dimanche 19 juin 2011

Dans les méandres de l'affaire Dalongeville (24) : Une gestion des marchés publics artisanale entre 2001 et 2008 ? « Ça a fonctionné à l'image du chef ! » confesse Claude Chopin

samedi 18.06.2011 La Voix du Nord


À l'issue de ses trois interrogatoires, le peu d'explications apportées par Claude Chopin alliées à sa propension à éluder les questions gênantes, feignant de découvrir les faits délictueux qui lui sont reprochés, n'ont guère fait pencher la balance de son côté.

Ainsi, le matin du 9 avril, le procureur-adjoint Jean-Pierre Roy n'exprime rien d'autre que son envie de poursuivre les investigations concernant l'ancien premier adjoint dont «la connaissance des rouages locaux tant au niveau du personnel politique que des mécanismes administratifs permettent d'affirmer qu'il a été au même titre que le Maire, Gérard Dalongeville, un personnage incontournable dans la gestion de cette commune». L'ancien élu est alors suspecté d'avoir protégé un système présenté comme «crapuleux», ayant, toujours selon le procureur-adjoint, en toute connaissance de cause, participé aux malversations fraîchement révélées.
D'où la demande alors faite au juge des libertés et de la détention de le placer en détention provisoire afin d'«éviter toute pression, toute concertation avec les co-auteurs ou témoins».
Un placement en détention délicat pour l'ancien élu amoindri par une récente opération de la cataracte et souffrant du cœur... Ce qui ne l'empêchera pas d'être transféré, le 9 dans la soirée, à la maison d'arrêt de Sequedin. où il devient le numéro d'écrou 13156.
Après une première nuit pénible, il obtiendra, à sa demande, de l'administration pénitentiaire, d'être placé en chambre d'isolement. Une mesure réclamée eu égard à son âge, mais qu'il obtiendra finalement de par la médiatisation importante de l'affaire héninoise. Le début de trois mois «en enfer» pour l'ancien élu qui aura l'honneur d'être finalement le premier protagoniste à recouvrer la liberté, le 3 juillet 2009.
Mais avant cela, l'ancien grand argentier aura été entendu une nouvelle fois, le 18 mai, par la juge, Véronique Pair. L'occasion pour M. Chopin, plus d'un mois après l'affaire, de rectifier le tir sur certains dossiers. Même si, d'entrée de jeu, la magistrate lui signifie que Gérard Dalongeville s'est de son côté déchargé de toute responsabilité sur les faits pouvant le mettre en cause. «Je vais redire ce que j'ai déjà dit en garde à vue en toute franchise. Je ne vais pas mentir. J'ai une délégation, c'est sûr mais en tout état de cause, j'obéis à ses ordres !»

Vilain tacle

Et pourtant, Gérard Dalongeville (on le lira dans de prochaines éditions) n'a guère été tendre avec son collaborateur, lâchant à propos des marchés publics : «Entre 2001 et 2008, avec du recul je crains que ça ait fonctionné de manière artisanale !» Un vilain tacle qui ne désarçonne pas pour autant Claude Chopin, répliquant du tac au tac : «Ça a fonctionné à l'image du chef. Je dirais simplement que dans ce domaine là, il connaissait le respect de la procédure comme moi ou d'autres membres du personnel. En ce qui me concerne, je n'intervenais jamais sans avoir les avis du maire, du service financier ou du service des marchés publics... Je ne pense pas qu'on trouve une facture ou un bon de commande signés par moi sans qu'il y ait le visa du maire également donc il ne peut pas dire qu'il n'était pas au courant.» 

M. Chopin enfonce le clou lorsque la juge lui demande s'il lui paraît plausible que Gérard Dalongeville n'ait découvert qu'au cours de sa garde à vue, comme il le prétend, les nombreuses irrégularités qui lui sont reprochées : «Non, ce n'est pas possible!» confesse son ancien bras droit.

PASCAL WALLART

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