par Yossi Alpher (ancien officier supérieur du Mossad et ancien directeur du Centre d’études stratégiques Yaffee de l’université de Tel-Aviv, a participé aux accords de Camp David en tant que conseiller d’Ehud Barak. Avec Hassan Khatib, vice-président de l’université Bir-Zeit et ancien ministre du Plan de l’Autorité palestinienne, Yossi Alpher a créé Bitterlemons.org, un site de dialogue israélo-palestinien).
L'article peut-être lu, en anglais, sur le site: http://www.bitterlemons.org/previous_ins.php?opt=1&id=13#54
Traduction : Tal Aronzon pour La Paix Maintenant (mouvement français qui milite pour la paix entre Israéliens et Palestiniens et a pour vocation de promouvoir et soutenir les actions du mouvement israélien Shalom Arshav (La Paix Maintenant), et de les faire connaître en France. Elle a aussi pour vocation de soutenir et de faire connaître en France les initiatives de paix israélo-palestiniennes, comme les Accords de Genève et l’initiative Ayalon-Nusseibeh)
Pourquoi la paix ne marque-t-elle aucun progrès ? Cette question nous donne une bonne occasion de passer en revue les obstacles surgis au cours de ces deux dernières années et demie. Durant cette période, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Barack Obama sont entrés en fonctions, et les pourparlers Olmert-Abbas [1] se sont soldés par un échec.
Il n’y a pas de processus de paix car ni les Israéliens ni la direction palestinienne ne le veulent ; de même qu’il n’y a pas de processus de paix car le gouvernement Obama n’est pas disposé à user de pressions véritables pour le faire advenir. Chacun des acteurs en présence est conduit par sa propre logique à éviter tout processus sérieux.
À Jérusalem, le cabinet Netanyahu n’est pas prêt aux concessions territoriales nécessaires au succès. Il a également des exigences de sécurité, telle la permanence à long terme d’une présence israélienne armée dans la vallée du Jourdain, qui sont incompatibles avec la paix. Que ces demandes soient sincères ou simplement prétexte à éviter des concessions territoriales, il existe des alternatives claires et convaincantes à un déploiement prolongé de Tsahal dans la vallée du Jourdain, alternatives que le Premier ministre Netanyahu se refuse à envisager. En outre, il est des membres de son cabinet pour formuler des objections à la création d’un Etat palestinien, sur des bases idéologico-religieuses et/ou de crainte que cet État, faute d’être viable, ne tombe aux mains d’extrémistes. Ils représentent une minorité au sein de l’opinion publique israélienne, mais une majorité de la coalition qui soutient Netanyahu.
Ces dernières années, les Israéliens ont élu des dirigeants de tendance faucon, non parce qu’ils rejettent la paix mais en réaction à des actes de violence extrême et sans raison apparente de la part de nos voisins : attentats-suicide ; attaques de roquettes depuis un territoire unilatéralement évacué [2]. Cela étant, le gouvernement Netanyahu qui nous est échu en mars 2009 se montre clairement incompatible avec une authentique solution à deux États.
Netanyahu a cependant très bien réussi à disjoindre les choses : il a adopté une solution à deux États, non sans ambiguïtés ; et il a invité l’OLP à négocier sans conditions préalables, à l’instar de ses prédécesseurs. Mais l’a-t-il vraiment fait ? En septembre dernier, il a semble-t-il informé Abbas que le point de départ des négociations devrait être sa demande que l’IDF (AA: Israeli Defense Forces, Tsahal en hébreu, l'armée israélienne) reste pour les quarante années à venir dans la vallée du Jourdain. Et ses négociateurs, a-t-on rapporté, ont refusé d’accepter un document énonçant les positions palestiniennes. Dans l’intervalle, Netanyahu construit et étend des colonies, et échafaude un geste unilatéral ou deux, voués dans tous les cas à apparaître « trop petits, trop tardifs ».
NOTES
[1] Suite au sommet d’Annapolis et sous la pression des États-Unis, Ehud Olmert alors Premier ministre, et Mahmoud Abbas, Président d’une Autorité palestinienne depuis peu évincée de Gaza, reprennent le 27 décembre 2007 des pourparlers gelés depuis sept ans. Près de deux années et trente-six rencontres plus tard, alors que de multiples points d’accords ont été trouvés, c’est un Ehud Olmert démissionnaire pour raisons intérieures qui propose à Mahmoud Abbas un plan de paix - auquel aucune réponse ne sera faite dans l’attente de savoir qui, de Tzippi Livni ou Benyamin Netanyahu, constituera le prochain gouvernement à Jérusalem.
[2] En l’occurrence la bande de Gaza.
A suivre
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