mardi 16 septembre 2008

Sommes-nous encore en démocratie?


Nous pressentions, dès son élection, que le Président de la République (PR) allait " bousculer " la politique en France. Ses antécédents (en tant que Ministre, et notamment à l’Intérieur, prise de l’UMP, etc) montraient bien que tout serait différent. Les différentes lois dites " sécuritaires ", son mépris vis à vis des " gens " ou même de ses ministres (" son collaborateur " Fillon !), la gestion publique de sa vie privée ( Cécilia, Carla…), et son arrogance " bling-bling " (Fouquet’s, vacances en yacht, Ray-Ban, Rollex, virée privée et médiatisée aux USA, etc), tout cela en quelques mois nous annonçait bien la couleur ! Et je ne parle pas du démembrement des 35 heures, de l’affront fait aux Africains (" ils ne sont pas entrés dans l’histoire " !), de la mise au pas, voire du mépris envers les syndicats, du comportement envers nos alliés européens, de l’affichage indécent avec Kadhafi et Assad, de la gestion ahurissante de la question des droits de l’Homme en Chine, et la liste est longue et la dérive est grande de ce vers quoi nous sommes (inexorablement ?) entraînés. Et je le répète, tout cela en quelques mois !
En cette rentrée, je me demande si la démocratie a encore un sens, en France ! Jugez-en à travers les dernières atteintes (sournoises ?) à nos valeurs républicaines :

- la liberté : avoir seulement imaginé que l’on pouvait ficher une grande partie des Français (eh oui, entre les mineurs turbulents et ceux qui pourraient être une menace pour l’ordre public et tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent à la chose publique, ou ont une activité associative, économique, sociale ou religieuse, je ne vois pas grand monde pour échapper au fichage !), cela montre bien l’intention maintenant très claire du PR : tous à l’ordre !
Vous avez dit : flicage permanent ?

- l’égalité : dans quelle société sommes-nous quand un PR peut se permettre de virer un éminent représentant de l’Etat, parce que ce dernier n’a pas empêché l’envahissement pacifique du jardin de l’un des copains présidentiels. Tout cela en Corse, où l’autorité de l’Etat est autrement bafouée par des attentats, actes de terrorisme ou d’incivisme, avec des réactions bien moins vives ! Fait du prince? Sommes-nous toujours en démocratie quand les amitiés prennent le pas sur l’intérêt général ? Sommes-nous encore en démocratie, quand le PR installe son fils de 22 ans à la tête du Groupe UMP d’un Conseil Général, base avancée du sarkozysme, là où tout a démarré ?
Vous avez dit : népotisme ?
Sommes-nous toujours en démocratie, quand on favorise un homme, dont le tempérament séduit les Français, par son côté baroudeur et Robin des Bois, un homme qui a " bien " voté, bien qu’homme de gauche déclaré, alors que nous avons affaire à un aventurier des temps modernes? Bernard Tapie va récupérer des centaines de millions d’euros, grâce à une procédure extra-judiciaire et extraordinaire (au sens premier : qui sort de l’ordinaire), manifestement decidée en haut lieu.
Vous avez dit : " république des copains et des coquins " ?

- la fraternité : sommes-nous toujours dans une république fraternelle et solidaire, quand on exonère de taxe les plus riches, taxe destinée à financer le RSA, mesure pour les plus faibles ? Quand on favorise les plus nantis : paquet fiscal, bouclier fiscal, exonérations de charges sociales, niches fiscales, etc, etc... et que l’on taxe directement ou indirectement (baisse du pouvoir d’achat), les classes moyennes et les personnes les plus démunies ?
Sommes-nous toujours en démocratie quand on réforme l’école pour accroître les inégalités (tout en prétextant les combattre) ? Ou en supprimant des postes dans l’enseignement public et en renforçant le fossé entre établissements publics et privés, entre établissements situés en zones difficiles et ceux des centre villes ? N’ignore-t-on pas que, dans les très prochaines années, l’augmentation de la natalité, déjà sensible en primaire, aura des répercussions dans l’enseignement secondaire où l’on purge les effectifs de personnel ?
Vous avez dit : éducation, mère du progrès ?

- la laïcité: valeur socle de notre démocratie, à tel point qu’on aurait pu lui faire une place constitutionnelle auprès de notre triptyque " Liberté, égalité, fraternité ". Que devient-elle quand un PR se permet d’exprimer publiquement que le curé est un meilleur garant de la République que l’instituteur, ou qu’il n’y a d’espérance que dans le cœur des croyants ?
Vous avez dit : laïcité ouverte ?

Quand allons-nous nous réveiller ? Sera-t-il trop tard, alors ? Et dans quel état sera la France?

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