Mercredi 21 septembre, c'était la Journée internationale de lutte contre la maladie d'Alzheimer. Près de 35 millions de personnes dans le monde souffrent de ce fléau, dont environ 860 000 en France. En 2008, M. Sarkozy avait agi énergiquement en annonçant un plan de lutte contre cette maladie. Mais ce n'était que la première étape d'une action plus large contre la dépendance, alors que le nombre de personnes âgées dépendantes devrait augmenter, en moyenne, de 1 % par an jusqu'en 2040.
Cette réforme de la dépendance, qui avait été présentée comme une urgence lors de la présidentielle de 2007 - M. Sarkozy envisageait alors la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale pour compléter sa prise en charge -, a été ajournée. Le 25 août, François Fillon avait considéré que "traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd'hui, dans l'urgence, ne serait pas responsable". Le premier ministre a reporté au "début 2012" ce qui devait être un "chantier prioritaire" de 2011. Autant dire que la réforme, malgré les dénégations de Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, est reportée aux calendes, après l'élection présidentielle.
Pourtant, la crise financière n'annule pas l'urgence de la réforme de la dépendance, même si l'on sait que son coût sera élevé. Avec principalement les dépenses de soins dispensées par l'assurance-maladie et l'allocation personnalisée d'autonomie, financée par les conseils généraux, la France possède déjà "un socle puissant de couverture de la dépendance". Cette dépense publique de 22 milliards d'euros va augmenter du fait de la hausse prévisible des besoins. D'ici à 2040, l'effort supplémentaire représentera de 0,28 à 0,69 point de PIB par an. Comment le financer ?
Mme Bachelot n'a pas été inactive. Au premier semestre, elle a organisé vingt-six débats dans les départements et quatre en région. La ministre a consulté les partenaires sociaux, les associations et les partis politiques, en essayant de dégager une solution consensuelle. En période préélectorale, cela relevait de la gageure. En 2007, M. Sarkozy avait estimé que la prise en charge de la dépendance devait aussi passer par l'assurance privée. La dépendance, avait-il affirmé, est "le plus souvent un risque assurable qui peut être couvert par des produits financiers innovants". Mme Bachelot avait toutefois rejeté l'idée d'une assurance privée obligatoire.
La piste qui émergeait dans les débats préparatoires à la réforme consistait à aligner la CSG des retraités (6,6 %) sur celle des actifs (7,5 %), le gain annuel étant évalué à 2 milliards d'euros. Autant dire que la réforme risquait de toucher les personnes âgées, celles qui avaient assuré l'élection de M. Sarkozy en 2007. Quand il donnait la priorité à la réforme de la dépendance en 2011, M. Sarkozy assurait qu'"attendre serait une faute morale impardonnable". Il avait alors revêtu les habits du président protecteur. A huit mois de la présidentielle, M. Sarkozy semble d'abord soucieux de protéger son électorat.
Éditorial Le Monde du 20/9
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