Daniel Percheron : un homme de l’ombre (7)

2-2 L’Homme qui continue à diriger la Fédération du Pas-de-Calais

Malgré des 1ers Secrétaires en titre, Serge Janquin, puis Catherine Génisson à partir de 2008, il n’est un secret pour personne qu’aucune décision n’est prise sans son accord. Il est vrai que son ombre tutélaire règne sur quasiment tous les élus : aucune nomination ou candidature ne se fait sans son aval. Ses talents d’orateur galvanisent les militants présents aux Chantiers du PDC à Wingles tous les ans et son discours emplit la salle alors que beaucoup de socialistes flânent, quelques minutes auparavant, près du bar : « Daniel va parler ». Le sens de la formule, un langage simple, un style amical, des envolées lyriques, de l’humour mais point trop, DP sait discourir.

Pourtant, il a perdu la main…

Le PS 62 est en pleine déliquescence :

2-2-1 Les dossiers mal gérés s’amoncellent :

A- Hénin-Beaumont : le PS semble l’avoir abandonnée au FN. Des erreurs inimaginables :

• Soutien éhonté (volonté DP) au maire déchu, Dalongeville après avoir abandonné Darchicourt, son prédécesseur.

• Ratage du parachutage (voulu par DP) de MN Lienemann.

• Pas de section PS reconstitué.

• Soutien étonnant à la municipalité actuelle

• Incapacité de désigner un candidat à 5 mois des législatives alors que la candidate FN sera Marion Le Pen !

• Etc.

B- Aucune stratégie mise en place pour contrer un FN à, au moins, 40% dans la plupart des communes du Bassin Minier Ouest

C- Des loupés dans la constitution de la liste des sénatoriales ( menée par …DP), dans les circonscriptions législatives (il y aura pas mal de dissidents en prévision)…

2-2-2 Les rumeurs les plus folles circulent :

- Après les rapports de la Chambre Régionale des Comptes sur Adevia, CFR, Soginorpa/Epinorpa, Pas-de-Calais Habitat, on met en cause la gestion de ces organismes, des malversations potentielles…

- Dalongeville aurait « balancé » sur un financement parallèle du PS, des leaders socialistes ont profité du système (Kucheida, Lemaire, Dagbert…). Des enquêtes préliminaires sont en cours sur tous ces sujets.

2-2-3 Le parti ne se renouvelle pas

Kucheida, Mellick, Percheron sont toujours bien là, à près de 70 ans. Facon et Cottigny s’accrochent, Lang est parti…Les jeunes pousses susceptibles de leur succéder ne sont pas légion… A part le Maire de Boulogne, Frédéric Cuvillier, on ne voit personne pointer. Guy Delcourt a pêté les plombs, Vancaille est mis à l’écart, Villedary (maire de Noeux-les-Mines) s’est ridiculisé avec sa mini communauté de communes, Génisson a montré ses limites…Alain Wacheux ne répond pas aux espoirs placés en lui..

Bref, toute une génération qui va disparaître, la suivante qui a loupé le train et l’après-suivante ne pointe pas son nez.

Le bilan est catastrophique, même si l’emprise du PS est encore forte dans les collectivités.

2-2-4 Daniel Percheron a peut-être signé sa fin

DP s’est affronté à Martine Aubry. Or cette dernière devrait continuer à jouer un rôle important dans le Parti. Tout avait bien commencé pourtant : Percheron avait fait gagner M.Aubry lors du Congrès de Reims, la Fédération 62 ayant assez largement penché en sa faveur poussée par Percheron.

Puis, la 1ère Secrétaire Nationale, forte de l’approbation des adhérents avait décidé la limitation des mandats. D. Percheron a refusé de s’appliquer cette règle…On avait cru comprendre que Martine Aubry avait fait accepter son application pour après les sénatoriales de septembre dernier. D.Percheron avait laissé entendre qu’il quitterait le Conseil régional et laisserait la place à Pierre de Saintignon, fidèle de la Maire de Lille . Rien de tout cela ne se produit. Peut-être après les législatives, mais personne n’en parle…

De ce fait aux primaires du PS, le choix de D. Percheron s’est porté sur F.Hollande. Surprise, la majorité des adhérents du 62 a voté Martine Aubry, la voisine.

Début de la fin pour celui qui reste le grand patron des socialistes du PDC ?

Conclusion : Fascinant personnage que D. Percheron.

Fondateur du PS dans le Pas-de-Calais, puissant à faire et défaire les majorités au niveau national, naviguant au gré des courants (il a soutenu Mauroy, puis Mitterand, puis Rocard, puis Fabius, Jospin, Royal, Aubry, Hollande : impressionnant !), immergé dans un système critiqué mais sans s’être sali les mains, au contraire de ses amis Kucheida et Mellick. Eminence grise des plus grands, le sera-t-il encore dans un proche avenir ? Si Hollande gagne les présidentielles, Martine Aubry sera aux commandes du Parti. S’il les perd, la maire de Lille aura les mains libres pour réformer de fond en comble le parti, à commencer par le Pas-de-Calais où elle ne fera pas de quartier !

Peut-on imaginer un PS 62 sans Percheron ? En tous les cas, il faudra faire peau neuve et cela prendra du temps !

Fin