J'ai rédigé, ci-dessous, une synthèse d'une analyse parue dans le Monde du 29 septembre 2016, ayant pour titre : "Pourquoi l'écologie politique échoue ?" (Frédéric Joignot)
Le constat
Les températures montent, la biosphère se dégrade, l’urbanisation s’étend, les 184 pays de la COP 21 tentent de s’entendre pour contenir les menaces sur l’écosystème… Pourtant, en France, où les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi cruciaux, l’écologie politique est inaudible. Comment expliquer un tel paradoxe ? Comment comprendre ce décalage avec l’Autriche, où l’écologiste Alexander Van der Bellen a emporté en juin la présidentielle (le résultat a depuis lors été invalidé) ? Avec l’Allemagne, où Winfried Kretschmann, l’un des fondateurs de Die Grünen (les Verts), a été élu à la tête du Land de Bade-Wurtemberg avec 30,3 % des voix ?
Les analyses pour tenter de comprendre cet échec français ne manquent pas. Ainsi, pendant un an, à l’appel de la fondation La Fabrique écologiste, plus de cinquante personnalités concernées, chercheurs – ont travaillé à la conception d’un texte de réflexion au titre évocateur, « La résistance française à l’écologie », présenté au public en février 2015.
Selon ce rapport : « Les causes de la désaffection pour l’écologie sont nombreuses – politiques, économiques, philosophiques –, mais aucune n’est identifiée comme dominante. »
Incompréhension
Un premier constat s’impose cependant dans l'étude : la faiblesse de l’écologie politique vient de ce qu’elle n’est pas considérée, au niveau étatique, comme porteuse d’un projet sociétal majeur.« L’Etat centralisateur limite le rôle des territoires et de l’expérimentation. La formation des élites françaises et les critères des décisions publiques ne prennent en compte les préoccupations écologiques que de manière sectorielle ou secondaire. L’écologie est toujours perçue comme une contrainte et non comme une opportunité », précise-t-elle. Tous les ministres de l’environnement et les responsables écologiques confirment cette analyse.
En 1998, dans « On ne peut rien faire, Madame le ministre… » (Albin Michel), Corinne Lepage, ministre entre 1995 et 1997, dénonce la frilosité des dirigeants face aux lobbys de l’automobile et le désintérêt pour l’écologie des technocrates des grands corps de l’Etat.
En 2010, trois ans après le « Grenelle de l’environnement » lancé par Nicolas Sarkozy, le Réseau Action Climat et la Fondation Nicolas Hulot dressent, eux aussi, un « contre-bilan » sévère : le « Grenelle » a été « l’occasion de beaucoup d’annonces mais de très peu de mises en œuvre »
Les regrets sont d’autant plus amers que le « Grenelle » popularisait les propositions fortes de l’écologie politique : maîtriser la demande d’énergie, préserver la biodiversité, favoriser un environnement respectueux de la santé, encourager des modes de production durables dans l’industrie et le bâtiment, promouvoir des énergies vertes favorables à l’emploi, instituer une taxe « climat énergie » sur les émissions de dioxyde de carbone, lancer des plans territoriaux associés à l’Agenda 21, le plan d’action pour le XXIe siècle adopté lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro (Brésil), en 1992.
L'écologie est réduite par les dirigeants politiques de droite comme de gauche à une sorte de variable d’ajustement, alors qu’elle interroge l’ensemble du processus de décision politique. Comme l’avancent les analystes de l’étude de la Fabrique Ecologique : « L’écologie est d’abord perçue comme un facteur de complexité supplémentaire, et non comme une perspective ou une solution (…) Le projet écologique porte des conséquences sur l’ensemble de l’organisation économique et sociale, la conception des politiques publiques et leur mise en œuvre. Il structure la politique autour d’objectifs, d’espaces, et de processus différents des modalités actuelles d’exercice du pouvoir. Son calendrier n’est pas celui du mandat électif et il se déploie à des échelles infra et supra nationales. »
Les résultats se font attendre
Pourtant sur le terrain, « les problématiques d’énergie » commencent d’être entendues. « Quand on fait le lien entre transition énergétique et développement local, nous trouvons des oreilles attentives dans le monde rural ». Sauf que les avantages ne sont pas en effet immédiats, et la mise en pratique des exigences écologiques parfois lente et laborieuse. « Dès lors qu’il s’agit d’établir un plan rigoureux de transition énergétique sur la durée, il est difficile de convaincre, même quand les élus locaux et les chargés de missions sont d’accord. » C’est là, au niveau des régions, une autre cause de la méfiance que rencontre l’écologie politique : elle réfléchit sur le long terme, ses résultats se font attendre.
Autre difficulté : l’écologie politique exige une pensée complexe, voire des explications techniques et scientifiques ardues à faire comprendre, elle nécessite des transformations structurelles – que ce soit au niveau des programmes publics que des entreprises.
