Changer la politique (2). Le constat

Parmi les nombreuses raisons à l'origine du désamour entre les Français et la politique, on peut relever les suivantes :

- l'absence de résultat dans la lutte contre le chômage. Ni Sarkozy, hier, ni Hollande, aujourd'hui, n'ont réussi à "inverser la courbe du chômage". Les rodomontades de l'ancien président sur le sujet le décrédibilise, lui qui n'a pas su gérer le problème, pendant sa présidence. Quant à François Hollande, qui a encore 2 ans devant lui pour espérer des résultats, son échec actuel est accentué par le fait qu'il mène une politique différente de celle qu'il prônait lorsqu'il était candidat... Quant au FN, ses solutions (sortie de l'euro, patriotisme économique, préférence nationale, taxes aux frontières...) semblent complètement déphasées avec ce que pense la très grande majorité des économistes, mais aussi avec les recettes utilisées par les quelques pays européens qui réussissent "à s'en sortir". Quand on pense au soutien du FN à Syriza qui voulait s'affranchir de l'euro, et que l'on voit que, face aux réalités de la gestion d'un pays, le gouvernement grec essaye par tout moyen de rester dans l'euro, on se dit que les propositions du FN relèvent au mieux de la démagogie, au pire de l'incompétence. On comprend que les Français soient dubitatifs sur ceux qui les dirigent ou prétendent au pouvoir;

- le rôle de l'Europe est fortement critiqué. Comment, en effet, n'a-t-on pu mettre en place une politique commune en matière de fiscalité, de défense, d'industrie (alors que les réussites de l'Airbus, par exemple, sont partout louangées), de lutte contre le chômage, de relance économique à grande échelle, de droits sociaux (salaire minimum unique ou durée hebdomadaire du travail, par exemple) etc. Il faut dire que ceux qui critiquent ces carences sont les premiers à s'élever contre toute atteinte aux pouvoirs nationaux... Et il est vrai que l'Europe est un bouc-émissaire facile pour beaucoup d'hommes politiques incapables de résoudre les problèmes...

- l'exemplarité des hommes politiques est mise en cause régulièrement : " La réalité est que le moindre écart est perçu comme insupportable dans une période où les Français souffrent. C'est Aquilino Morelle, conseiller du président Hollande, qui fait cirer ses chaussures à l'Elysée. Jérôme Cahuzac, ministre du budget, qui cache de l'argent en Suisse. Le secrétaire d'Etat au tourisme, Thomas Thévenoud, qui ne paie pas ses impôts..." (Le Monde 30/5/2015). Tous les jours, on découvre le comportement des élus, tous partis confondus : Bygmalion, écoutes téléphoniques, sondages de l'Elysée, financement de la campagne présidentielle 2012 pour l'ex-UMP, financement de la campagne des législatives de 2012, allégeance à la Russie (emprunt, soutien politique à Poutine) pour le FN...

- l'inefficacité et l'irresponsabilité des Politiques : "On s'acharne sur des cas pour calmer la frustration de ne pouvoir rien faire sur l'essentiel : le gaspillage public. Un seul exemple. Le Musée des Confluences, à Lyon, qui devait coûter 61  millions, tutoyait les 300  millions lors de son ouverture en  2014. Et c'est la faute à personne. Pas de sanction " (Le Monde 30/5/2015)

- la multiplication des structures (les "strates"): on avait l'occasion unique puisque l'on fusionnait les régions, de supprimer les départements, dont les compétences peuvent être exercées par les Régions, les communes ou les structures intercommunales. Tout cela coûte cher et le citoyen/contribuable en est bien conscient...

- le cumul des mandats a pour conséquence de concentrer les pouvoirs entre les mains de quelques-uns, accentuant la professionnalisation de la politique, d'assurer le fonctionnement autarcique des partis politiques, d'empêcher le renouvellement des générations, sauf, pour les jeunes, à se conformer au moule des partis politiques. 2 exemples de cumul encore plus exagéré que le traditionnel maire en même temps parlementaire : 

* Président de département, vice-président d’agglomération, maire adjoint, attaché parlementaire, chargé de mission de la fédération PS, président de l’office HLM, administrateur d’une société d’autoroutes… Didier Marie, a cumulé durant des années 12 000 euros mensuels et un emploi du temps impossible" (Médiapart 4/6/2015). Record de cumul battu !

* S. Briois, maire d'Hénin-Beaumont, député européen, conseiller communautaire, vice-président du FN (il s'est révolté parce qu'il n'avait pas été élu président du conseil de surveillance de l'hôpital, ni vice-président de l'agglomération... Insatiable !);

- le fonctionnement de nos institutions laissent également dubitatifs les Français : parlement sans pouvoir, rôle contesté du Sénat, dyarchie au sommet de l'Etat, absence de représentation proportionnelle à l'Assemblée Nationale...

A suivre : des propositions.