dimanche 6 décembre 2015

Y a-t-il des raisons d'être optimiste ? Je ne le pense pas...

L'article, ci-dessous, tente d'expliquer pourquoi l'écologie ne convainc pas la majorité des Français, alors que l'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit, purement et simplement, de l'avenir de l'Humanité à travers un réchauffement climatique difficile à nier aujourd'hui et dont les conséquences sont pourtant évidentes. Certes, le texte, on le verra, n'est pas complètement négatif, mais quand même...
Je voudrais ajouter quelques autres remarques, pouvant expliquer l'attitude incrédule d'une grande majorité de Français.
- Au delà du fait que la COP21 a eu un retentissement quelque peu effacé par les événements vécus ces dernières semaines, les Français pensent, en général, que l'on trouvera toujours des solutions pour s'adapter à l'augmentation des températures. N'oublions pas non plus que ce sont les pays pauvres qui pâtiront, en premier, des conséquences les plus dramatiques...
- Les partis politiques (à part, EELV, le Parti de Gauche et Nouvelle Donne) n'ont pas pris en compte, lorsqu'ils étaient au pouvoir, mais également dans l'opposition, l'enjeu du problème. Entre ceux qui n'ont aucun programme environnemental, ceux qui parlent de développement durable parce que c'est une mode, et ceux qui reculent devant les groupes de pression, les partis mènent une politique irresponsable !
- Si l'on veut prendre les mesures drastiques qui s'imposent (au-delà de ne plus recourir aux énergies fossiles), il faut envisager un nouveau mode de société, mettant en cause le libéralisme économique et financier, le mythe de la croissance (nous sommes dans un monde fini...), les modes de production, la consommation, etc. Ce programme n'est pas très "vendeur", en effet...
- C'est l'ensemble des états qui doivent prendre des mesures pour revoir leur mode de fonctionnement et passer, pour les pays riches, à une solidarité envers les plus pauvres. Les réticences sont nombreuses sur ce point... La COP21, qui doit aboutir à un accord sur ce point, pourrait ne pas être à la hauteur... 

L'écologie, j’y pense et puis j’oublie
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 03.12.2015 à 18h00 | Par Catherine Vincent

Bien sûr, il y eut toutes ces paires de chaussures entassées à Paris, place de la République, à l’initiative du mouvement mondial de mobilisation citoyenne Avaaz. Il y eut cette chaîne humaine de plusieurs milliers de personnes se donnant la main, le long du boulevard Voltaire, à l’appel d’Attac et d’Alternatiba. Et d’autres rassemblement symboliques, organisés ce même jour à Toulouse, Marseille et ailleurs. Mais l’essentiel aura manqué. En rendant possible l’interdiction de la Marche mondiale pour le climat, qui devait se tenir dans les villes de France dimanche 29 novembre en marge de la COP21, ainsi que de la Marche pour la justice climatique du 12 décembre, l’état d’urgence décrété après les attentats du 13 novembre a considérablement affaibli la visibilité de cet événement citoyen. Ses organisateurs n’avaient vraiment pas besoin de ça. Eux qui, année après année, ont déjà tant de peine à sensibiliser l’opinion sur l’état de santé gravissime de notre planète.

Car c’est un fait. Les conférences sur l’environnement ont beau se multiplier, les rapports alarmants s’accumuler, qui, tous, font craindre une catastrophe écologique globale, la mobilisation de chacun face à ce cri d’alar­me reste dérisoire. Effectuée en mars par BVA, une étude d’opinion révélait que la lutte­ contre le réchauffement est une priorité pour seulement 13 % des sondés, très loin derrière celle qui doit être menée contre le chômage (60 %), contre le terrorisme (41 %) ou pour la défense du pouvoir d’achat (36 %). Confronté au mot « écologie », le citoyen lambda se sent au mieux vaguement concerné. Au pire excédé, voire saisi d’une envie de fuir. Pourquoi un tel décalage ?