« Avec la persistance d’un chômage élevé, l’enthousiasme pour l’écologie a disparu. La transition écologique, la mise en place de nouvelles filières, les processus de conversion sociale nécessitent du temps, des moyens et de la détermination politique. »
L'explication "métaphysique"
Selon le philosophe Dominique Bourg, « La pensée écologique propose une interprétation de la place de l’humanité au sein de la nature, en termes de limites de la biosphère, de finitude de l’homme et de solidarité avec l’ensemble du vivant ». Or, « l’homme, à l’image de Dieu, est considéré comme un être supérieur à tous les êtres vivants. Il dispose de toute la nature comme il l’entend, il s’en rend maître et possesseur, elle ne vaut que pour autant qu’il la transforme. Ce n’est qu’un stock de ressources ».
La fusion, au XVIIe siècle, de cette pensée chrétienne , désacralisant la nature, et de la science moderne, symbolisée par le cartésianisme français, a accéléré ce processus de séparation entre l’homme et la biosphère. « Par la suite, poursuit le philosophe, la pensée occidentale, que ce soit les socialistes ou les libéraux, a pérennisé cette conception utilitaire. Or, la pensée écologique critique radicalement ces vues. Elle remet en cause la croissance et le productivisme. »
Les Verts français
Dominique Bourg se montre par ailleurs sévère à l’égard des Verts français, avançant que la mauvaise réception de l’écologie en France tient pour beaucoup à leur attitude – et surtout à celle de leur chefs.« Ils se déchirent entre eux, ils se battent pour des maroquins, ils ne connaissent pas toujours les dossiers. Les Français s’en sont aperçus », résume le philosophe, pour qui leur grande erreur est de défendre « une politique plus de gauche qu’écologique ». C’est d’autant plus dommageable que l’écologie politique est apparue en France en fédérant plusieurs courants de pensée : des défenseurs des régions, des soixante-huitards anticapitalistes, des protecteurs de la nature. Elle a vocation à brasser largement, à tenter des expérimentations au niveau local, comme le montrent les succès des écologistes en Suisse et dans les pays scandinaves et des Verts en Allemagne, qui ont su s’allier des personnalités du centre et convaincre.
AA : Question : l'échec des Verts est-il la conséquence des difficultés à faire admettre l'exigence écologique ou l'insuccès des écologistes politiques est-il le fruit de leurs dissensions ?
Deux réponses
- Selon Daniel Cohn-Bendit, aidés par un scrutin avec une part de proportionnelle, les Grünen, en Allemagne, ont de nombreux élus et sont présents dans les Länder, où ils peuvent mettre en œuvre leurs propositions. « En France, le manque d’expérimentations concrètes dessert les Verts. » L’autre victoire politique des Grünen est d’avoir imposé la sortie du nucléaire et lancé la transition énergétique : « Depuis, l’Allemagne est la championne d’Europe des énergies renouvelables. En France, les Verts ont remporté peu de victoires significatives. »
- Pascal Canfin, ministre délégué au développement de 2012 à 2014, avance qu' un mouvement patrimonial semblable pourrait naître en France, où les littoraux sont menacés par la montée des eaux et où l’urbanisation dévore les territoires. Il constate aussi l’arrivée de nouveaux comportements : la consommation bio gagne des adeptes, celle de viande baisse significativement, le culte de la voiture individuelle est mis à mal par les réseaux de transports collectifs : « Autant de signes de changements civilisationnels. » Plutôt que de se présenter comme porteuse de contraintes, l'écologie politique devrait montrer qu’elle défend l’intérêt des Français en ce qui concerne la santé, l’alimentation, les territoires, les pollutions, l’emploi. « Il faut qu’elle défende une nouvelle qualité de vie. Ensuite, elle pourra expliquer qu’il faut des règles et des obligations », affirme Pascal Canfin.
La conclusion de D. Cohn-Bendit résume bien la difficulté essentielle : « L’écologie appelle à changer radicalement nos modes de vie et de production pour sauver cette planète. Or, personne n’a le courage politique de défendre un tel programme. »
(S'il y a un second tour, beaucoup d'électeurs de gauche ne voteront pas Sarko en cas de duel entre ce dernier et Le Pen. Ce qui avantage forcément le candidat qui avait le plus de voix au premier tour... C'est simple à comprendre, non ?)
RépondreSupprimerIl est à remarquer que beaucoup d'électeurs de gauche préfèrent Le Pen à Sarko, en faites vous partie
Ce n'est pas beau, 11h44, d'inventer de telles sornettes !
SupprimerD' autre part, dire que je pourrais voter Le Pen est une belle idiotie !
SupprimerMais en ne votant pas Sarko c'est faire passer Le Pen si je comprends bien votre raisonnement. Qui ne dit mot consent. En arriver à ce stade, ce n'est plus la question est ce que Le Pen peut arriver au pouvoir, mais quand.
SupprimerC'et vrai qu'en ne votant pas Sarko... Mais je refuse de croire que le second tour sera celui-là !
SupprimerVous seriez "vert" de rage si c'était celui là.....
Supprimervous tournez en rond : dans le cas d'un deuxième tour Sarko Marine, vous vous abstenez mosnieur alpern ?
SupprimerNaïf idéaliste...
SupprimerSi le cas se présente, j'aviserai au soir du premier tour... Quant à vous, on n'a même pas besoin de vous poser la question quel que soit le candidat...
