Denis Lefebvre (voir son autobiographie : http://www.denislefebvre.fr/), spécialiste du socialisme, est d'une famille de "politiques" : son frère, Alain, est conseiller général-maire d'Aix-Noulette, le fils de ce dernier, Rémi, spécialiste du PS, est professeur de science politique à l’université Lille-2 et chercheur au CNRS; il est l’auteur du livre Les Primaires socialistes, la fin du parti militant (Raisons d’agir, 2011) et, avec Frédéric Sawicki, de La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui (Editions du Croquant, 2006).
Denis, celui qui est interviewé, ci-dessous, est (cf Wikipedia) journaliste professionnel, rédacteur en chef des publications de l'OURS, et directeur de la revue Histoire(s) socialiste(s).
Il préside depuis 1996 le centre Guy Mollet (association créée en 1976) et, depuis 1992, il exerce les fonctions de secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS, fondé en 1969 par Guy Mollet).
Il a fondé en 2003 la collection L’Encyclopédie du socialisme, dont il assure la direction. Cette collection a publié depuis cette date une trentaine d’ouvrages dans des genres très différents : biographies, essais contemporains et historiques, recueil de textes choisis, etc.
J'ajoute qu'il est l'auteur de "Le socialisme pour les nuls", dans la fameuse collection éponyme.
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Le PS va-t-il survivre au quinquennat de François Hollande ?
A moins de quatre mois du congrès de Poitiers, le Parti socialiste est-il menacé d'une scission ? A-t-il déjà connu des crises aussi fortes par le passé ? Alors que la majorité a connu de nouvelles turbulences durant la semaine, avec l'emploi de 49.3 pour faire passer la loi Macron, mardi 17 février, francetv info a interrogé l'historien Denis Lefebvre. Auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire du PS (Le Socialisme pour les nuls, 2008), il est secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS).
Francetv info : Le Parti socialiste a-t-il déjà traversé, dans son histoire, une crise aussi grave que celle d'aujourd'hui ?
Denis Lefebvre : Depuis qu'il existe sous la forme actuelle, c'est-à-dire depuis 1905, le PS a toujours été confronté à un certain nombre de problèmes. L'un d'eux revient de manière récurrente : à chaque fois qu'il est au pouvoir, le Parti socialiste se divise.
Ce fut le cas en 1936, au moment du Front populaire, dans les années 50, avec le gouvernement de Guy Mollet, ou encore sous Mitterrand, après 1981. Et c'est encore le cas aujourd'hui. A chaque fois, deux familles du Parti socialiste s'affrontent, et à chaque fois – ou presque –, cela aboutit à une scission.
Autrement dit, la crise actuelle n'est pas inédite…
Non. Cette division est une constante pour le Parti socialiste. En 1936, un leader socialiste, Marceau Pivert, lance : "Tout est possible." Le lendemain, Léon Blum lui répond : "Tout n'est pas possible." Rendez-vous compte, c'était il y a quatre-vingts ans ! Et pourtant, il s'agissait, grosso modo, de la même question de fond que celle qui agite le PS aujourd'hui.
Quelles sont ces deux familles qui s'opposent ?
Il y a effectivement deux familles au sein de la gauche française : d'une part, une gauche qui choisit de gouverner, avec tous les compromis, les erreurs et les déceptions que cela implique ; et d'autre part, une autre gauche, qui veut toujours aller plus loin, qui a des états d'âme, qui sait qu'elle risque de décevoir une fois au pouvoir, et qui, par conséquent, préfère avoir un pied dedans et un pied dehors. L'épisode actuel illustre bien le fait que ces deux familles existent à gauche, mais qu'elles existent aussi au sein même du Parti socialiste.
Ce qui est tragique, c'est que la gauche qui rêve s'éloigne irrésistiblement de la gauche qui rame.
Vous parliez du risque de scission. Ce risque existe-t-il à nouveau aujourd'hui, à l'approche du congrès de Poitiers, au mois de juin ?
Les périodes de pré-congrès sont toujours difficiles pour le Parti socialiste. Mais chacun sait qu'une crise qui déboucherait sur une scission serait mortifère pour le parti. Si le collectif ne reprend pas le dessus, le risque existe.
L'une des questions clés est de savoir si les rancœurs personnelles qui existent depuis la primaire de 2011 peuvent être mises de côté par les intéressés. A l'époque, les débats se sont bien passés. Mais, à la fin, certains vaincus n'ont pas digéré leur défaite, et se sont engagés en coulisses dans une stratégie personnelle, puis dans l'amorce d'une contestation. C'est un élément essentiel pour comprendre la situation actuelle.
