J'essaye, ci-dessous, de faire le point sur cette affaire héninoise qui revient sur le tapis...
1- Rappels
- Gérard Dalongeville est placé en détention provisoire depuis le 9 avril 2009, poursuivi pour détournement de fonds publics, corruption, faux en écriture privée et usage de faux, favoritisme et recel de favoritisme. Mis en examen et écroué, il est suspendu de son mandat le 2 mai 2009 puis finalement révoqué par un décret du président Nicolas Sarkozy, décidé lors du conseil des ministres le 27 mai 2009, et signé le lendemain.
- Un régime disciplinaire propre est imposé aux maires et aux adjoints par l'article L. 2122-16 du code général des collectivités territoriales.
La suspension et la révocation constituent deux sanctions disciplinaires susceptibles d’être prononcées à l’égard des maires et adjoints en cas de manquement à leurs obligations. La révocation peut être prononcée sans suspension préalable. De même, une suspension peut ne pas être suivie de révocation.
- L’arrêté ministériel de suspension et le décret de révocation doivent être motivés. Le défaut ou l'insuffisance de la motivation est sanctionné par l'annulation de la décision de suspension ou de révocation. Ils peuvent faire l’objet d’un recours contentieux.
- Sur ce dernier point, la jurisprudence, bien que très ancienne, est claire; CE 14/1/1916 Camino (maire d’Hendaye)
"en spécifiant que les arrêtés de suspension et les décrets de révocation de maire devaient être motivés, à peine de nullité, la loi du 8 juillet 1908 a voulu que les motifs invoqués à l'appui des mesures dont s'agit soient assez explicites pour établir que les causes de suspension ou de révocation ne sont pas contraires à la loi ; qu'en d'autres termes, les motifs exprimés doivent, par leur seul contexte, démontrer que l'autorité de qui émane l'acte administratif a fait un usage régulier de ses pouvoirs"
2- La procédure.
L'arrêté ministériel de suspension doit être porté devant le tribunal administratif (TA) et le décret de révocation, directement (en premier et dernier ressort) devant le Conseil d'État (CE).
- l'arrêté était motivé comme suit: "« Cette décision se fonde sur les manquements graves et réitérés de l'élu aux devoirs qui lui incombent en sa qualité de maire et d'ordonnateur et qui ont conduit à une profonde détérioration de la situation financière de la commune ». L'affaire a été plaidée ce matin et le Rapporteur public (nouveau nom donné au commissaire de gouvernement depuis le 1/2/09) a demandé l'annulation de l'arrêté, celui-ci n'étant pas suffisamment motivé. Quant on sait que le TA suit pratiquement toujours le rapporteur, le jugement, qui est en délibéré, pourrait prononcer l'annulation de la suspension de G.Dalongeville!
- le décret est libellé comme suit: "Par décret du Président de la République, en date du 28 mai 2009, le conseil des ministres entendu, M. Gérard Dalongeville, maire de la commune de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), est révoqué de ses fonctions"
Le laconisme de ce décret fait penser que le recours en excès de pouvoir exercé devant le CE pourrait, comme on dit, en droit, prospérer.
3- Quelle suite envisager?
Si le TA annule l'arrêté (non suspensif): cela signifie que Dalongeville n'aurait pas du être suspendu; il est donc toujours maire, mais la révocation s'applique! Sauf si cette dernière est annulée pour insuffisance de motivation, auquel cas les élections municipales n'auraient pas du avoir lieu et Dalongeville ou son 1er adjoint revienne.
Il est alors probable qu'un nouveau décret mieux motivé intervienne, et qu'il soit nécessaire d'organiser de nouvelles élections municipales.
En d'autres termes, ce n'est pas l'annulation de l'arrêté qui pourrait avoir des conséquences, mais celle du décret!
Reconnaissons que ce scénario ne serait pas propice à rétablir la nécessaire sérénité à HB...
Le texte que vous citez n'est pas le décret : le JO indique seulement que "par décret, GD est révoqué" : le décret est évoqué mais son dispotif juridique n'est pas publié (sinon, on aurait au minimum le visa de l'article L.2122-16 du code des collectivités)
RépondreSupprimerEn réalité on ne connait pas le degré de motivation du décret, ce qui ne semble pas en soi une nouveauté : un cas précédent de révocation d'un adjoint au maire a emprunté le même libellé (à voir au JO par ex du 13/09/86 p.11093, révocation d'un adjoint au maire).
Au passage, notons aussi que l'arrêté de suspension de GD n'avait pas non plus été publié intégralement au JO (2 mai 2009 page 7436), les motivations (évoquées par la presse) n'étant pas citées au JO.
Tout ça pour dire, qu'à ce stade, il est difficile de lancer un pronostic alors qu'on ne connaît :
- pas encore le sens du délibéré du TA (qui peut parfois s'écarter du rapporteur public, si, si);
- pas le texte du décret en détail ;
- encore moins le sens de ce que pourrait juger le conseil d'Etat.
Tout ceci, n'est ce pas spéculer un peu trop sans effet utile à ce stade ?
Je vois déjà les gens se précipiter vers de nouvelles élections. Personnellement je ne me réjouis aucunement de ce qui risque encore de se passer à Hénin-beaumont. Voir l'ancienne équipe revenir à la mairie ,non merci!!Et retourner aux urnes ne me semble pas la solution pour que notre ville retrouve la sérénité.