Supprimer"SOS Racisme
RépondreSupprimer[Réaction] Robert Ménard, qui n’en finit plus d’organiser une communication au service de son égo et de ses rancœurs, vient donc de franchir un nouveau cap via un affichage municipal incitant à la haine envers quelques dizaines de réfugiés qui pourraient rejoindre la ville de Béziers.
👉SOS Racisme va signaler au Parquet l’affiche incriminée et saisir le Préfet de l’Hérault afin que ce dernier rappelle à Robert Ménard l’exigence de neutralité qui doit entourer les publications municipales. Mais c’est aussi à chaque citoyen de se réengager dans la lutte pour le vivre ensemble, l’égalité et la dignité qui, n’en déplaise aux dealers de haine, restent et resteront majoritaires dans notre pays !"
L'infâme Ménard récidive. Heureusement qu'il a changé le mot juifs par migrants , nous aurions pu lui faire un procès pour plagiat de Goebbels.
Un bite est roi à Béziers. Malheureusement.
Espérons que ces panneaux d'affichage soient proprement détruits, saccagés ou vandalisés. Ce serait oeuvre de salubrité publique.Soutien aux casseurs dans ce cas.
es haines et les rancoeurs de certains politiques, leurs désirs de vengeance récurrents et petits, au regard de ce qui se passe en France, ne doivent pas leur faire oublier que la lutte contre le fascisme interdit les ressassements et les souvenirs inutiles.La bataille des egos est vaine.
Tous les démocrates et républicains doivent se réunir et faire entendre leur voix dans les journaux, les télés et les ... blogs, tous, afin d'arrêter les vagues brunes.
ous sommes plus de 70 pour cent à ne pas vouloir du fascisme en France. Crions le haut et fort ! Marine Le Pen n'aura jamais le pouvoir..Mais elle nuit gravement à la Politique et à notre pays Par contre pesons pour construire un vrai programme de gauche, social,écologiste solidaire et juste.
Le Pen, le peuple! Ah oui? Et ben mince alors! Son QG de campagne a choisi une des rues les plus chics et très chères de Paris pour diffuser la haine et la peur ( on ne sait pas le prix de location du bouge...) et ses toutous à l'action... française, comme au bon vieux temps...à Hayange et Hénin.
RépondreSupprimer"Secours Populaire ( lui), grande cause nationale, d'Hayange"
On a l'élève à Hayange. Il ne lui arrive pas à la cheville, mais il est déjà bien...
LE P'TIT FABIEN S'EN VA-T-EN GUERRE !!!
A LA RUE ! Voilà ce que proclame Engelmann aujourd'hui à propos du Secours Populaire : "le sujet est clos et ma décision est prise. Lorsque je m'engage à faire quelque chose je vais jusqu'au bout". Dit-il courageusement, le torse bombé et le verbe haut.. les enfants du Secours Populaire, DEHORS ! C'EST L'HIVER !
Ça tombe bien : la décision de notre Comité de Soutien est prise. Le Secours Populaire ne partira pas.
Le sujet n'est pas clos, Fabien Engelmann oublie d'où il vient.. Il déclare la guerre à la solidarité... Les plus pauvres ne pourraient même plus bénéficier du maigre contenu des paniers du mercredi..."
Mettons à la rue l'imposture F Haine!
Ah c'est pas l'hôtel particulier de la rue de Solférino ??
SupprimerEt en scooter, svp!
SupprimerAh bon, la fuhrie, c'est plus le "peup"? Ah bon!Location grâce à l'emprunt russe ou grâce à pôpaaa? Imposture FN!
SupprimerToujours le même refrain et raisonnement absurde :" nous sommes plus de 70% à ne pas vouloir du fascisme en France"....En suivant ce raisonnement, on peut dire que " nous sommes plus de 90% des Verts en France"," nous sommes plus de 80% à ne pas vouloir du Front de Gauche en France"...et je n'ai pas fait le calcul, mais nous devons être un énorme pourcentage à ne pas vouloir du P.S en France ! :-)
RépondreSupprimerBen non, vous faites un mauvais raisonnement... Réfléchissez un peu, cela ne fait pas de mal...
SupprimerOui, vous avez raison : je voulais dire " en suivant ce raisonnement, nous pouvons dire que nous sommes plus de 90% à ne pas vouloir des Verts en France" puisque moins de 10% ont voté pour eux.....comme moins de 30% n'ont pas voté FN ..." Euh ? Peut-être voulez-vous dire, "Qui n'est pas pour moi est contre moi" ? Le blanc et le noir : il n'y a pas de nuances :-)
SupprimerCela n'a rien à voir. 70% des Français (quand le taux d'abstention est constant) ne veulent pas du FN et ne se reporteraient pas sur un candidat FN dans un second tour. Par contre, une majorité d'électeurs, n'ayant pas voté Vert dans un premier tour, se reporteraient sur un candidat Vert opposé à un candidat FN dans un second tour. On en a eu des exemples aux municipales... En résumé, les candidats républicains sont compatibles entre eux, mais pas avec des candidats fachos... C'est simple à comprendre quand même...
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