Les partis politiques font des écarts...(2)

A quoi peut servir l'argent capitalisé par les organismes de formation?

1-1 On peut penser, à travers l’exemple du FN, que cela puisse aider à maquiller des comptes de campagne. Ainsi l’élu lillois et conseiller régional FN Philippe Bernard, par ailleurs responsable de l’Iforel (formation élus FN) “a été mis en examen le 13 février 2008 pour escroquerie en bande organisée au préjudice de l'État dans le cadre d'une enquête de plus en plus vaste concernant des comptes de campagne de candidats FN » (Voix du Nord 2/11/2010). Il faudra, bien sûr, attendre le jugement pour savoir si les fonds de l’Iforel ont servi dans le cadre des élections cantonales de 2004, pour lesquelles les 3 ex-élus du FN sont poursuivis (ils ont été exclus, depuis, du FN). D’autres exemples, dans d’autres partis, laissent à penser que quelques factures de l’organisme de formation permettent, à travers des pseudos-formations, d’alourdir le compte de campagne de candidats ayant dépassé le seuil des 5% pour être remboursés de leurs dépenses électorales.

1-2 Autre exemple révélé par le Canard Enchainé du 26 décembre 2008: "le 23 octobre 2008 a eu lieu un séminaire de formation sur la sécurité à Paris avec le préfet de police. En réalité, il s'agissait d'un banquet avec un haut fonctionnaire sans qu'il n'y ait eu une véritable séance de travail. Ayant des doutes sur la réalité de la formation, les services de la mairie de Paris ont souhaité obtenir davantage d'informations sur l'organisation de la soirée. Après coup, pour obtenir le remboursement de la note, l'UMP a donc édité un programme de travail bidon. Contactés par le Canard Enchaîné, plusieurs participants ont confirmé qu'il n'y avait eu aucune séance de travail. D'ailleurs, à l'heure où les élus UMP étaient censés plancher sur la sécurité à Paris, le groupe UMP était réuni pour une réception à la mairie du XVIIe arrondissement. Il n'y a donc vraisemblablement jamais eu de formation, aucun programme de travail étalé sur plusieurs jours, simplement un repas dans un grand restaurant."

Toujours selon le Canard, cet argent peut servir:

• à organiser des meetings: en avril 2006, la mairie de Paris a financé une partie de la facture des états généraux de l'UMP Paris et le meeting de Nicolas Sarkozy sous prétexte que ces manifestations "formaient" les élus. Interrogé par le Canard Enchaîné, l'adjoint de Bertrand Delanoë a reconnu que "c'était un peu limite, mais on a fini par payer". Donnant/donnant ?

• à compléter le budget d'une campagne électorale. Par exemple, Françoise de Panafieu, candidate à la mairie de Paris, a suivi des cours d'expression orale pour 6550 euros, facturés par une société appartenant à l'un de ses adjoints.

1-3 Les organismes de formation sont souvent situés dans les mêmes locaux que le parti/partenaire et aident ainsi à payer les loyers souvent élevés. Par exemple l’UMP et ANDL au 55 rue de la Boëtie, et Condorcet et le PS, voisins rue Solférino.

1-4 Les organismes prévoient des formations d’élus la veille des journées d’été des partis ce qui présentent 2 avantages:

• Participer aux frais d’organisation de ces journées (sans parler de ceux qui, bien qu’inscrits, ne participent pas aux formations, tout en pointant en début de journée...)

• Permettre à des militants non élus d’aller gratuitement à ce lieu de rassemblement en covoiturant avec des élus remboursés de leurs frais de transport, ou de loger dans le même hôtel ou gîte de ces élus. Ou bien, beau geste de solidarité, des sections, cellules ou groupes locaux ou même des fédérations organisent la solidarité entre élus et non-élus pour que ces derniers puissent assister à ces journées de travail: les élus versant leur obole dans une caisse commune...

1-5 On peut également supposer que les organismes de formation participent à l’impression de tracts ou revues en dehors des périodes électorales. On comprend qu’il faille une complicité avec les imprimeurs...

Conclusion: certes, les sommes détournées ne sont pas gigantesques (quelques centaines de milliers d’euros), mais il s’agit d’argent public et de morale publique.

Quelques propositions de solutions: fixer des montants d’inscription réalistes, dissocier les organismes des partis (peut-être faudrait-il créer un seul organisme public de formation agrée ou susciter des conventions avec les universités ou les Instituts d’études politiques). En tous les cas, des contrôles doivent être exercés sur la réalité des formations, les présences obligatoires, l’utilisation des fonds...

A suivre