LE MONDE | 01.09.09 | 14h14
Avec une maestria qui a épaté des quadras impatients et des éléphants grognons, Martine Aubry a repris la main. A l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle, du 28 au 30 août, la maire de Lille a montré qu'elle aimait faire de la politique. Et qu'elle ne dédaignait pas la tactique. Elle a habilement pris à contre-pied tous ceux qui se gaussaient de sa faiblesse, voire de son incompétence de première secrétaire, en sortant sa botte secrète, celle d'une consultation de tous les militants du PS, le 1er octobre, pour lancer (enfin !) la rénovation attendue. Il y a du Jospin dans la méthode mais le tempo sera aubryste.
La maire de Lille s'est autoproclamée "activiste" de la rénovation. Alors qu'elle avait été très en retrait sur le sujet pendant la préparation du congrès de Reims, en novembre 2008, au point d'apparaître accrochée au vieux modèle du parti d'Epinay, elle oblige les Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et Manuel Valls à la suivre sur leur propre terrain. S'affichant en chef d'orchestre, elle a pris soin de mettre en musique la partition. Le 28 août, à huis clos devant les militants du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Mme Aubry a insisté sur la nécessité de mener la rénovation "avec une véritable cohérence politique" de façon à déclencher dans la société "un vaste mouvement populaire". A défaut, elle ne serait qu'un simple "outil".
Pour Mme Aubry, la rénovation se décline en cinq réformes. La plus emblématique est celle des "primaires ouvertes" pour la désignation du candidat du PS à l'élection présidentielle de 2012. Elle avait mentionné l'idée dans sa motion pour le congrès de Reims. Et elle l'avait réitérée dans sa lettre aux militants, le 19 juin. A La Rochelle, elle est sortie du flou, en prônant des "primaires ouvertes à toutes les femmes et hommes de gauche qui le souhaitent" pour désigner le candidat du seul PS. Mme Aubry reste réticente à l'idée, jugée "hégémonique", de choisir le candidat de toute la gauche.
Le MoDem pourrait-il être convié à participer à de telles primaires ? Les partisans d'un tel schéma, comme M. Peillon, ne manquent pas d'arguments. En ralliant les villiéristes et les chasseurs de CPNT, Nicolas Sarkozy aspire à réunifier toute la droite, ce qui pourrait lui assurer un socle de 40 % dès le premier tour. Un rassemblement de la gauche, jusqu'au Parti communiste, des écologistes et des centristes, pourrait conférer au candidat "antisarkozyste" un poids équivalent. Sauf que François Bayrou, bien décidé malgré son absence de troupes à être candidat en 2012, ne tombera jamais dans un piège qui risquerait de couper les ailes à sa candidature.
La seconde réforme porte sur le non-cumul des mandats. C'est un peu l'Arlésienne du PS : on en parle souvent - Lionel Jospin, en 2002, et Ségolène Royal, en 2007, l'avaient inscrit dans leurs engagements de campagne - mais on s'interdit de le faire dans l'opposition pour ne pas affaiblir, face à une droite toujours cumularde, un réseau d'élus qui reste la principale force du parti. Mme Aubry, favorable au mandat unique des parlementaires et à la limitation du nombre de mandats successifs, réussira-t-elle à imposer cette règle, y compris à ses propres alliés cumulards ?
La meilleure garantie d'une application, après les élections régionales de mars 2010, d'un principe trop souvent brandi comme un sabre de bois réside dans la troisième réforme qui vise à instaurer "la parité intégrale" dans toutes les instances du PS, en l'accompagnant d'une ouverture aux nouvelles générations, aux militants issus de l'immigration, aux ouvriers, etc. Si les cumulards maintiennent leur pré carré, la diversité devient illusoire. Le but des deux autres réformes est de corriger des vices de fonctionnement. Pour ne pas répéter le congrès de Reims, le vote des motions et le choix du premier secrétaire se feraient simultanément. Enfin, leçon de son affrontement estival avec M. Valls, Mme Aubry propose une "charte éthique" pour "garantir un réel civisme interne"...
A moyen terme, la tactique de Mme Aubry devrait s'avèrer gagnante-gagnante. Neuf mois après son élection contestée, elle n'a certes plus d'opposition ouverte - en dehors des coups de butoir des quadras -, ayant signé, en février, un armistice avec Ségolène Royal, mais elle n'a pas davantage de majorité véritable, puisque l'alliance, hétérogène, qui l'a portée au pouvoir n'était soudée que par l'antiségolénisme. Avec le référendum du 1er octobre qui lui promet un score digne d'un plébiscite, la première secrétaire va être relégitimée. Avec un pouvoir consolidé, elle s'offre ainsi six mois de tranquillité, jusqu'aux régionales, ce qui devrait lui permettre de tenir, début 2010, dans des conditions optimales la convention sur un nouveau modèle de société. Son "New Deal".
L'étape des régionales s'annonce plus périlleuse. Si Mme Royal est réélue à la tête de Poitou-Charentes, surtout au premier tour, elle lancera, plus d'un an avant les primaires de l'été 2011, sa candidature. Et ces élections reposeront la question de l'alliance avec le MoDem. Mais, là aussi, Martine Aubry a habilement joué. Elle n'a pas fermé la porte à M. Bayrou mais elle a renvoyé la balle dans son camp : est-il prêt à soutenir la gauche aux régionales et à la "rejoindre" sur un projet économique, social et écologique ? Elle a posé des préalables au dialogue. Une manière de gagner du temps et de mieux se repositionner, face à M. Sarkozy, en chef de l'opposition.
Michel Noblecourt
Mais où etes vous sur l 'echiquier politique monsieur ALPERN je vous croyais CHEZ LES VERTS... vous etes devenu ROSE ???
RépondreSupprimerpaca62400
J'ai consacré un article à ma vie politique(!)en date du 13 avril. En voici un extrait:
RépondreSupprimer" Elu en mars 2004 sur la liste Les Verts menée par JF Caron, je succédais à ce dernier comme Vice-Président chargé de l’Environnement et du Développement Durable. Expérience enrichissante et harassante, avec surtout la possibilité de voir les choses, non plus du point de vue local., mais d’un point de vue régional, avec cette stratégie fondamentale de l’aménagement du territoire. Des divergences internes m’amenèrent à décider, en avril 2007, de démissionner, au 1er octobre suivant, non de mon mandat, mais de ma délégation. Ce qui permettait de me consacrer à Hénin-Beaumont. Je démissionnais des Verts en janvier 2008, tout en restant rattaché au groupe écologiste du Conseil Régional.
En juin 2008 (soit 20 ans après !), je repris ma carte au PS : il m’apparaissait difficile de ne pas être rattaché à une structure politique accompagnant la poursuite des objectifs.
Dès avril 2007, j’avais entretenu Daniel Percheron, lorsque je l’ai informé de ma décision de démissionner de la Vice-Présidence, de mon souhait de revenir au PS.
Il faut dire que j’ai confiance en Martine Aubry et que son souhait de « faire bouger les lignes » a précipité ma décision."
Auparavant j'avais fait part de ma décision d'adhérer (réadhérer) au PS, le 10/6/2008 sur ce blog