L'article, ci-dessous, tente d'expliquer pourquoi l'écologie ne convainc pas la majorité des Français, alors que l'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit, purement et simplement, de l'avenir de l'Humanité à travers un réchauffement climatique difficile à nier aujourd'hui et dont les conséquences sont pourtant évidentes. Certes, le texte, on le verra, n'est pas complètement négatif, mais quand même...
Je voudrais ajouter quelques autres remarques, pouvant expliquer l'attitude incrédule d'une grande majorité de Français.
- Au delà du fait que la COP21 a eu un retentissement quelque peu effacé par les événements vécus ces dernières semaines, les Français pensent, en général, que l'on trouvera toujours des solutions pour s'adapter à l'augmentation des températures. N'oublions pas non plus que ce sont les pays pauvres qui pâtiront, en premier, des conséquences les plus dramatiques...
- Les partis politiques (à part, EELV, le Parti de Gauche et Nouvelle Donne) n'ont pas pris en compte, lorsqu'ils étaient au pouvoir, mais également dans l'opposition, l'enjeu du problème. Entre ceux qui n'ont aucun programme environnemental, ceux qui parlent de développement durable parce que c'est une mode, et ceux qui reculent devant les groupes de pression, les partis mènent une politique irresponsable !
- Si l'on veut prendre les mesures drastiques qui s'imposent (au-delà de ne plus recourir aux énergies fossiles), il faut envisager un nouveau mode de société, mettant en cause le libéralisme économique et financier, le mythe de la croissance (nous sommes dans un monde fini...), les modes de production, la consommation, etc. Ce programme n'est pas très "vendeur", en effet...
- C'est l'ensemble des états qui doivent prendre des mesures pour revoir leur mode de fonctionnement et passer, pour les pays riches, à une solidarité envers les plus pauvres. Les réticences sont nombreuses sur ce point... La COP21, qui doit aboutir à un accord sur ce point, pourrait ne pas être à la hauteur...
L'écologie, j’y pense et puis j’oublie
LE MONDE
CULTURE ET IDEES | 03.12.2015 à 18h00 | Par Catherine
Vincent
Bien sûr, il y eut
toutes ces paires de chaussures entassées à Paris, place de la République, à
l’initiative du mouvement mondial de mobilisation citoyenne Avaaz. Il y eut
cette chaîne humaine de plusieurs milliers de personnes se donnant la main, le
long du boulevard Voltaire, à l’appel d’Attac et d’Alternatiba. Et d’autres
rassemblement symboliques, organisés ce même jour à Toulouse, Marseille et
ailleurs. Mais l’essentiel aura manqué. En rendant possible l’interdiction de
la Marche mondiale pour le climat, qui devait se tenir dans les villes de
France dimanche 29 novembre en marge de la COP21, ainsi que de la Marche
pour la justice climatique du 12 décembre, l’état d’urgence décrété après
les attentats du 13 novembre a considérablement affaibli la visibilité de
cet événement citoyen. Ses organisateurs n’avaient vraiment pas besoin de ça.
Eux qui, année après année, ont déjà tant de peine à sensibiliser l’opinion sur
l’état de santé gravissime de notre planète.
Car c’est un
fait. Les conférences sur l’environnement ont beau se multiplier, les rapports
alarmants s’accumuler, qui, tous, font craindre une catastrophe écologique
globale, la mobilisation de chacun face à ce cri d’alarme reste dérisoire.
Effectuée en mars par BVA, une étude d’opinion révélait que la lutte contre le
réchauffement est une priorité pour seulement 13 % des sondés, très loin
derrière celle qui doit être menée contre le chômage (60 %), contre le
terrorisme (41 %) ou pour la défense du pouvoir d’achat (36 %).
Confronté au mot « écologie », le citoyen lambda se sent au mieux
vaguement concerné. Au pire excédé, voire saisi d’une envie de fuir. Pourquoi
un tel décalage ?