Vocabulaire et connaissances complexes
En raison, d’abord, de la difficulté du sujet. Parce qu’elle interagit avec le champ des sciences, de l’économie, des questions sociales, l’écologie nécessite, pour être intelligible, un vocabulaire et des connaissances complexes. Les rendre accessibles est une tâche ardue. Il y a bien un public, comme en témoignent, en France, les lecteurs des sites alternatifs tels que Reporterre, Terra Eco ou Bastamag. Mais ces médias restent fragiles, et leur propos ignoré du plus grand nombre.
En raison, aussi, de l’énormité du problème. « L’urgence écologique mobilise peu parce que les causes de ce qui nous arrive sont lointaines et invisibles. Parce que cela demande de s’in­téresser aux inégalités, comme l’a bien souligné le pape François dans son encyclique Laudato Si, publiée en juin dernier. Parce que c’est un sujet de guerre, qui implique d’accepter les situations de conflit – par exemple, entre l’énergie nucléaire et les énergies alternatives. C’est donc un sujet qui rend fou », résume le sociologue et philosophe Bruno Latour. D’autant plus, ajoute-t-il, qu’il aurait fallu agir contre le réchauffement climatique dès les années 1980, et qu’il est désormais trop tard pour éviter des conséquences graves. « Il faut donc absorber cette ­situation d’irréversibilité, en assumer la responsabilité sans en supporter trop durement la ­culpabilité… Tout ça est très dur à avaler. » Face aux problèmes les plus graves, le déni de réalité est une attitude courante. Surtout lorsque domine le sentiment d’impuissance. Et qu’on appartient, comme le dit joliment le philo­sophe Dominique Bourg, à une espèce plus Homo faber qu’Homo sapiens.
« Ce qui nous fait vraiment bouger, c’est d’être confronté à un danger sensible et immédiat. Les représentations abstraites, elles, n’ont guère d’influence sur notre conduite », souligne-t-il. Entendre à longueur d’année que des seuils de dégradation de l’environnement irréversibles ont été dépassés peut entraîner une réaction du type : « Alors à quoi bon ? Profitons de ce qui nous reste avant que tout s’effondre. » Mauvaise réponse, évidemment, puisqu’il est encore temps d’éviter le pire.
Oui, mais à quel prix ? Car plus personne ne se fait d’illusions : enrayer durablement la crise écologique actuelle implique de redéfinir nos relations avec le monde dans lequel nous vivons. De profonds changements de mode de vie, portant aussi bien sur notre alimentation que sur nos moyens de transport, sur nos ressources énergétiques que sur notre modèle de productivité. Pas franchement réjouissant par les temps qui courent. « Nous sommes dans une crise économique qui dure. Ce n’est pas la meilleure situation pour imaginer un changement radical dont on ne connaît pas le résultat et dont la nécessité reste en partie invisible », souligne Lucile Schmid, membre du bureau exécutif d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Coauteur avec Edouard Gaudot et Benjamin Joyeux d’un décapant Manifeste des écologistes atterrés, elle sait que même si l’économie verte engendre à terme des emplois, la période d’ajustement sera rude.