L'aile gauche du PS, elle, justifie sa position en affirmant que la ligne politique actuelle du gouvernement ne correspond pas au cap promis par François Hollande en 2012...
En 2012, François Hollande a été élu sur un beau slogan : "Le changement, c'est maintenant." Le problème, c'est que, dans la situation de crise que nous connaissons, ce choix de slogan était sans doute un petit peu hasardeux. Les frondeurs ont peut-être raison, mais jusqu'à preuve du contraire, leur position n'est pas majoritaire au sein du groupe parlementaire. Peut-être qu'après le Congrès du mois de juin, ils le seront, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas !
En attendant, nous assistons quasiment à une première dans l'histoire du Parti socialiste : une minorité de parlementaires refuse de respecter la ligne majoritaire du parti. Cela pose une vraie question : le PS est-il encore un parti discipliné ?
Pourquoi cette aile gauche du PS ne quitte-t-elle pas le parti ?
Parce que la cohabitation des deux familles, que j'évoquais, est une tradition. Depuis sa fondation, en 1905, le Parti socialiste a toujours fonctionné avec différents courants de pensée, différentes tendances, différentes sensibilités. Fut un temps, par exemple, où cohabitaient au sein de la SFIO des réformistes et des anarcho-syndicalistes ! Mais depuis le congrès d'Epinay, en 1971, le PS a tranché un débat, en se fixant comme objectif d'accéder au pouvoir pour transformer la société.
Cela fait longtemps que la gauche sait qu'elle ne fera plus le grand soir !
Mais manifestement, certains ne suivent pas. Donc soit tout le monde décide de passer outre les querelles de personnes, et privilégie l'intérêt de la France, soit certains quitteront le parti, et provoqueront en effet une scission.
Nous en revenons au risque de scission...
Personnellement, je doute de la réalité de ce risque. Cette hypothèse serait mortifère pour le PS, mais elle serait aussi suicidaire pour ceux qui partiraient. Lorsque vous quittez un parti pour en fonder un autre, c'est parce que vous pensez que vous avez raison. Vous croyez que vous allez pouvoir l'emporter sur la maison-mère, notamment en ramenant à vous, à plus ou moins long terme, une majorité d'élus, d'adhérents, etc. Or, je le répète, dans toute l'histoire du Parti socialiste, jamais une partie scissionniste ne l'a emporté sur la maison-mère.
Quand Marceau Pivert quitte la SFIO en 1936, il ne part pas avec plus de 2 000 ou 3 000 adhérents. Quand naît le Parti socialiste autonome, en 1958, seuls quelques milliers d'adhérents quittent la SFIO. Quand Jean-Pierre Chevènement quitte le PS en 1993, il n'emmène avec lui que quelques centaines d'adhérents. Idem pour Jean-Luc Mélenchon en 2008 : depuis qu'il a quitté le PS, il réussit certes à exister médiatiquement, mais il n'est pas passé devant le PS aux élections. Et au fond, il reste relativement isolé, puisque même ses alliés du PCF gardent quelque peu leurs distances…
Blum disait : 'On n'a jamais raison contre son parti.'
L'an dernier, en juin 2014, Manuel Valls disait : "La gauche peut mourir."L'évolution des événements, depuis, ne renforce-t-elle pas cette hypothèse ?
Il est vrai que c'est une possibilité. Le Parti socialiste est un parti qui existe beaucoup autour de ses élus, de ses bastions électoraux. S'il les perd massivement, cela pose un vrai problème. Deuxièmement, un parti politique n'existe véritablement que s'il a un candidat susceptible de l'emporter à la présidentielle. Si ce n'est pas le cas dans deux ans, cela posera un autre problème de taille. Le Parti socialiste risquerait alors, sinon de mourir, de devenir un parti sérieusement exsangue. Et si l'unité du PS n'est pas préservée, ce risque sera d'autant plus grand.
Comment, alors, le PS peut-il survivre au quinquennat de François Hollande ?
Il n'y a pas trente-six solutions : si la situation fait que François Hollande est en mesure d'être réélu en 2017, les problèmes du PS s'envoleront. "Il faut donner du temps au temps", comme disait François Mitterrand. Mais si la situation ne s'améliore pas, alors le PS doit s'attendre à retrouver l'opposition, avec un parti très affaibli et une gauche très divisée. De là à pronostiquer l'éclatement du parti... D'abord, il est difficile pour un historien de faire des pronostics. Et puis, qui donc aurait cet intérêt au sein du PS ? Absolument personne !
