Bernard Seux, le maire élu donc en 1997, était un autodidacte qui s'était formé à la politique comme premier adjoint de J. Mellick, pendant une petite vingtaine d'années. Ses mandats de conseiller général et de député firent de lui un homme d'expérience, son honnêteté et sa loyauté bâtirent un maire dévoué et respecté par les habitants et le microcosme politique. Certes, ce n'était pas un homme de projet, et la culture, ce n'était pas sa tasse de thé. Quant à l'écologie, lui nourri par la social-démocratie, il ne comprenait pas qu'elle puisse devenir un fondamental de la politique, contrairement à J Mellick qui, dès le début des années 90, publiait une feuille de chou, intitulée : "Rose, rouge, vert"... Chasseur dans une région où les chasseurs flirtaient avec les idées les plus conservatrices, voire d'extrême-droite, l'écologie se résumait, pour lui, au mieux, en une gestion de la nature pour que les chasseurs puissent continuer à pratiquer leur loisir favori. Sur ce sujet, nous ne pouvions pas être d'accord... Dans le cadre de mes compétences, il me laissa agir, mais manifestait souvent son incompréhension. J'ai déjà raconté comment il avait réagi dans le cadre de 2 initiatives que j'avais prises : la journée du 22 septembre "En ville sans ma voiture" tuait le commerce, paraît-il, les jardins ouvriers étaient sources d'ennuis potentiels pour les riverains...
Puisque je rappelais que le bon vivant qu'était Bernard Seux (il appréciait le whisky et les copains...) était un chasseur impénitent, il m'envoya, dès notre première année de mandat, à une assemblée générale des chasseurs de Béthune et environs. Et il me dit qu'il essayerait de nous rejoindre à la fin de l'assemblée... Bien entendu, il s'attendait à me voir lyncher par les participants à la réunion. Et sa surprise fut grande quand il arriva et que la sérénité régnait : j'avais, bien entendu, mis beaucoup d'eau dans mon vin : j'avais expliqué, dès mon discours d'accueil que je n'aimais pas la chasse, mais que les chasseurs, au-delà de leur proverbiale habitude de festoyer, ne me laissaient pas indifférents par leur souci (ambigu, certes) de gérer la nature (les espaces et la faune). Tout cela eut l'heur de plaire à l'assistance, d'où une ambiance sympathique qui étonna B. Seux.
J'eux l'occasion, quelques années plus tard, de me retrouver avec les fédérations locales de chasse, lors de leurs assemblées générales départementales et régionale... J'y reviendrai, mais là aussi, malgré d'importantes divergences (notamment sur les dates d'ouverture de la chasse, la gestion des zones naturelles...), les rencontres se passaient étonnamment bien.
Durant notre mandat, nous eûmes l'occasion de nous jumeler avec la ville malienne de Tringa-Marena (13 000 habitants environ). Cela entrait dans le cadre de la coopération régionale entre le Conseil régional et la province de Kayes. Le lycée de la ville de Kayes était d'ailleurs jumelé avec le lycée Louis-Blaringhem de Béthune (ancien lycée de garçons que j'avais fréquenté de la classe de 11ème, l'équivalent du CP, jusqu'en terminal soit pendant 12 ans...). Nous nous rendîmes dans cette ville de Marena-Tringa en octobre 1999 (une charte de coopération fut signée à Béthune le 22 septembre 2000). Nous étions 4 élus : outre le Maire et moi-même, nous accompagnaient Henri Boulet, maire de la commune associée de Verquigneul, et Bertrand Péricaud, adjoint en charge de l'enseignement. De Bamako à Kayes, nous prîmes le train, puis, nous empruntâmes 2 taxis-brousse pour nous rendre à Marena. Quelle ne fut pas ma surprise de voir les 2 taxis s'arrêter brusquement, les 2 chauffeurs en sortir, épauler un fusil et abattre quelques perdrix qui passaient par là. Mes collègues rirent beaucoup devant ma mine perplexe, voire effarée. Nous offrîmes ces oiseaux à nos hôtes. Nous nous attendions à ce que l'on nous cuisine ces perdrix à l'occasion de l'un de nos repas. Rien pendant les quatre premiers jours. Mais le cinquième, juste avant notre départ, on nous les servit en guise de petit-déjeuner... Mes amis élus firent une mine dégoûtée et commencèrent à manger leur pain-beurre-confiture, ces 2 derniers ingrédients apportés par leurs soins... Dans la marmite baignaient, dans une sauce à base de cacahuètes, les morceaux de perdrix que je me mis à dévorer à pleine dents tant le mets était délicieux. Les autres me regardèrent d'un air désolé, en me disant que c'était hors de leurs habitudes. Bertrand P me voyant me régaler ainsi, goûta à son tour et apprécia comme moi ce plat merveilleusement cuisiné. Rien n'y fit pour les 2 autres qui n'eurent jamais l'occasion d'apprécier la cuisine locale et pourtant l'un comme l'autre étaient de grands chasseurs devant l’Éternel. Ce fut à mon tour de me moquer d'eux et de les titiller en insistant sur le fait qu'un chasseur devrait manger les fruits d'une chasse, sinon c'était une pratique à réprouver... Je vous avais dit que Bernard Seux était conservateur : rien de tel qu'un pain-confiture-café au lait au petit-déjeuner !
A suivre.
Une pensée pour Didier Cailluyere.
RépondreSupprimerNous sommes nombreux à penser à lui...
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