Un discours moralisateur qui irrite
« Ce n’est pas l’écologie qui résoudra le chômage. Cette période de transition génère donc une réelle angoisse que la vie se transforme et qu’on y perde en confort », admet-elle. Moins consommer, moins se chauffer, manger moins de viande… Pas très glamour, tout ça. « Le projet écologique remet fortement en cause la place de la croissance, qui reste une notion essentielle pour penser la puissance d’une nation, la santé de son économie et le bien-être social », poursuit Lucile Schmid. Le mot« décroissance » fait peur, le discours ­moralisateur des écologistes irrite. Et l’on s’interroge : « A quoi bon agir si les grands de ce monde ne le font pas ? » Le citoyen veut bien se donner du mal pour trier ses déchets, mais quand il apprend que le géant de l’automobile Volkswagen truque ses moteurs diesel ou que la firme pétrolière Total affiche des profits indécents, la tentation est forte d’envoyer tout promener.
D’autant que l’« écolo attitude » l’entraîne vite dans une spirale de contradictions, qui décourage les meilleures volontés. Opter pour les ampoules basse tension ? Leur recyclage est énergivore et polluant. Manger du poisson d’aquaculture pour lutter contre l’épuisement des ressources maritimes ? C’est oublier l’impact de cette activité pour les ­côtes et les conditions sanitaires de production. Bannir la fourrure ? La principale alternative est un tissu synthétique à base de ­pétrole. Et ainsi de suite.
Détail supplémentaire : l’écologie est souvent perçue comme un luxe que tous ne peuvent pas s’offrir. De fait, l’autocar polluant coûte moins cher que le train, l’alimentation bio plus que celle issue de l’industrie. Mais il est aussi des mesures qui ne coûtent rien, voire qui font faire des économies : éteindre les lumières, utiliser les transports en commun, recycler au lieu de ­jeter… Des leviers sur lesquels il faudrait s’appuyer largement pour que l’écologie soit perçue comme une opportunité plutôt que comme une contrainte.

Car le terreau est fertile. « En vingt ans, les modes de vie sont devenus plus sobres. Que ce soit en termes d’écogestes, de transport, de chauffage ou de consommation durable, de nouvelles évidences tendent à s’installer, rappelle Lucile Schmid. Lorsque l’écologie rime avec l’économie de coûts ou les emplois ­locaux, les citoyens sont prêts à changer leurs habitudes quotidiennes. » En janvier 2014, une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) indiquait ainsi que plus de 80 % des Français utilisent désormais des sacs réutilisables pour faire leurs courses, tandis que 66 % choisissent en premier lieu la consommation de produits de proximité. Des petits riens au regard des changements qu’il faudrait consentir, mais qui ne demandent qu’à être cultivés.


C’est aussi ce qu’a remarqué la médiatrice culturelle Chantal Latour – épouse de Bruno – en participant à la mise en œuvre du spectacle Le monde et nous. Cette création artistique, dont le thème était lié au changement climatique, a été réalisée avec une cinquantaine d’habitants de Poitou-Charentes. Qu’est-ce que ces citoyens avaient envie de dire, en marge de la COP21 à venir ? En quoi se sentent-ils concernés ? Comment en parlent-ils ? « Au cours des discussions et des ateliers qui ont précédé le spectacle, il nous est vite apparu que le mot “écologie” était très loin des préoccupations de ceux que nous venions solliciter, raconte-t-elle. C’est même un mot qu’ils auraient tendance à rejeter, car pour eux, les écologistes sont des gens complètement déconnectés de la nature et de la réalité. Mais il suffit d’évoquer des choses concrètes, de parler énergie, déchets, biodiversité, agriculture ou pollution pour découvrir que ces sujets les préoccupent. » Et que l’envie d’agir n’est pas loin, pour peu que la démarche ne soit pas trop sacrificielle.


Rendre l’écologie désirable, donc… Mais comment ? En évoquant la qualité de vie, par exemple. « Les aspects des modes de vie qui sont mis en cause par les pollutions et par les dégradations des ressources et des milieux ­naturels (habitat, alimentation, travail, loisirs), et les problèmes de santé qui peuvent s’ensuivre, constituent autant d’aspects propices aux ­convergences entre l’idée de qualité de vie et celle de développement durable », constate le sociologue Marcel Jollivet, cofondateur de la revue Natures Sciences Sociétés. En témoigne l’ampleur qu’a prise au Royaume-Uni la ­démarche participative « Incredible Edible » fondée sur le jardinage urbain. Lancée en 2008 par deux mères de famille de ­Todmorden, ville du nord de l’Angleterre fortement touchée par la crise économique, elle a pour objet de transformer l’espace public en jardin potager gratuit. En France, une action similaire se développe ­timidement sous la bannière « Les Incroyables Comestibles »  à Bayonne notamment, où jardiniers et artistes cultivent leurs potagers ensemble et partagent leurs récoltes avec les habitants.