Vocabulaire et connaissances complexes
En raison,
d’abord, de la difficulté du sujet. Parce qu’elle interagit avec le champ des
sciences, de l’économie, des questions sociales, l’écologie nécessite, pour
être intelligible, un vocabulaire et des connaissances complexes. Les rendre
accessibles est une tâche ardue. Il y a bien un public, comme en témoignent, en
France, les lecteurs des sites alternatifs tels que Reporterre, Terra Eco ou
Bastamag. Mais ces médias restent fragiles, et leur propos ignoré du plus grand
nombre.
En raison,
aussi, de l’énormité du problème. « L’urgence écologique mobilise
peu parce que les causes de ce qui nous arrive sont lointaines et
invisibles. Parce que cela demande de s’intéresser aux inégalités, comme l’a
bien souligné le pape François dans son encyclique Laudato Si,
publiée en juin dernier. Parce que c’est un sujet de guerre, qui implique
d’accepter les situations de conflit – par exemple, entre l’énergie nucléaire
et les énergies alternatives. C’est donc un sujet qui rend fou », résume
le sociologue et philosophe Bruno Latour. D’autant plus, ajoute-t-il, qu’il
aurait fallu agir contre le réchauffement climatique dès les années 1980, et
qu’il est désormais trop tard pour éviter des conséquences graves. « Il
faut donc absorber cette situation d’irréversibilité, en assumer la
responsabilité sans en supporter trop durement la culpabilité… Tout ça est
très dur à avaler. » Face aux problèmes les plus graves, le déni
de réalité est une attitude courante. Surtout lorsque domine le sentiment
d’impuissance. Et qu’on appartient, comme le dit joliment le philosophe
Dominique Bourg, à une espèce plus Homo faber qu’Homo
sapiens.
« Ce
qui nous fait vraiment bouger, c’est d’être confronté à un danger sensible et
immédiat. Les représentations abstraites, elles, n’ont guère d’influence sur
notre conduite »,
souligne-t-il. Entendre à longueur d’année que des seuils de dégradation de
l’environnement irréversibles ont été dépassés peut entraîner une réaction du
type : « Alors à quoi bon ? Profitons de ce qui nous
reste avant que tout s’effondre. » Mauvaise réponse, évidemment,
puisqu’il est encore temps d’éviter le pire.
Oui, mais à
quel prix ? Car plus personne ne se fait d’illusions : enrayer
durablement la crise écologique actuelle implique de redéfinir nos relations
avec le monde dans lequel nous vivons. De profonds changements de mode de vie,
portant aussi bien sur notre alimentation que sur nos moyens de transport, sur
nos ressources énergétiques que sur notre modèle de productivité. Pas
franchement réjouissant par les temps qui courent. « Nous sommes dans
une crise économique qui dure. Ce n’est pas la meilleure situation pour
imaginer un changement radical dont on ne connaît pas le résultat et dont la
nécessité reste en partie invisible », souligne Lucile Schmid,
membre du bureau exécutif d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Coauteur avec
Edouard Gaudot et Benjamin Joyeux d’un décapant Manifeste des
écologistes atterrés, elle sait que même si l’économie verte engendre
à terme des emplois, la période d’ajustement sera rude.
Un discours moralisateur qui irrite
« Ce
n’est pas l’écologie qui résoudra le chômage. Cette période de transition
génère donc une réelle angoisse que la vie se transforme et qu’on y perde en
confort », admet-elle.
Moins consommer, moins se chauffer, manger moins de viande… Pas très glamour,
tout ça. « Le projet écologique remet fortement en cause la place
de la croissance, qui reste une notion essentielle pour penser la puissance
d’une nation, la santé de son économie et le bien-être social »,
poursuit Lucile Schmid. Le mot« décroissance » fait peur,
le discours moralisateur des écologistes irrite. Et l’on s’interroge : « A
quoi bon agir si les grands de ce monde ne le font pas ? » Le
citoyen veut bien se donner du mal pour trier ses déchets, mais quand il
apprend que le géant de l’automobile Volkswagen truque ses moteurs diesel ou
que la firme pétrolière Total affiche des profits indécents, la tentation est
forte d’envoyer tout promener.
