|La Voix du Nord 16/6/2011
Au terme des trois interrogatoires auxquels a été soumis Guy Mollet, l'homme d'affaires héninois est apparu avec évidence aux enquêteurs comme l'entremetteur indispensable entre les autorités municipales et diverses entreprises. Un homme qui, s'il était remis en liberté, serait à même de pouvoir orienter les déclarations futures des uns et des autres, de les aider à préparer leur défense ou à faire disparaître les éléments de preuve qu'ils seraient encore susceptibles de détenir. Assez inquiétant pour que, le 9 avril 2009, le juge des libertés et de la détention décide de placer Guy Mollet en détention provisoire. D'autant que quelques phrases velléitaires prononcées par ce dernier lors du dernier interrogatoire (notamment lorsqu'il regretta de ne pas avoir eu le temps de mettre une droite de boxeur à Gérard Dalongeville), n'auront pas plaidé en sa faveur...(AA: G. Mollet n'a effectivement jamais lésiné sur les moyens...)
« J'ai agi de mon plein gré ! »
Retour au 7 avril, 6 heures du matin, pour la troisième vague d'interpellations, cette fois-ci au domicile de l'ancien premier adjoint, Claude Chopin. Traditionnelle perquisition, cette fois-ci beaucoup moins fructueuse que lors des coups de filet opérés chez Gérard Dalongeville et Guy Mollet. Tout de même, un dossier au nom de DIPI (l'une des sociétés belges imprimant le Journal du pays) interpelle les enquêteurs. Deux factures de 40 000 E et 48 400 E, une facture ayant trait à la foire aux manèges (? ), un contrat ou encore une attestation signée de Claude Chopin. « Des documents que réclamait la CRC », commente laconiquement l'ancien grand argentier héninois. Autre document titillant l'intérêt des policiers qu'un certificat de paiement concernant une société de géomètres avec laquelle travaillait régulièrement la Ville et qui avait apparemment pour tradition de se servir largement en commissions...(AA: en échange de quoi? Faut-il comprendre que ces commissions étaient reversées? A qui? Nul doute que nous en serons bientôt plus au procès. Ce dernier parait arriver très rapidement après les faits. En effet, dans l'affaire des bâtiments expropriés de la pharmacie du fils Mellick, dont je rapporte, par ailleurs, les suites, c'est dès 1997 que nous avions soulevé nos interrogations: or, c'est 14 ans après que la justice commence à se pencher sur cette affaire...A Hénin, il ne serait pas étonnant que, par des artifices procéduriers, de reports en reports, nous ne commencions à connaitre ce qui s'est réellement passé avant longtemps...De plus, nous serons à quelques mois des Présidentielles...Non, décidément, je ne vois pas la justice faire son œuvre en 2011!) Vers 9 h 30, c'est dans les locaux du commissariat de Lens qu'un brigadier du SRPJ de Lille entend pour la première fois Claude Chopin. Qui explique son rôle en ce qui concerne le règlement des commandes publiques : « Un chef de service me présentait un bon de commande que je signais. Comme je faisais confiance aux chefs de service je signais après avoir vu le bon de commande. Lorsque je m'interrogeais sur la nécessité de la dépense en cause, j'allais consulter le responsable du service qui avait émis le bon de commande ... » Quant à l'exécution de la mention « service fait » ou « bon à payer », M. Chopin explique qu'en règle générale, c'est le service intéressé qui s'en occupe directement. Sauf exceptions et exceptions il y eut pour certains services de gardiennage que l'ex-premier adjoint reconnaît avoir visé directement pour que la facture soit réglée : « Bien que ce marché soit en relation avec le service des marchés publics, c'est moi qui ai apposé ma signature et je n'ai pas de raisons afin de justifier le fait que ce soit moi qui l'ai signé... J'ai agi de mon plein gré.(AA: on en conclut donc que pour les factures "normales", l'adjoint paraphait ce qu'on lui présentait, et que pour les factures "douteuses", il prenait l'initiative d'ordonnancer pour paiement, sans visa des services...mais ceux-ci en avaient certainement connaissance et n'ont rien dit...)
Je n'ai souvenir d'aucun autre domaine pour lequel j'aurais été amené à signer d'autres bons à payer... » En début d'après-midi, un nouvel interrogatoire balaie d'autres zones opaques. Dont les déplacements en avions-taxis. M. Chopin se souvient avoir accompagné Guy Mollet à deux ou trois reprises et notamment près de Carcassonne où, explique-t-il, « il était prévu de faire un camp de toile et d'y construire une maison pour enfants ». Des déplacements dont était au courant Gérard Dalongeville ? « Je suppose qu'il était au courant pour ATS puisque je lui rendais compte systématiquement à chaque fois que je revenais de Carcassonne ou de Léon. C'est d'ailleurs M. Dalongeville qui m'établissait mon ordre de mission... » (AA: à quel titre se déplaçait-il? en remplacement du maire, certainement, mais quel était l'objet de la mission figurant sur le document administratif?)
PASCAL WALLART
A suivre
22 article (et aujourd'hui 23ème). Bravo, Mr Wallart pour ce bel exercice journalistique de longue haleine. il faut reconnaître que le sujet en vaut vraiment la peine. Cette période dans la gestion municipale de la ville d'HB marquera l'histoire. Chaque article apporte des éléments nouveaux et permet aussi de mieux découvrir les principaux protagonistes de cette "Saga" hors normes. Les personnages sont à la hauteur du scénario !.
RépondreSupprimerTout cela incite bien-sûr aux débats. J'aimerai un jour connaître le point de vue d'"observateurs éclairés" :
- des élus expérimentés dans la gestion des affaires communales,
- des techniciens experts dans la gestion des collectivités locales
- des représentants de l'Etat en charge du suivi des activités des collectivités locales
- des citoyens intéressés et impliqués dans la vie citoyenne locale
....
En tout cas, quel cas de figure !!!
LB