Commentaires AA :
3 remarques préalables :
- la minorité du parti veut imposer ses vues à la majorité du parti, mais ne quitte pas (pour l'instant)le PS
- contrairement au slogan d'Epinay, le PS n'a pas "changé la société"...
- la présidentielle de 2017 sera perdue, si la logique actuelle continue, à savoir pas de résultat sur le plan de l'emploi. Rien ne permet d'envisager le contraire, aujourd'hui...
Il y a 2 lignes aujourd'hui au PS : celle de Valls ("plus à droite") et celle d'Aubry (plus à gauche"). Plutôt que d'un éclatement du parti, il faut s'attendre à une recomposition, lors du congrès de Poitiers de juin prochain. Recomposition interne (si un modus vivendi est trouvé : la fameuse synthèse) ou externe (création d'un nouveau parti rejoint par EELV, les radicaux et certains centristes... avec départ de "frondeurs") ? That's the question !
Du Charlie Hebdo et du Hara Kiri, à la fois... C'est du lourd cette vidéo , c'est vrai, mais à mourir de rire. Car en terre de Groland, sur Canal , ils ont aussi un parti qui sévit, le FNG, le Fion National Grolandais... Ses dirigeants pratiquent "50 nuances de grey" avec pas mal de malheurs... notamment un incendie, dont on connait enfin les raisons!
RépondreSupprimerSi vous voulez bien commencer la journée, bien la poursuivre aussi, visionnez! C'est sur Canal.
50 nuances de graisse, par Les Guignols aussi...
SupprimerEncore faut-il donner le lien... http://www.metronews.fr/culture/video-le-fn-revu-et-corrige-en-mode-sado-maso-par-la-bande-de-groland/mobw!QN5nTvHrwYMys/#.VOw4BvHMwTk.facebook
SupprimerIl ne s'agit ici que de la conservation du pouvoir, rien d'autre. Le peuple ne compte pas.
RépondreSupprimerLe gouvernement va accentuer les réformes libérales et on notera que pour l'ensemble des médias, l'acception retenue pour "réforme", c'est toujours plus de saccage des grandes conquêtes sociales et de civilisation d'après guerre...jamais ce que furent les 35h, la 5ème semaine de congés, le renforcement des pouvoirs des salariés et citoyens ou autres balivernes du même style. Mais ce qui se joue, au plan de la politique politicienne, c'est la mise en oeuvre, à nouveau, du vieux calcul mitterrandien énoncé par Beregovoy : "on a toujours intérêt à pousser le FN, c'est la chance historique du PS car il (le FN) rend la droite inéligible". Le PS, Hollande et consorts ne feront rien pour infléchir l'austérité car c'est cette austérité qui fait le lit du FN qu'Hollande veut affronter dans un duel "républicain" au 2ème tour des présidentielles de 2017. Quant aux risques que cette stratégie comporte, d'abord pour la République elle-même et pour l'ensemble de nos droits aussi, le PS, qui est, hors les "frondeurs" un parti libéral de droite assumé, ne le perçoit peut-être même plus...
RépondreSupprimerle ps est mort en france et ds notre ce n est pas le conseiller d opposition ps qui n habite la ville ou le gendre du maire qui vont relever le score et et le niveau du ps
RépondreSupprimerson gendre a t il changé de bord en envoyer un bisous de loin à un homme du public
Le Pen aurait eu une aventure amoureuse avec... un homme... Pas trop choqué 10H34? Cela vous gêne l'homosexualité? Pourtant!
SupprimerPourquoi Alain,déjà essayé !
Supprimercela ne me gêne pas mais quand on une compagne et quatre enfants je me pose des question il a prit un amant???
Supprimerdes tentations, des tentations peut être? Ach, sacré Jean Marie!
SupprimerAlors, à voile et à vapeur?
SupprimerIl faut que tout change pour que rien ne change
RépondreSupprimerRéformer c'est changer en mieux ce qui est ;presque toutes les réformes faites par le passé ou en cours ont affecté les français d'une façon négative,surtout actuellement étant
RépondreSupprimerempreintes de libéralisme ou d'ultra libéralisme flagrant;ce flambeau de la droite a été repris par la" Hollandie"de manière amplifiée.
Le socialisme dont les représentants ne portent que le nom a mangé son pain blanc;les rats quittent le navire en train de couler,la dissidence n'a pas peur de se montrer ,les courants divers refont surface en espérant grappiller ce qui peut l'être.
RépondreSupprimerLe rejet de la politique menée par le parti rose a pris de l'ampleur et n'a cesse de s'amplifier.
Ah bon? On nous dit pas tout!
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