Exemple anecdotique ? Bien au contraire. Car les initiatives de ce type se multiplient dans la société civile, qui concernent aussi bien l’utilisation de l’épargne que l’agriculture urbaine, la consommation responsable ou l’habitat participatif. C’est l’association Terre de liens, qui fait appel à l’épargne ­citoyenne pour acheter des fermes destinées à l’agriculture bio. C’est le mouvement des ­Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), fort de 50 000 adhérents. C’est l’habitat participatif, mixant espaces privés et publics et décidant de façon collective à la fois de la conception de l’immeuble et du choix des matériaux. Ce sont les économies coopérative, collaborative ou circulaire, soit autant de manières nouvelles d’échanger biens et services… Chez les scientifiques transformés en lanceurs d’alerte, chez les agriculteurs, les architectes, les partisans du « green high-tech », partout émergent réflexions et projets visant une ­société plus juste et plus respectueuse de son environnement.
« Sur tous les territoires existent des foyers de mobilisation, une défense des alternatifs et des luttes locales, dont certaines commencent à faire tache d’huile », affirme Edouard Gaudot, conseiller politique du groupe Verts/ALE au Parlement européen. En résonance avec cette évolution, les politiques écologiques ont pris de l’ampleur à l’échelle des régions, des grandes villes et des collectivités territoriales. « Elles ont aujourd’hui une vraie ­consistance en matière d’aménagement ­urbain et font le lien entre politiques sociales et préoccupations environnementales », estime Lucile Schmid.
Mais tout cela ne suffit pas à provoquer un véritable élan citoyen, ni à sensibiliser le plus grand nombre. Entre cette « écologie en actes » et le niveau national, il y a selon elle un véritable « chaînon manquant », qui empêche d’amorcer le virage à grande échelle. Un vide politique propre à tous les pays occidentaux, mais dont l’absence se ­ferait particulièrement sentir en France.

Spécificité française
Pourquoi ? Le fait que le parti EELV soit au plus bas – dans les intentions de vote comme dans la mise au point de son projet – n’aide évidemment pas. Mais cette faiblesse ne constitue pas en soi une explication : dans des pays où la conscience environnementale est élevée (Pays-Bas, Danemark), les partis correspondant sont faibles, mais les préoccupations écologiques sont prises en compte par l’ensemble des partis politiques. Si spécificité française il y a, elle serait plutôt à chercher, selon Lucile Schmid, dans son modèle démocratique très centralisé, qui limite le rôle des territoires et de l’expérimentation.

« L’Etat et le marché ont ceci en commun que les initiatives locales ne les intéressent pas. Ils ont la même tendance monopolistique, normalisatrice qui écrase toute possibilité d’innovation », analyse Edouard Gaudot. Proche collaborateur de Daniel Cohn-Bendit, ce jeune conseiller politique n’en est pas moins convaincu : sur le terrain, la révolution écologique est en marche. « Face aux initiatives qui émergent un peu partout, les partis politiques devraient devenir des incubateurs de projets. Ce serait plus efficace que de s’épuiser à faire des amendements qui ne changeront pas grand-chose, ou de se battre pour des normes environnementales contraignantes qui de toute façon ne seront pas respectées, ­estime-t-il. Nous devons être le garant que ni l’Etat ni les marchés ne viennent détruire ce qui veut émerger sur le territoire. » Ce qui « cherche le jour », et qui contribuera demain, à l’échelle citoyenne, à soigner notre planète.

7 commentaires:

  1. Bravo au fdg et aux écolos, branlées sur branlées pour les inutiles.

    RépondreSupprimer
  2. je vois beaucoup de militants FN remercier La Voix Du Nord...

    RépondreSupprimer
  3. Pas de gorilot ni de David préfèrent en envoyer une personne présence de tondelierr et deneville très argneux

    RépondreSupprimer
  4. 21H48, encore un beau con...tre!

    RépondreSupprimer
  5. Bisous à la voix du nord

    RépondreSupprimer