Divagations "spirituelles"

Tous les matins, en me levant, je jette un coup d’œil mécanique par la fenêtre de mon appartement, afin de voir si la vie s'anime sur cet échafaudage, placé là, il y a plus de 2 mois, afin de procéder à la rénovation de l'Eglise Saint-Martin, ce superbe édifice de style gréco-byzantin, en très mauvais état. Mise à part ce qui devait être une réunion de chantier, il y a quelques semaines, la structure tubulaire d'une trentaine de mètres débouchant sur la galerie faisant le tour du dôme, est désespérément vide: le chantier n'a pas démarré et l'on peut se demander ce qui retarde le début des travaux. Une nouvelle fois, la commune, maître d'ouvrage nous annonce-t-on, oublie (?) d'informer sur le retard et, bien sûr, chacun y va de son estimation du gâchis financier que représente la non-utilisation de l'échafaudage...Ah! j'oubliais qu'il y a quelques jours, l'adjoint au travaux tentait de nous rassurer:  le nettoyage de la façade ne produirait pas de poussière pour les voitures puisque l'on utilisera un autre procédé: des produits chimiques (sic!).

La vérité m'oblige à dire que quelques mouvements ont été enregistrés: la baraque de chantier primitivement installée a été supprimée au prix d'une beaucoup plus grande placée un peu plus loin et perturbant la circulation sur le parking. Tout cela semble bien improvisé...

Et ce matin, mon humeur vagabonde une nouvelle fois sur l'aventure humaine, son génie et sa...vacuité.

Bien sûr, je ne me ferai pas l'écho des plaisanteries qui courent dans les conversations héninoises (beau podium pour le 14 juillet, par exemple), mais j'avoue que mon imagination me joue quelquefois de mauvais tours:

- Cet édifice accroché à l'église fait penser à un Légo et ses dimensions impressionnent. De là à penser à l'égo surdimensionné de certains responsables du chantier...

- A vrai dire, je me suis rappelé que le maire de Noeux-les-Mines, Jacques Villedary, assez mégalo, s'était un jour amusé à faire un saut en élastique du haut de ce je ne sais quel édifice de sa ville et une photo de la Voix du Nord immortalisa cet exploit. Y aurait-il un élu héninois tenté par un tel saut qui justifierait, pour la postérité, l'existence de l'échafaudage? 

- De même aurait-on pu profiter de cette installation pour en faire un plongeoir (il y en a pour tous les goûts avec les 15 paliers existants)  pour le "Hénin-Plage", annoncé malencontreusement, il y a 2 ans, par un  élu enthousiaste mais peu réaliste...On pourrait alors assister à un "saut de l'ange" en phase avec la "basilique"

- La mode ou plutôt la raréfaction des espaces urbains disponibles, aux États-Unis, a promu l'existence de parkings en hauteur avec des structures métalliques identiques à notre échafaudage, mais agrémentées d'un monte-charge. Si les travaux de l'église étaient retardés de plusieurs mois, voire années, on pourrait ainsi rentabiliser le coût très élevé de ce montage, en l'utilisant comme stationnement de longue durée...

- Sur le plan spirituel, peut-être pourrait-on utiliser l'échafaudage pour une procession ascensionnelle vers l'Esprit Divin, ou comme Chemin de Croix original lors des fêtes de Pâques. Recommandons fortement à la Mairie de coordonner la mise en place d'un tel évènement avec, non seulement l'évêché, mais avec les commerçants, car cela pourrait attirer du monde à Hénin-Beaumont.

- Si tel était vraiment le cas, il faudrait alors envisager de conserver ce qui me fait irrésistiblement penser au Musée Pompidou et, ce, en complément de l'arrivée du Louvre à Lens. A côté du site du Métaphone sur le "carreau" du 9/9bis à Oignies (carrefour prochain des pratiques musicales) et de ce grand espace naturel urbain du "Parc des Îles" de Drocourt, voilà une attraction qui ne manquerait pas d'attirer les visiteurs du Louvre ou les spectateurs de Bollaert...

- Et si nous appelions cet édifice du nom  de "Cyrano de Bergerac" en l'honneur de ce fameux passage de la "tirade du nez" où Edmond Rostand fait œuvre prémonitoire pour Hénin:

"Aimez-vous à ce point les oiseaux

Que paternellement vous vous préoccupâtes

De tendre ce perchoir à leurs petites pattes?"

- Enfin, je viens d'avoir réponse à une question qui me taraudait l'esprit depuis fort longtemps: je me suis demandé comment faisaient les fidèles qui, en pleine messe, étaient pris d'une irrésistible envie naturelle. J'avais eu l'idée, jadis, de proposer l'aménagement de lieux d'aisance dans l'enceinte du culte. Malheureusement cette idée de business se heurta à l'incompréhension des prêtres plus soucieux de soulager l’âme humaine que son corps...Eh bien! figurez-vous que l'on a repris mon idée, certes de façon grossière, puisque l'on a installé un WC, à proximité du porche de l'église. Primitivement prévu pour les ouvriers, on pourrait conserver ces lieux d'aisance, moyennant un faible paiement qui viendrait non seulement en payer l'entretien, mais pourrait également alimenter le denier du culte. Et peut-être est-ce également un moyen très simple d'attirer de nouvelles ouailles en ces temps de disette de la pratique religieuse...