Rappelons les données du problème:
- à partir du pétrole sont fabriqués beaucoup de produits que nous utilisons quotidiennement: carburants bien sûr (véhicules, avions principalement), mais aussi moyens de chauffage, produits industriels, emballages, etc...
- le pétrole est une matière fossile, donc non renouvelable (sauf dans...quelques centaines millions d'années!)
- le pétrole est le principal émetteur de gaz à effet de serre, responsable du changement climatique en cours, qui, s'il n'est pas jugulé, pourrait entraîner des catastrophes, dont celle de la disparition de l'Humanité!
- les réserves de pétrole s'éleveraient à l'équivalent d'une consommation de quelques dizaines d'années (30 ans pour les plus pessimistes, 70 ans pour les plus optimistes)
- Des coûts d'exploitation de plus en plus élévés (il faut creuser de plus en plus profondément pour en trouver), une demande de plus en plus forte de pays se développant à vitesse grand V (Chine, Inde, Brésil, Indonésie...) tirent les prix vers le haut: on atteint les 140 dollars le baril; on annonce 200 dollars, voire 300, 400 dollars, à brève échéance. Evidemment, cela fait le bonheur de certains (entreprises pétrolières, pays producteurs, états qui perçoivent des taxes plus ou moins proportionnelles) et le malheur de tous les autres: notamment de tous ceux qui ont besoin de leur véhicule pour travailler et de ceux qui ont besoin de fuel pour se chauffer. A noter que les entreprises peuvent théoriquement répercuter ces surcoûts sur leurs clients: on pense, notamment, aux produits de grande consommation.
On connaît, depuis une trentaine d'années, les solutions:
- réduire les consommations d'énergie: par des comportements citoyens , par des process industriels plus efficaces, etc.., on estime qu'une réduction de 30% des consommations est assez facile à obtenir. Si on ajoute le développement des transports propres, alternatifs à la route (rail, eau), l'isolation des habitations, de nouvelles normes de construction, les marges de progrès sont très très importantes...
- développer les énergies renouvelables (solaire, géothermique, éolien...);
- investir dans la recherche pour trouver de nouveaux modes de propulsion et de nouveaux modes de chauffage: c'est à dire réorienter les investissements massifs du nucléaire (80% de la recherche publique!) vers la recherche dans ces autres domaines. Rappelons, ici, que le nucléaire ne remplace pas l'essence, mais sert à produire de l'électricité (cette dernière ne représentant que 17 % seulement de notre consommation énergétique).
Toutes les mesures ont bien été identifiées dans le Grenelle de l'environnement: il ne manque que la volonté politique! Certes, on craint que le gouvernement ne freine des 4 fers pour des raisons financières (voir l'exemple du bonus écologique sur les véhicules, seule mesure prise suite au Grenelle...): or, non seulement il s'agit de mesures qui profiteront aux générations futures et donc, justifiables d'emprunts à très long terme (50 ans), comme l'a fait le Conseil Régional du NPDC, pour le rail, devant la carence de l'Etat et la SNCF, mais ce sont aussi des mesures créatrices d'emplois (et non délocalisables!).
Que faire en attendant que ces décisions inéluctables soient prises et qu'elles produisent des effets? De nombreux experts pensent que, entre 3 ans (premiers résultats visibles des réductions énergétiques) et 20 ans, nous pouvons annihiler notre dépendance au "tout pétrole". Que faire donc pendant ces 3 prochaines années? On admet, comme postulat, que toutes les mesures du Grenelle soient immédiatement mises en place:
- l'Etat doit dégager, des surplus de taxes qu'il perçoit du fait des hausses du prix du baril, des montants compensatoires pour ceux qui sont les premiers concernés (les professionnels, certes, mais aussi ceux qui cumulent revenus modestes et nécessité d'utiliser leur véhicule plutôt que les transports en commun, selon des modalités à définir). Mais attention, cet aide sera dégressive sur 3 ans.
- Il essaye d'amener nos partenaires de l'Union Européenne à adopter tout où partie de nos décisions (cela sera nécessaire pour faire passer l'aide compensatoire dégressive): cela devrait être l'objectif numéro 1 de la Présidence française à partir du 1er juillet prochain. Rappelons que l'UE a déjà pris de nombreuses directives en ce sens et qu'elle devrait être favorable à de telles initiatives. Peut-être est-ce même le moment propice pour lancer l'idée d'un financement exceptionnel de l'Europe (superemprunt, augmentation budgétaire exceptionnelle...)?
- L'Europe, en entraînant les signataires du Protocole de Kyoto (en incluant les USA), doit mettre en place un immense plan d'accompagnement des pays en très forte croissance (y compris la Russie) pour que leur développement soit propre: une sorte de "Plan Marshall", duquel tout le monde sortira gagnant. Bien sûr, pour les pays pauvres (producteurs de pétrole ou non), c'est le moment où jamais de les aider à réduire leur dépendance extérieure et de favoriser un développement vertueux (celui que nous n'avons pu suivre!). Il existe, dans le cadre du Kyoto, des mesures en ce sens, mais sans commune mesure avec les efforts à déployer.
En conclusion, ce formidable défi, que l'Humanité doit relever, sous peine de sa propre disparition, pourrait être un formidable moteur de mobilisation citoyenne:
- en France, un tel projet pourrait effacer la morosité ambiante et, au-delà des divergences politiques, privilégier l'intérêt général sur les intérêts privés;
- en Europe: montrer quel rôle extraordinaire peut jouer l'Union et faire changer d'avis les euro-sceptiques;
- dans le Monde: faire fonctionner la solidarité internationale envers ceux qui souffrent, jusqu'à présent, dans l'indifférence générale.
Et que l'on ne me parle pas d'utopie; tout est en place: le danger est face à nous, on sait ce que l'on doit faire (Grenelle, mais aussi rapports du GIEC), les outils sont là: Union Européenne, Kyoto; et existe une formidable attente des pays qui nous envient (bien que notre société de consommation ne soit pas le meilleur exemple du bonheur, mais au moins y mange-t-on à notre faim).
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