D’autant que
l’« écolo attitude » l’entraîne vite dans une spirale de contradictions,
qui décourage les meilleures volontés. Opter pour les ampoules basse
tension ? Leur recyclage est énergivore et polluant. Manger du poisson
d’aquaculture pour lutter contre l’épuisement des ressources maritimes ?
C’est oublier l’impact de cette activité pour les côtes et les conditions
sanitaires de production. Bannir la fourrure ? La principale alternative
est un tissu synthétique à base de pétrole. Et ainsi de suite.
Détail
supplémentaire : l’écologie est souvent perçue comme un luxe que tous ne peuvent
pas s’offrir. De fait, l’autocar polluant coûte moins cher que le train,
l’alimentation bio plus que celle issue de l’industrie. Mais il est aussi des
mesures qui ne coûtent rien, voire qui font faire des économies : éteindre
les lumières, utiliser les transports en commun, recycler au lieu de jeter…
Des leviers sur lesquels il faudrait s’appuyer largement pour que l’écologie
soit perçue comme une opportunité plutôt que comme une contrainte.
Car le terreau est fertile. « En vingt
ans, les modes de vie sont devenus plus sobres. Que ce soit en termes
d’écogestes, de transport, de chauffage ou de consommation durable, de
nouvelles évidences tendent à s’installer, rappelle Lucile Schmid. Lorsque
l’écologie rime avec l’économie de coûts ou les emplois locaux, les citoyens
sont prêts à changer leurs habitudes quotidiennes. » En
janvier 2014, une enquête du Centre de recherche pour l’étude et
l’observation des conditions de vie (Crédoc) indiquait ainsi que plus de
80 % des Français utilisent désormais des sacs réutilisables pour faire
leurs courses, tandis que 66 % choisissent en premier lieu la consommation
de produits de proximité. Des petits riens au regard des changements qu’il
faudrait consentir, mais qui ne demandent qu’à être cultivés.
C’est aussi ce qu’a remarqué la
médiatrice culturelle Chantal Latour – épouse de Bruno – en participant à la
mise en œuvre du spectacle Le
monde et nous. Cette
création artistique, dont le thème était lié au changement climatique, a été
réalisée avec une cinquantaine d’habitants de Poitou-Charentes. Qu’est-ce que
ces citoyens avaient envie de dire, en marge de la COP21 à venir ? En quoi
se sentent-ils concernés ? Comment en parlent-ils ? « Au
cours des discussions et des ateliers qui ont précédé le spectacle, il nous est
vite apparu que le mot “écologie” était très loin des préoccupations de ceux
que nous venions solliciter, raconte-t-elle. C’est même un
mot qu’ils auraient tendance à rejeter, car pour eux, les écologistes sont des
gens complètement déconnectés de la nature et de la réalité. Mais il suffit
d’évoquer des choses concrètes, de parler énergie, déchets, biodiversité,
agriculture ou pollution pour découvrir que ces sujets les préoccupent. » Et que l’envie d’agir n’est pas loin, pour peu que la
démarche ne soit pas trop sacrificielle.
Rendre l’écologie désirable, donc… Mais
comment ? En évoquant la qualité de vie, par exemple. « Les
aspects des modes de vie qui sont mis en cause par les pollutions et par les
dégradations des ressources et des milieux naturels (habitat, alimentation,
travail, loisirs), et les problèmes de santé qui peuvent s’ensuivre,
constituent autant d’aspects propices aux convergences entre l’idée de qualité
de vie et celle de développement durable », constate le sociologue Marcel Jollivet, cofondateur de la
revue Natures
Sciences Sociétés. En témoigne l’ampleur qu’a prise au
Royaume-Uni la démarche participative « Incredible Edible » fondée sur le jardinage urbain. Lancée en 2008 par deux
mères de famille de Todmorden, ville du nord de l’Angleterre fortement touchée
par la crise économique, elle a pour objet de transformer l’espace public en
jardin potager gratuit. En France, une action similaire se développe timidement
sous la bannière « Les Incroyables Comestibles » – à Bayonne notamment, où jardiniers et artistes
cultivent leurs potagers ensemble et partagent leurs récoltes avec les
habitants.
