On lira, ci-dessous, un nouvel épisode de l'affaire Bettencourt, à travers un éditorial du Monde. Le quotidien a décidé de porter, une nouvelle fois, plainte pour atteinte au droit d'informer. Rappelons que si la presse n'avait pas fait son travail, nous aurions été dans l'ignorance des dessous de l'affaire Bettencourt qui constituent de graves atteintes à la démocratie, ainsi mises en évidence. Je les rappelle ci-dessous:
- atteinte à la séparation des pouvoirs. Le procureur Courroye (placé sous l'autorité hiérarchique du Ministre de la Justice...) n'a procédé qu'à quelques mesures de diversion (perquisitions, interrogatoires du Ministre), alors que la Présidente de chambre, Madame Prévost-Desprez, chargée du volet concernant la plainte de la fille de Madame Bettencourt pour " abus de faiblesse " et visant l'artiste François-Marie Banier, a décidé de fouiller un peu plus le dossier, qui mettrait en cause le Ministre Woerth, voire même le Président de la République (financement illégal de campagne). J'ajoute que M.Courroye est un ami de...Nicolas Sarkozy! Je n'ai pas besoin de m'appesantir sur les fortes suspicions qui pèsent sur l'indépendance du Procureur Courroye;
- atteinte à la transparence de l'Etat. Comment accepter que M.Woerth, alors Ministre du Budget, ait pu être, en même temps, trésorier de l'UMP? C'est-à-dire que c'est le même homme qui avait autorité sur les services de l'État chargé de vérifier les déclarations fiscales (rappelons que l'on a appris, bien tard et grâce à la presse, que Mme Bettencourt avait omis de déclarer des comptes en Suisse et qu'elle possédait une île paradisiaque), le même homme donc qui "gérait" également les dons des gros donateurs de son parti. Sauf à être naïf, on voit bien quelle corrélation on pourrait établir entre une bienveillance et un gros chèque pour financer la campagne présidentielle.
- atteinte aux règles de probité de nos ministres: non seulement notre ministre du budget de l'époque a couvert (indirectement?) les fausses déclarations fiscales de madame L'Oréal, mais le cabinet chargé de gérer la fortune de cette dame et donc d'établir ses déclarations fiscales employait...l'épouse du Ministre. Se rend-on bien compte de ce que cela signifie? M.Woerth a toujours nié qu'il y ait un quelconque conflit d'intérêt. N'empêche que, comme par hasard, Mme Woerth a démissionné de son emploi, peu de temps après que cette affaire ait éclaté...
Quelle image de la France! Quelle image de l'intégrité de nos gouvernants! Quelle image de la justice sociale!
Le Monde du 24/10/2010
Éditorial
Le bon sens judiciaire a fini par s'imposer dans l'affaire Woerth-Bettencourt. Après plus de trois mois d'un incroyable maelström où le tribunal de Nanterre a donné le spectacle navrant d'un affrontement entre le procureur, Philippe Courroye, et Isabelle Prévost-Desprez, présidente de chambre, le procureur général de Versailles s'est résolu à siffler la fin de la partie. Estimant que " l'image et la sérénité de la justice ne sont plus lisibles au tribunal de Nanterre ", Philippe Ingall-Montagnier va saisir la Cour de cassation pour que " tous les dossiers quittent Nanterre, où il n'y a plus la sérénité indispensable au fonctionnement de la justice ". Venant d'un magistrat qui a longtemps couvert les choix de M. Courroye, cette décision de dépaysement, qui aurait dû s'imposer dès le début de l'affaire, sonne comme un aveu.Pour en arriver là, il aura fallu le scandale de la révélation, dans nos colonnes, de la seconde intervention officielle pour identifier les sources de nos journalistes. En juillet, c'était les services du contre-espionnage qui se procuraient les facturations détaillées (dites " fadettes ") de David Sénat, alors conseiller pénal de Michèle Alliot-Marie, à la recherche d'un lien avec un journaliste du Monde, Gérard Davet. Cette fois-ci, c'est le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, qui s'est procuré la liste des appels téléphoniques de Gérard Davet et d'un autre de nos reporters, Jacques Follorou, pour identifier qui pouvait être à l'origine de la révélation, par Le Monde du 2 septembre, de la perquisition menée chez Liliane Bettencourt par la juge Isabelle Prévost-Desprez. Les deux affaires diffèrent sur la forme, mais pas sur le fond. Dans le premier cas, le contre-espionnage, qui agissait dans un cadre administratif, s'est procuré ces fadettes hors de toute disposition légale - les dénégations de la police, qui a tenté de se protéger derrière la loi sur les écoutes téléphoniques de 1991, ont été contredites par notre enquête. Dans le second cas, le procureur Courroye, qui s'est fait remettre par la police la liste des appels de nos journalistes, agissait dans le cadre judiciaire d'une enquête préliminaire. Mais en dehors des clous du code de procédure pénale, qui interdit aux magistrats du parquet de se faire communiquer les fadettes des journalistes sans l'accord express des intéressés. Une nouvelle fois, le pouvoir s'est donc affranchi de la loi pour éviter les fuites dans une affaire d'Etat. En totale contradiction avec la législation du 4 janvier 2010, qu'il a pourtant fait adopter et qui dispose qu'il " ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources - des journalistes - ". C'est pour cette raison que Le Monde a décidé, une nouvelle fois, de porter plainte pour violation du secret des sources, après l'avoir déjà fait le 20 septembre. Cette démarche ne relève pas d'une défense corporatiste de notre profession. L'atteinte au secret de nos sources est une atteinte au droit d'informer et d'être informé. Elle a ceci d'intolérable qu'elle met en danger l'exercice même de notre métier et notre rôle de contre-pouvoir. |
NE NOUS ETONNONS PAS DES TAUX D ABSTENTION AVEC DE TELS COMPORTEMENTS. DE PLUS SARKO FAIT LE LIT TOUJOURS PLUS LARGE POUR LE FN QUI UTILISE CES DERIVES POUR CLAMER "TOUS POURRIS".
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