"Le FN reste résolument un parti d'extrême droite"

 On peut ne pas aimer ce que font les Femen (moi, j'aime bien et non pas seulement pour leur "féminité"...), mais, au moins, elles ont du courage, mettent leurs actes en accord avec leurs propos, et, surtout, révèlent bien le caractère extrémiste du FN.

En effet, on a bien vu, à l'occasion du rassemblement d’hier 1^er mai, de quoi ce parti est capable et comment on peut envisager le pire si, par malheur, il arrivait au pouvoir... On a pu vérifier ce que signifie le respect de la liberté d'expression. Non seulement on a envoyé la milice privée faire taire ces 3 femmes qui manifestaient leur désaccord sans violence (ce n'est pas interdit, en démocratie), non seulement elles ont été prises à partie violemment et insultées, mais les milices ont refusé que certains journalistes (FR5 et Canal plus) soient présents pour faire leur travail. Le FN au pouvoir, il est plus qu'à craindre que la liberté d'expression et, notamment, celle de la presse, soit bafouée et que, pour faire respecter l'ordre, "son" ordre, on utilise les moyens coercitifs des tristement célèbres SS, SA nazis, milices doriotistes de Vichy, Vopo est-allemands, KGB soviétique, ou autres "tontons macoutes" haïtiens. On viole le domicile (la chambre d'hôtel louée par les Femens), sans mandat, sous le regard de la police républicaine... voilà qui rappelle de tristes rafles passées...

J'ai emprunté mon titre à celui d'un article du Monde (http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/10/pourquoi-le-fn-reste-resolument-un-parti-d-extreme-droite_4613845_4355770.html#gIiumVpc3goJt0PB.99) qui faisait remarquer que le FN avait les caractéristiques pour être qualifié ainsi (j'y ajoute la façon dont il entend faire respecter l'ordre, comme il l'a démontré en ce 1er mai) et que je résume, ci-dessous :

- MLP déclare que son parti n'est plus antisémite mais le Front national reste toutefois altérophobe – c’est-à-dire qui vit dans la peur de la différence, de l’autre », rappelle l’historien spécialiste du FN, Nicolas Lebourg

- dans un entretien au Figaro, Marine Le Pen affirme que « rien ne (...) ressemble » à son père dans les propos qu'il a tenus sur le maréchal Pétain, mais se garde bien de définir la ligne officielle du parti sur ce point.

- "Autre caractéristique forte de l’extrême droite, ce que Nicolas Lebourg qualifie « d’autophilie ». Il s'agit de la célébration d’un peuple dont l’âge d’or est passé, menacé d’être « dilué » dans une autre culture, et qu’il s’agirait de régénérer par l’action de l’Etat." Ainsi, "chez certains proches de MLP, l’adhésion à la théorie du « grand remplacement ». Ce concept développé par les identitaires, affirme que l’immigration provoquerait une substitution de population étrangère au détriment de la population française d’origine."

- "Suite logique de la valorisation du peuple français, le FN ne cache pas son souhait d'instaurer une préférence nationale" dans le domaine de l'emploi, du logement social et des allocations familiales. « Cette manière de lier les droits à une origine est tout à fait un point de vue d’extrême droite », selon Nicolas Lebourg. Et, ce, contrairement à la Constitution qui proclame l’égalité des citoyens devant la loi « sans distinction d’origine, de race, ou de religion ».

- Enfin, le FN n'a pas "une vision républicaine" du rôle de l'Etat. "Le parti veut « imposer une norme à l’espace public ». Par exemple, Marine Le Pen souhaite interdire le port de tout signe religieux, voile comme kippa, dans l’espace public, et pas seulement à l’école ».

« L’individu n’est jamais pris comme une personne solitaire mais construite en fonction de la norme érigée par l’Etat. Si on n’entre pas dans le moule, on est un mauvais Français ». L'idéologie frontiste entre alors en conflit avec la notion de liberté individuelle. « Cette vision-là n’est pas républicaine, et on ne retrouve ce genre d’idées dans aucun autre parti politique. ». 

Ce qui fait peur dans cette vision de notre société est que la France soit gangrenée, petit à petit, par cette idéologie d'extrême droite et qu'elle ait beaucoup de mal à s'en extirper (comme au temps de la France de Vichy). Je vous engage fortement à voir le film qui vient de sortir "Le labyrinthe du silence" qui raconte comment un Procureur allemand dût attendre 1963 pour faire juger (procès de Francfort) une partie de ceux qui avaient été les instruments de la Shoah (notamment les responsables à l'intérieur du camp d'Auschwitz), et qui s'étaient réinsérés dans la société allemande, sans problème, l'Allemagne ne voulant pas reconnaître que la très grande majorité des Allemands avaient été nazis : heureusement les jeunes ont voulu savoir ce que l'on leur cachait.  Sur ce film, voir l'excellente critique suivante : http://www.telerama.fr/cinema/films/le-labyrinthe-du-silence,497862.php