RépondreSupprimerA Remarque:
RépondreSupprimerD'accord avec vous: on ne connait pas la motivation du décret, sauf que Me Cattoir, avocat de GD aurait déclaré, comme le rapporte la VDN, qu'il était également mal formulé...
C'est vrai qu'il manque beaucoup d'éléments pour "spéculer" actuellement. Et vous remarquerez que tout le monde est très prudent. D'autant plus que, finalement, ce n'est pas l'annulation de l'arrêté qui est important, mais bien celui du décret...
Néanmoins, je pense important d'en parler, afin que nos concitoyens soient informés. Que nous reprocherait-on si on passait sous silence ce qui est en train de se passer! Mais je pense que ce que vous vouliez exprimer, c'est qu'il convient de "raison garder" et je suis pleinement d'accord avec vous...Je pense d'ailleurs que, quoiqu'en dise l'édition locale de la VDN, ce n'est pas l'effervescence sur la blogosphère héninoise. Je trouve d'ailleurs intéressant que chaque bloggeur ait donné son point de vue, sans passion aucune et sans "tirer de plan sur la comète".
A Anonyme de 11H18: il me semble avoir abouti à la même conclusion que vous, en parlant de sérénité à favoriser...Mais la justice, même si, elle, est sereine, ne prend pas en compte la situation politique locale, et heureusement!
Mémoire courte mon bon monsieur: ce n'est pas de l'effervescence ça ?
RépondreSupprimer"Dernière minute: élections municipales annulées à HB?
Selon plusieurs sources, le commissaire du gouvernement (dont les conclusions sont la plupart du temps confirmées) demanderait l'annulation des élections municipales d'Hénin-Beaumont, demain, devant le Tribunal Administratif de Lille."
A Anonyme de 13H24
RépondreSupprimerDans ce cas, comment appelez-vous l'article de La Voix du Nord de ce jour: "Les hypothèses", l'une concluant au retour de l'équipe précédente, l'autre à des éléctions "pour éviter ce "rappel anachronique"?
C'est pourtant du travail de journaliste tout à fait justifié...et non plus de l'effervescence ("agitation vive").
Passons de nos problèmes henino- héninois à la réforme en cours sur le mode de désignation des futurs représentants des assemblées régionale et départementale:
RépondreSupprimervendredi 25 septembre 2009
François Fillon confirme le scrutin majoritaire à un tour
© S. Gautier
Le Premier ministre a confirmé, le 25 septembre, devant les parlementaires UMP, que les futurs conseillers territoriaux, amenés à remplacer conseillers généraux et régionaux, seraient élus "au scrutin majoritaire à un tour". "Le mode de scrutin qui vous est proposé pour la désignation des conseillers territoriaux favorisera leur positionnement: notre choix est en effet celui de l'élection dans le cadre du canton, donc au scrutin majoritaire à un tour, qui garantit l'ancrage territorial et la proximité des élus avec la population", a déclaré François Fillon, en clôture des Journées parlementaires de l'UMP.
Une dose de proportionnelle
Parallèlement, a-t-il souligné, "nous ne pouvions pas effacer les acquis du scrutin proportionnel qui favorise la parité et la représentation des différentes sensibilités politiques". "C'est pourquoi nous proposons un scrutin mixte, majoritaire pour l'essentiel, doublé d'une dose de proportionnelle", a-t-il également confirmé. La réforme des collectivités devrait permettre de "passer de 6.000 à environ 3.000 élus".
"Cette réforme de la décentralisation, m'a-t-on dit ici ou là, risque de venir percuter la campagne des élections régionales... Il ne faut pas craindre un débat de fond", a-t-il insisté. "J'en suis conscient: localement, cela constituera un choc que nous allons devoir assumer. Mais nous aurons les Français avec nous", a-t-il encore affirmé.
(extrait de l'Hedo des décideurs locaux).
cimares
à Cimares , j'ai bien compris , "nous aurons les français avec nous " , votre analyse est parfaite et fait peur ; Si la peine de mort aujourd'hui était remise en cause ... ? OUI , ils auraient les français avec eux , s'il fallait expulser les demandeurs d'asile ou migrants ,, oui ils auraient les francais avec eux , s'il fallait remettre en cause certains acquis justes démocratiques , oui , ils auraient et etc , etc , oui je suis très inquiet et le triste et désolant c'est de se dire que mon voisin ne comprend rien , n'a pas l'analyse suffisante , mais ai je le droit de dire celà et donc que dois je faire et pourtant je comprend le but statégique de ce nouvel mode de scrutin que souhaite mettre en place notre "président omnipotent " Richard
RépondreSupprimerAlain alpern ou la vie des autres.
RépondreSupprimerQuand il sera retraité il se mettra à sa fenêtre et parlera seul de ce qyu'il voit.....et leur donnera de leçons
A anonyme de 21H32
RépondreSupprimerVous, vous ne devriez même pas attendre la retraite, pour apprendre l'orthographe!
Tous les jours vous battez des records et pas seulement de conneries!
D'accord, Richard... mais je rappelle que je n'ai fait que reprendre les propos du premier ministre.
RépondreSupprimerCela ne signifie pas que j'adhère.
Par contre,c'est intéressant de savoir comment va évoluer le mode électoral des élus départementaux et régionaux.
Maintenant que vaut l'engagement du premier ministre si cela ne plait pas au président ?
On pourrait répondre en droit... mais tout le monde sait intuitivement que nous fonctionnons maintenant selon le bon vouloir de l'hôte de l'Elysée qu'aucune institution de la République n'ose remettre à l'ordre. Alors...
cimares