Cela urge...

De cet éditorial du Monde, on peut tirer les remarques suivantes : - François Hollande ne sait pas s'entourer. - Il n'interfère pas sur le cours de la justice. J'ajoute que les différentes mises en cause dans l'entourage du Président ne sont que le reflet des passe-droits et autres privilèges que se sont octroyés une grande partie des élus de notre pays, tous partis confondus... A ces partis de faire le ménage aujourd'hui, sous peine de voir la grogne descendre dans la rue... Cela urge... 5 décembre 2014 ... À l'Elysée, l'exemplarité en berne C'était le 3  avril  2013, au lendemain de l'aveu par le ministre des finances, Jérôme Cahuzac, qu'il avait bien fraudé le fisc grâce à un compte bancaire non déclaré à l'étranger. Visage fermé, ton solennel, le président de la République était intervenu, depuis l'Elysée, pour tenter de circonscrire l'onde de choc provoquée par ce scandale : " La République, c'est notre bien le plus précieux. Elle est fondée sur la vertu, l'honnêteté, l'honneur. La défaillance d'un homme doit nous rendre encore plus exigeants, plus intransigeants, et je le serai, parce que je sais ce que représente pour les Français cette blessure. L'exemplarité des responsables publics sera totale. C'est mon engagement. Je n'en dévierai pas et les Français doivent en être certains. " Le rappel de ces propos est cruel. Mais nécessaire. Car, depuis cette date, pas moins de quatre collaborateurs ou ministres de François Hollande ont été contraints de démissionner, pour avoir manqué à " l'honnêteté " et à " la vertu ". Le 18  avril  2014, c'était son conseiller politique, Aquilino Morelle, soupçonné de conflit d'intérêts pour des faits remontant à 2007. Le 4  septembre, c'était Thomas Thévenoud, fraîchement nommé secrétaire d'Etat au commerce extérieur et épinglé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique pour avoir négligé de payer ses impôts pendant plusieurs années. Le 21  novembre, c'était Kader Arif, secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants, mis en cause dans une affaire de favoritisme au profit de membres de sa famille. Le 3  décembre, enfin, c'est Faouzi Lamdaoui qui a été contraint de quitter ses fonctions de conseiller " égalité et diversité " à l'Elysée. Il est soupçonné d'abus de biens sociaux pour des faits remontant à 2007-2008. Ancien chef de cabinet du candidat Hollande lors de la primaire socialiste de 2011, puis de sa campagne présidentielle, M.  Lamdaoui appartenait à ce petit noyau de fidèles de longue date de l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste. Mais la reconnaissance de cette fidélité passée n'excuse en rien la mansuétude du chef de l'Etat. En effet, s'il est un point commun entre toutes ces affaires, ce n'est pas seulement le manquement aux règles élémentaires que rappelait M. Hollande le 3  avril  2013 et dont il avait fait le socle de la " République exemplaire " promise en  2012. C'est aussi le défaut de précaution et le défaut d'autorité dont fait preuve, avec constance, le président de la République. Dans le choix de ses ministres et collaborateurs, la vérification préalable qu'ils sont à l'abri de toute poursuite judiciaire devrait être un impératif catégorique, sans égard pour les liens personnels éventuels. L'oublier relève de la négligence, voire de la désinvolture. De même, dès lors qu'un doute existe, le chef de l'Etat devrait trancher sans tergiverser, nonobstant la présomption d'innocence. Or, dans le cas de M. Lamdaoui, M.  Hollande ne pouvait ignorer qu'il faisait l'objet d'une enquête préliminaire ouverte en mai  2012 et que sa comparution dans ce cadre était prévisible depuis l'été. Il n'en a pas tiré les conséquences. Dans chacune de ces affaires, la justice a avancé sans intervention ni injonction du pouvoir exécutif. Tant mieux. Cela ne suffit pas à effacer le constat que la République de François Hollande – ou, à tout le moins, son entourage – n'est pas irréprochable. Et qu'il en est le premier responsable.