car cela l'a empêché d'être pardonné par le PS. Aux cantonales, il part en dissidence contre Jean-Marie Picque et se prend à nouveau un mur... Aïe !

À quelques semaines des municipales, avec autour de lui une équipe complètement renouvelée et novice, Pierre Ferrari ne désarme pas. Il le claironne haut et fort : il veut se présenter. Même si, financièrement et structurellement, le pari est ardu, le rêve de s’asseoir dans le fauteuil de premier magistrat confinant pratiquement au mirage. La porte de sortie pourrait être une fusion un temps espérée par l’ex-socialiste avec les amis de Georges Bouquillon. Une perspective restée jusqu’ici au stade de vœu pieux mais, qui, allez savoir, dans les jours prochains, pourrait bien reprendre corps… AA : je pense que l'annonce de cette alliance est imminente, et se fera dans l'intérêt bien compris des 2 parties, qui, seules, ne pèsent pas grand chose. Alliance favorisée par le fait que P. Ferrari ne réclame pas la tête de liste...