Pauvre Hénin-Beaumont!

Le patron du PRG, témoin involontaire des bisbilles entre P. Ferrari et la majorité

jeudi 25.08.2011 La Voix du Nord

Venu évoquer le souvenir des mineurs, J.-M.Baylet, présidentdu PRG, a assisté au déchirement des frères ennemis...

Hier, la venue à Hénin-Beaumont de Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche, a été littéralement éclipsée par un nouvel épisode de la guerre de tranchées entre l'équipe d'Eugène Binaisse et celle du Nouvel Élan. La majorité estimant que le camp adverse « récupérait » l'événement. Et dire que le patron du PRG, en tournée dans la région, était officiellement venu honorer la mémoire des mineurs de la fosse Mulot...

PAR HERVÉ NAUDOT

En faisant halte à Hénin, Jean-Michel Baylet imaginait-il avancer en terrain politique aussi miné ? Le patron du PRG, candidat aux primaires citoyennes de 2012, et à ce titre en tournée dans la région, aura assisté à l'une de ces tragi-comédies comme la vie politique héninoise sait en offrir.

Sur le papier, les choses se présentaient de la manière suivante. Après être allé à Lille le matin, et juste avant de se rendre à Béthune dans l'après-midi, le patron du PRG faisait étape rue Brossolette, à Hénin, pour évoquer le souvenir de la grève des mineurs de 1941 et rappeler au passage l'engagement des radicaux de gauche autour des valeurs républicaines. Les porte-drapeaux étaient là, une gerbe devait être déposée. Du classique, en somme.

Sauf que du côté des politiques locaux, chacun estimait que le camp adverse n'avait aucune légitimité à être sur la photo... Ce fut d'abord un Eugène Binaisse au visage fermé et manifestement agacé de la tournure prise par les événements, qui s'offusqua de voir Claudine Policante, une proche de Pierre Ferrari, mener les débats. La cour de récré n'était pas loin lorsque Georges Bouquillon, le premier adjoint, tenta de couper la sono, et donc le sifflet, au camp adverse, avant de se raviser. Dans un communiqué, la municipalité explique ce geste par le fait que « les membres du Nouvel Élan se sont empressés de tromper la vigilance des services techniques municipaux pour installer avant eux leur propre sono (...). » Ambiance... À quel titre Pierre Ferrari, ex-futur partisan de DSK, était-il présent ? L'intéressé, qui explique avoir été invité par le PRG, estime avoir ainsi agi « en républicain ». Pur opportunisme, réplique Éric Mouton, responsable local du PRG, qui se dit « outré par l'attitude de M. Ferrari qui n'est rien du tout et n'avait rien à faire là ». Du côté de la coordination de campagne du PRG, on explique qu'« il était convenu que Jean-Michel Baylet rencontre les acteurs de gauche d'Hénin-Beaumont. Nous avons travaillé avec Éric Mouton et j'avais prévenu le maire d'Hénin-Beaumont de notre venue, de façon républicaine, comme nous le faisons toujours. » Stoïque au milieu de la cacophonie, Jean-Michel Baylet s'est attaqué au Front National et à ses solutions qui « ne sont que des chimères ». Avant d'interpeller directement les responsables politiques de gauche : « Malgré vos divergences que j'ai encore vues à l'instant, vous menez le même combat face au Front National. » L'hymne aux corons chanté par Françoise Mopty n'apaisa guère les deux camps qui, après le départ de M. Baylet, ont continué de s'écharper en échangeant des noms d'oiseaux sur le trottoir. Au « lamentable » des uns, fusaient les accusations de « sectarisme » des autres... Un dernier couac pour la route ? Des « problèmes d'intendance » ont empêché la gerbe d'être déposée comme prévu.

Décidément, hier, ils avaient bon dos, les mineurs...

AA:

Qu'ajouter de plus à un tel tableau! Quand on en arrive à un tel degré d'irresponsabilité, on se demande comment certains prétendent vouloir exercer le pouvoir...Je renvoie dos à dos tous les protagonistes de cette farce. N'attendez pas de moi que je trouve des excuses à l'un ou à l'autre ! Je ne défendrai personne dans ce spectacle digne de "Grand-guignol" ou de Clochemerle, sauf qu'ici, l'enjeu, c'est l'avenir d'une population déjà bien malmenée par le déclin industriel et l'entreprise mafieuse d'un maire finalement déchu.

Se donner en spectacle, alors que la ville est exsangue et que le FN est aux portes, relève d'une puérilité sans nom. 

On se dirait dans une prairie où les moutons affamés se disputent le peu d'herbe qui reste, sous les yeux avides du grand méchant loup.

L''évidence est, pourtant, que les démocrates, de tous bords et sans exclusive, n'ont qu'une seule chance pour sauver la ville du loup FN, c'est, malgré toutes les réticences, incapacités et autres aversions, de travailler ensemble pour gérer une commune à la dérive afin d'essayer, dans moins de 3 ans, de présenter un bilan convenable, après 2 nouvelles années perdues et marquées par les dérives...

Or, entre une majorité aux abois et ayant pris conscience (on l'espère) de ses limites, et une opposition excédée, le fossé de la haine s'élargit pour atteindre un point de non-retour...

Pauvre Hénin-Beaumont qui n'a pas mérité, en plus du FN, toute cette médiocrité et cette intolérance.

Comment faire pour que la raison, s'il en est encore temps, l'emporte?

J'adjure ceux qui se disent responsables de surmonter leurs egos... Ils savent que la table de discussion est dressée pour les recevoir début septembre... A moins qu'ils ne préfèrent la politique du pire...