Exemple
anecdotique ? Bien au contraire. Car les initiatives de ce type se
multiplient dans la société civile, qui concernent aussi bien l’utilisation de
l’épargne que l’agriculture urbaine, la consommation responsable ou l’habitat
participatif. C’est l’association Terre de liens, qui fait appel à l’épargne citoyenne
pour acheter des fermes destinées à l’agriculture bio. C’est le mouvement des Associations
pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), fort de 50 000
adhérents. C’est l’habitat participatif, mixant espaces privés et publics et
décidant de façon collective à la fois de la conception de l’immeuble et du
choix des matériaux. Ce sont les économies coopérative, collaborative ou circulaire,
soit autant de manières nouvelles d’échanger biens et services… Chez les
scientifiques transformés en lanceurs d’alerte, chez les agriculteurs, les
architectes, les partisans du « green high-tech »,
partout émergent réflexions et projets visant une société plus juste et plus
respectueuse de son environnement.
« Sur
tous les territoires existent des foyers de mobilisation, une défense des
alternatifs et des luttes locales, dont certaines commencent à faire tache
d’huile », affirme
Edouard Gaudot, conseiller politique du groupe Verts/ALE au Parlement européen.
En résonance avec cette évolution, les politiques écologiques ont pris de
l’ampleur à l’échelle des régions, des grandes villes et des collectivités
territoriales. « Elles ont aujourd’hui une vraie consistance en
matière d’aménagement urbain et font le lien entre politiques sociales et
préoccupations environnementales », estime Lucile Schmid.
Mais tout
cela ne suffit pas à provoquer un véritable élan citoyen, ni à sensibiliser le
plus grand nombre. Entre cette « écologie en actes » et
le niveau national, il y a selon elle un véritable « chaînon
manquant », qui empêche d’amorcer le virage à grande échelle. Un
vide politique propre à tous les pays occidentaux, mais dont l’absence se ferait
particulièrement sentir en France.
Spécificité française
Pourquoi ?
Le fait que le parti EELV soit au plus bas – dans les intentions de vote comme
dans la mise au point de son projet – n’aide évidemment pas. Mais cette
faiblesse ne constitue pas en soi une explication : dans des pays où la
conscience environnementale est élevée (Pays-Bas, Danemark), les partis
correspondant sont faibles, mais les préoccupations écologiques sont prises en
compte par l’ensemble des partis politiques. Si spécificité française il y a,
elle serait plutôt à chercher, selon Lucile Schmid, dans son modèle
démocratique très centralisé, qui limite le rôle des territoires et de
l’expérimentation.
« L’Etat
et le marché ont ceci en commun que les initiatives locales ne les intéressent
pas. Ils ont la même tendance monopolistique, normalisatrice qui écrase toute
possibilité d’innovation », analyse Edouard Gaudot. Proche collaborateur de Daniel
Cohn-Bendit, ce jeune conseiller politique n’en est pas moins convaincu :
sur le terrain, la révolution écologique est en marche. « Face aux
initiatives qui émergent un peu partout, les partis politiques devraient
devenir des incubateurs de projets. Ce serait plus efficace que de s’épuiser à
faire des amendements qui ne changeront pas grand-chose, ou de se battre pour
des normes environnementales contraignantes qui de toute façon ne seront pas
respectées, estime-t-il. Nous devons être le garant que ni
l’Etat ni les marchés ne viennent détruire ce qui veut émerger sur le
territoire. » Ce qui « cherche le jour », et
qui contribuera demain, à l’échelle citoyenne, à soigner notre planète.
Bravo au fdg et aux écolos, branlées sur branlées pour les inutiles.
RépondreSupprimerje vois beaucoup de militants FN remercier La Voix Du Nord...
RépondreSupprimerPas de gorilot ni de David préfèrent en envoyer une personne présence de tondelierr et deneville très argneux
RépondreSupprimer21H48, encore un beau con...tre!
RépondreSupprimerNon un très réaliste.
SupprimerBisous à la voix du nord
RépondreSupprimerJe t'aime ,moi non plus !Serge à VDN !
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