jeudi 4 septembre 2008

De retour de La Rochelle (2)



Contrairement à ce que l’on pense, le PS est encore un parti riche idéologiquement et riche de ses militants et de ses personnalités. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, il ait tellement de mal à émerger comme alternative au pouvoir national en place ?

1- Un fonds idéologique.

Aujourd’hui le PS me semble avoir une base programmatique, commune à peu près à tous ses courants de pensée :

- une volonté de lutter contre le néolibéralisme économique, avec son cortège d’inégalités sociales, sa propension à faire de la consommation, le dieu unique, consommation sans laquelle il n’y a pas de modernisme, et son mépris pour toute forme d’humanisme;

- une prise en compte de la finitude de nos ressources naturelles et de l’impasse devant laquelle le développement effréné du capitalisme nous a conduit. L’écologie s’est imposée au point de côtoyer le social comme vecteur de base de la pensée socialiste. Laurent Fabius a repris le nouveau credo du PS : " Pas de social sans écologie, pas d’écologie sans social ", les plus faibles étant les premiers touchés par les dérèglements climatiques (logement, alimentation, transport…)

- L’Europe reste le credo des socialistes, parce qu’ aujourd’hui, c’est le seul cadre dans lequel nous pouvons gérer une grande partie de nos problèmes : politique étrangère, beaucoup de nos problèmes économiques et sociaux, la crise écologique, etc… Il s’agit d’une Europe dite " intégrée " (fédérale ?). Il existe un Parti socialiste européen (PSE) qui boucle, actuellement, une base commune programmatique pour les élections européennes de juin 2009.

2- Une richesse humaine

En dehors d’un nombre important de militants, qui constituent un vivier de qualité, le PS dispose de 3 puissants leviers :

- des hommes et des femmes de grande valeur, dont la génération des " soixante-huitards " (Aubry, Fabius, Strauss-Kahn, Guigou, Delanoë, Emmanuelli, Hollande, Royal, Moscovici, Mélanchon, Lang, Trautmann…) arrivée au pouvoir avec la génération précédente (Mauroy, Rocard, Jospin, Badinter…), est maintenant contemporaine des quarantenaires (Hamon, Montebourg, Hazan, Dray, Valls…);

- des groupes de réflexion (" think tanks ") dans lesquels experts, politiques, universitaires, militants et sympathisants échangent sur les idées qui nourriront les programmes politiques socialistes. Je citerai le dernier-né : la fondation Terra Nova (http://www.tnova.fr/), mais il y en a d’autres;

- des pouvoirs locaux dans lesquels s’expérimentent des politiques de terrain. C’est un socle très fort pour le PS : 20 Régions sur 22, 60% des Conseils généraux et des villes de plus de 30 000 habitants.

3- Quel leadership ?

Malgré les richesses précitées, le PS (et la Gauche) a perdu les 3 dernières présidentielles et les 2 dernières législatives. Pourquoi ? Il me semble qu’il y a 3 raisons principales à cela :

- pléthore de personnalités, mais aucun leader incontesté. F. Hollande aurait pu l’être, mais il a commis trop d’erreurs. Fabius est marqué par l’affaire du sang contaminé. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Martine Aubry. Pour les élections présidentielles de 2012, seules des primaires permettront de choisir parmi les nombreux prétendants. Espérons que le prochain Congrès de Reims qui élira le nouveau Premier Secrétaire National, se déroulera sereinement. J’y crois parce que tous les militants savent que, dans le cas contraire, le Président de la République actuel gagnera dans un fauteuil, dans 4 ans;

- il m’a toujours semblé que les programmes présidentiels et législatifs faisaient fi des idées-forces que j‘ai citées, pour essayer de se concilier les électeurs centristes. Or, je pense que c’est à gauche que le PS doit conforter son électorat. La politique " attrape-tout " éloigne les électeurs " naturels " du PS;

- enfin, et dans la logique du point précédent, il faut une union des forces de gauche, y compris (dans des seconds tours) l’extrême-gauche… Ces derniers temps, cet électorat a manqué à la gauche, cette dernière ayant édulcoré ses positions politiques (notamment en matière économique).

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