dimanche 22 février 2009

Le point sur Hénin-Beaumont



Ayant été interviewé par un journaliste indépendant (pour une revue suisse !), sur la situation à Hénin, je vous livre, ci-dessous, les réponses que j’ai faites.


Q : Quelle est la situation politique à HB ?

AA : Gérard Dalongeville, ancien directeur de cabinet du maire précédent, PS, avait battu ce dernier, assez facilement, en 2001, sous l’étiquette Mouvement des Citoyens, MDC, avec des Verts et des Communistes, les écologistes démissionnant dès 2003 (ainsi que G.Bouquillon, adjoint MDC).

En 2008, le Maire est réélu, facilement, appuyé par Marie-Noëlle Lienemann, député européenne PS, l’ancienne section socialiste ayant été mise de côté, ses critiques du Maire ayant été peu appréciées, en haut lieu. Ces « socialistes » ont crée une association, l’Alliance Républicaine, présidée par l’ancien secrétaire de section, Daniel Duquenne, et composée également de personnes de la société civile, de partis (Verts, Modem et de dissidents UMP) : elle a réalisé près de 20%. Le FN a fait près de 30%, au second tour.

Q : Comment expliquez-vous ce score important du FN ?


AA: Alors que partout en France s’effondrait le FN, il se stabilisait ici. Au second tour des législatives, sur la ville d’HB, il avait même réalisé 45%, score analysé comme un rejet du député sortant et du maire qui le soutenait.
Deux raisons expliquent cette « anomalie » : alors qu'ailleurs en France, l’UMP « pompait » les voix du FN (en reprenant son credo sécuritaire), le parti du Président de la République n’a jamais vraiment existé à HB et réalisait 5%. En outre, il faut reconnaître que la médiocrité des personnels politiques, leur mauvaise gestion de la Ville, les rumeurs sur les malversations, ont fait penser aux électeurs que le "Tous pourris" des extrémistes se vérifiait. C’est ce désespoir politique, mêlé au décalage économique (après la fin du charbon, Metaleurop…et les autres), et aux problèmes sanitaires (faible espérance de vie, mauvaise implantation des médecins…) qui maintient le FN. Les Héninois, à juste titre, ont besoin de croire en quelqu’un qui leur montrera le bout du chemin : ils estiment avoir été trompés par Pierre Darchicourt, Gérard Dallongeville et Marie-Noëlle Lienemann…


Q : Pourquoi MN Lienemann ?

AA: Devant l’impéritie du Maire, l’arrivée de Mme Lienemann comme 2 ème de liste a fait espérer nos concitoyens : elle a annoncé qu’elle allait « cadrer » le Maire, et beaucoup y ont cru. Non seulement, le PS officiel a été ridiculisé dans l’attribution des places sur la liste, mais Gérard Dalongeville a continué à mal gérer, cela étant facilité par l’absence de l’ex-ministre. Ceux qui ont cru en elle ont bu le calice jusqu’à la lie : GD ayant été réintégré au PS en juin !

Q : On parle beaucoup d’affaires mettant en cause le Maire ?

AA: Je souhaiterais faire une distinction entre les rumeurs et les faits avérés :

- les rumeurs : cela fait plusieurs années que les bruits les plus fous courent dans la ville. En parallèle des multiples passages de la CRC (voir ci-après), les interventions des brigades financières mêlant interrogatoires et fouilles en Mairie et à l’extérieur, font présager le pire, à tort ou à raison. Mais tant que la justice ne s’est pas prononcée, nous devons respecter la présomption d’innocence de chacun : même les mises en examen, semble-t-il avérées, de proches du Maire, ne seront pas une preuve de culpabilité.

- Les faits : outre les constats de la CRC, il y a eu des dénis de démocraties impossibles à soutenir pour des démocrates : l’achat, à 2 occasions, par du personnel de mairie, de tous les exemplaires d’un quotidien régional qui faisait sa « une » sur les affaires héninoises ; l’absence depuis 8 ans d’espace réservé à l’opposition dans la communication locale, pourtant une obligation légale; l’effraction du local des Jeunes Socialistes par un cadre de la Mairie ; l’embauche massive de personnel juste avant l’élection, etc, etc…sans parler de la probable mise en cause pour prise illégale d’intérêts d’un adjoint, de mensonges établis du Maire (sur un dossier appelé Parcolog, par exemple)…



Q : Qu’en est-il des avis et autres rapports de la CRC ?

AA: Ils sont édifiants. Qu’on en juge par cette liste à la Prévert :

- déficit cumulé de 12 millions d’euros en 2003, avec, à la clef, une augmentation de près de 85 % des impôts locaux (« c’est de la faute des maires précédents », dixit le Maire);

- déficit cumulé de 12 millions à fin 2007, avec augmentation de la fiscalité de 10% pendant 3 ans (« c’est de la faute des maires précédents », dixit le Maire). En fait, il s’agit d’une quasi mise sous tutelle des finances de la ville, par le Préfet, qui demande, en août, un plan de redressement;

- en novembre, la CRC constate que la Ville avait sous-estimé les dépenses de personnel, et surestimé des recettes de cession du patrimoine;

- En décembre, la CRC constate qu’aucun plan de redressement n’a été mis en place;

- Un plan vient d’être annoncé : je suis sceptique sur l’accord de la CRC.


A suivre

2 commentaires:

  1. Petit rectif, M. Alpern, c'est en 2001 que Dalongeville a battu Pierre Darchicourt et il n'avait pas encore officiellement le label mdc même si, en coulisses, il y avait déjà anguille sous roche (Jean-marie Alexandre lui remettra symboliquement, dans l'intimité de son bureau, l'écharpe de maire).

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  2. Quel est l'impact que peut avoir localement cet interview par un journaliste suisse ????

    Dans tous les cas, cela illustre une nouvelle fois le niveau ZERO de la politique territoriale. On voit, par des exemples hélas très très coûteux pour les citoyens ce qu'il faut éviter pour gérer efficacement un pays, une ville un territoire pour préparer l'avenir.

    Après, on pourra toujours "philosopher" longtemps sur le lien entre le citoyen et le politique.

    La campagne des Européennes se profile. Cet campagne n'intéresse pas grand monde. Normal ... A qui la faute.... Le politique gère sa propre stratégie en oubliant le principal : l'INTERET GENERAL ... le socle de notre démocratie. Quelle tristesse.

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