Hénin : Daniel Duquenne rendu inéligible le jour où l'élection de son successeur est reportée (La Voix du Nord)

| REBONDISSEMENT |

L'imbroglio héninois dans toute sa splendeur ! Car hier, c'est une véritable tragi-comédie qui s'est jouée à l'ombre de l'hôtel de ville d'Hénin-Beaumont. ...

Une folle journée dont le point d'orgue devait être, sur le coup de 18 heures, la réunion du conseil municipal appelé à élire le successeur de Daniel Duquenne, fraîchement démissionnaire pour raisons de santé.

Une élection devant, sans surprises, installer dans le fauteuil majoral le premier adjoint, Eugène Binaisse. Mais que l'on supputait passée au crible par Marine Le Pen et le groupe FN, ceux-ci ayant déjà prévenu que l'élection serait contestée devant le tribunal administratif pour un vice de forme... Un bogue qui ne sautera aux yeux de la municipalité héninoise qu'hier en début d'après-midi.

Suivant un accord verbal apparemment passé entre l'équipe Binaisse et le groupe FN, les documents afférant à la séance de conseil n'avaient en effet pas été envoyés au domicile des élus d'opposition comme le stipule la loi, mais juste déposés à la mairie. Où Steeve Briois et consorts devaient les retirer. Sauf que, malicieusement, ceux-ci s'en sont bien gardés, rendant ainsi caduques toutes les délibérations qui auraient été votées en soirée.

D'où la décision prise par la municipalité, vers 15 heures, de reporter le fameux conseil à mardi prochain. Un report dont le FN aura bien évidemment fait ses choux gras, organisant en lieu et place du conseil une conférence de presse sur les marches de la mairie, afin de stigmatiser « une équipe de Gaston Lagaffe et Rantanplan... d'un amateurisme permanent ».

Camouflet

Un tir à vue incessant d'autant plus nourri que, dans le courant de l'après-midi, on avait appris la décision du Conseil d'État, rendue publique après une simple semaine de réflexion (au lieu des trois coutumières), invalidant l'élection de Daniel Duquenne. Un élu dont les fonctions au conseil régional ont été appréciées comme étant « au moins équivalentes à celles d'un chef de bureau du conseil régional, ce qui le plaçait dans le champ des inéligibilités édictées par l'article L. 231 du code électoral... » Une décision aux allures de sévère camouflet pour l'équipe actuelle, dont l'élection tenait en grande partie au capital sympathie de son leader auprès de la population. « C'est un poste de maire qu'il a volé ! », commente sans ambages Marine Le Pen. Appelant désormais ni plus ni moins l'équipe en place à présenter sa démission « par respect pour les habitants d'Hénin-Beaumont ».

Un voeu pieux qui fait à peine sourciller Eugène Binaisse et les siens, se présentant, hier, comme « les héritiers de Daniel Duquenne ». Mais souriant moins en apprenant que le FN se targue d'avoir déjà déniché une faille dans la prochaine convocation du conseil municipal. La guérilla urbaine ne fait sans doute que commencer ! • 

PASCAL WALLART ET CHRISTOPHE LE COUTEUX 

Région 19/5/2010