Le football, un sport qui hérisse le Front national
LE MONDE | Par Olivier Faye
Les responsables du Front national (FN) font parfois s’entrechoquer les deux mots, aux sonorités voisines : « Le foot ? Je m’en fous. » La députée de Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen ne porte aucun intérêt au ballon rond, pas plus que le vice-président du parti, Florian Philippot, qui reconnaît ne s’être rendu qu’une seule fois dans un stade pour assister à une rencontre professionnelle. Marine Le Pen, elle, manie l’euphémisme : « Ce n’est un secret pour personne, je n’ai pas une attirance particulière pour le football », écrit la présidente du FN sur son blog. Même certains adjoints de la municipalité frontiste d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) hésitent avant de dire si des matchs de l’Euro 2016, qui débute vendredi 10 juin, doivent avoir lieu dans la ville de Lens, distante d’une dizaine de kilomètres…
Contrairement à Nicolas Sarkozy,
supporteur affirmé du PSG, ou à François Hollande, qui soutient depuis
l’enfance l’AS Monaco et le FC Rouen, aucun dirigeant FN de premier plan ne
fait état d’une passion particulière pour le foot, sport qui compte le plus
grand nombre de licenciés en France. Un paradoxe apparent pour le parti
d’extrême droite, qui revendique son ancrage populaire. Mais ce désintérêt
n’empêche pas la formation lepéniste de s’exprimer sur le sujet, la plupart du
temps en des termes négatifs. Début mai, Marine Le Pen expliquait au
magazine spécialisé Onze Mondial ne retenir du football
que « les dérives en tout genre, le scandale sans fin du “FIFAgate”,
sa financiarisation extrême et son approche exclusivement commerciale », qui
ne sont pas faits pour l’en « rapprocher ».
« Racaille
millionnaire »
La polémique autour de l’attaquant du
Real Madrid Karim Benzema, qui estime que le sélectionneur de l’équipe de
France, Didier Deschamps, a répondu aux pressions d’une « partie
raciste de la France » en ne le retenant pas pour
l’Euro 2016, a donné l’occasion au FN de critiquer de nouveau un football
professionnel censément dévoyé. « Né et formé dans notre pays,
Benzema est devenu multimillionnaire grâce à une France sur laquelle il crache
aujourd’hui, a écrit sur Twitter Mme Maréchal-Le
Pen. Qu’il aille jouer dans son pays s’il n’est pas content. » Une
référence à des propos tenus par M. Benzema en 2006, sur RMC, quand il
disait « mon pays » à propos de l’Algérie, d’où sont
originaires ses parents. « C’est de la racaille millionnaire qui
se la pète », peste, sous couvert d’anonymat, un conseiller
régional frontiste.
La fracture entre le Front national
et l’équipe de France n’est pas neuve. En 1996, au moment de l’Euro de
football qui se jouait en Angleterre, Jean-Marie Le Pen jugeait « artificiel
de faire venir des joueurs de l’étranger et de les baptiser équipe de
France ». Marine Le Pen, elle, oppose au « mythe
grotesque de la “France black-blanc-beur” invincible
monté de toutes pièces en 1998 » un républicanisme supposé
qui invite à ne pas s’intéresser à « l’origine des uns ou des
autres ». « Ils devraient au moins avoir la décence de
chanter La Marseillaise », défend Eric Domard, conseiller
« sports » de Mme Le Pen, pour qui la
question devrait devenir un critère de sélection. « L’équipe de
France n’est pas représentative de la nation telle que le Front national peut
se la représenter, en dépit du discours “républicain” qu’il
s’efforce de tenir depuis quelques années, analyse le sociologue
Sylvain Crépon, professeur à l’université de Tours, qui multiplie les enquêtes
de terrain auprès des militants du Front national. Beaucoup de joueurs
de l’équipe de France sont perçus au FN comme des lascars qui ont
réussi. »
Cette défiance ne se limite pas au
seul football professionnel. Plusieurs municipalités frontistes – Beaucaire
(Gard), Fréjus (Var), Mantes-la-Ville (Yvelines) – ont ainsi coupé dans les
subventions qu’elles allouent aux clubs amateurs de leurs villes respectives.
Volonté de réaliser des économies ou d’allouer les ressources à d’autres clubs
sportifs : les justifications ne manquent pas. Cyril Nauth, maire de
Mantes-la-Ville, reprochait pour sa part aux dirigeants du FC Mantois – entre
autres arguments – de parler « de façon irrespectueuse », comme
des « z’y-va de banlieue ». On espère qu’ils n’étaient
pas allés jusqu’à dire « je m’en foot ».
Je suis socialiste , je n'aime pas le football , mais je retrouve dans certains propos du FN quelques vérités .
RépondreSupprimerLa vérité des uns n'est pas toujours la vérité des autres ! Ou : qui détient la Vérité ? Certainement pas le FN !
SupprimerAlors qui? Monsieur Alpern .
SupprimerPersonne ne détient la vérité ! Vous n'avez pas l'air au courant... Beaucoup, pourtant, pensent la détenir...
SupprimerMélenchon détient la vérité. A tel point qu'il la retourne tous les jours.
Supprimer9H31 EST SOCIALISTE! Ahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha!!! Et moi roi du royaume des petits lutins jaunes de la nuit!
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