Au sujet de la candidature aux législatives de Jean Urbaniak

La Voix du Nord

20/3/2012

Le Palais Bourbon, cela fait quinze ans qu'il en a quitté les ors, coup de Trafalgar chiraquien oblige. Mais Jean Urbaniak n'a pas encore fait une croix sur une mission de député qui le passionna. En juin, il sera encore présent sur la ligne de départ, et bien décidé à profiter de l'énorme coup de mou du PS local victime de bisbilles internes, d'un climat délétère et de tant de suspicion.

PAR PASCAL WALLART

Certains doutaient de son envie d'avoir envie ? Eh bien qu'ils soient rassurés, Jean Urbaniak, comme aux grandes années du mano a mano avec Albert Facon, a toujours la « gnake ». Et s'apprête à repartir en campagne avec, apparemment, le moral au beau fixe !

Après deux campagnes (2002 et 2007) où le Noyellois a été privé de second tour par le FN et a vu l'UMP grignoter irrésistiblement sa marge de manoeuvre, le maire de Noyelles-Godault est aujourd'hui conjoncturellement requinqué par la descente aux enfers locale du PS : combat des chefs et haine attisée entre les trois hommes forts du territoire, absence totale de notoriété du candidat choisi (Philippe Kemel) et odeur de soufre dans le sillage du « Rose mafia » de Dalongeville. Assez pour que Jean Urbaniak ne retrouve des ailes et un moral d'acier.

« Jean Urbaniak 2012 : contre l'injustice », c'est donc le slogan de la campagne que mènera pour la cinquième fois le Noyellois : « Et à moins d'un parachutage stratosphérique d'ici-là, je serai le seul candidat en lice avoir déjà été élu député ! » Une candidature que M. Urbaniak se refuse à envisager « comme d'opportunisme ou de suivisme » mais plutôt comme de salut public.

S'il est aujourd'hui carté au MoDem, c'est sans l'étiquette bayrouiste qu'il entend mener cette campagne (décidément, un parti pris pour les MoDem du secteur !), rappelant que, jamais dans sa carrière, il n'a siégé au sein d'un groupe politique. Et que, dans une France en faillite « où demain il faudra que des décisions courageuses soient prises pour rétablir les comptes de la nation, ce qui ne sera pas possible pour les candidats qui auront à respecter le sectarisme de leur camp », il sera de ceux qui oseront. Localement, sur un territoire où il estime qu'un PS « affaibli et en déficit de confiance... ne pourra plus bénéficier d'un front républicain au second tour face à une Marine Le Pen qui a déjà été dangereuse en 2007 », il s'estime le seul à pouvoir jouer les rassembleurs. Et explique le prouver en laissant, pour sa suppléance, la porte ouverte « aux autres formations politiques et notamment celles qui ne se sont pas encore engagées dans cette campagne ».

Une prise de position qui devrait faire réagir dans le landerneau politique local pour cette échéance où, pour la toute première fois, Albert Facon, l'« ennemi » historique de Jean Urbaniak, a été mis hors course : « M. Facon, je l'ai toujours mis en cause quant à son absence d'engagement par rapport à son mandat de député... Et puis, il porte une partie de la faute de cette situation actuelle. Et notamment celle d'Hénin-Beaumont où on n'aurait jamais dû laisser le FN s'installer ! »

AA: quelques remarques sur le fond de l'article

- Je ne sais si c'est le journaliste ou le candidat qui fait preuve de beaucoup de lucidité sur l'état du PS dans la circonscription. En tous les cas, le constat est clair:  les affaires concernant Kucheida et avivées par Dalongeville, la bataille pour la candidature socialiste qui laissera des traces; et l'absence de notoriété de P. Kemel qui ne fait rien pour la combler (il pourrait, au moins, relayer la campagne de Hollande sur le secteur) et qui n'a toujours pas de suppléant désigné. Sans parler d'une éventuelle candidature MRC... J. Urbaniak est très lucide quand il confirme l'inutilité des mandats législatifs exercés par Facon, et la responsabilité du député actuel dans la descente aux enfers du PS dans la circonscription et, plus spécifiquement, à HB. Le Parti socialiste du Pas-de-Calais a laissé la situation se détériorer, ses quelques interventions envenimant encore plus les problèmes!

- Pas d'étiquette Modem revendiquée par J. Urbaniak. Il va falloir assumer que, d'ici la Présidentielle, il fasse campagne pour Bayrou et dans les semaines suivantes, qu'il s'abstienne de référence au Béarnais. Si ce dernier fait un bon résultat le 22 avril, ce serait pourtant dommage de ne pas en profiter. Il est vrai que la déliquescence du PS et l'absence de l'UMP laissent de la marge à un candidat non perçu comme soutenu par un parti...Mais le territoire est à gauche (tout au moins pour l'instant) et le Front de gauche et, éventuellement, le MRC, pourraient plomber le PS et laisser de la place à J.Urbaniak. En ce qui me concerne, je ne le jouerai pas gagnant, car sa notoriété est quand même limitée (même s'il fut naguère député), mais son score peut être intéressant...

- Il n'y aura pas de front républicain au second tour, dit le maire de Noyelles. J.Urbaniak a raison s'il n'y a pas de second tour (FN gagnant dès le 1er tour). Par contre, je ne vois pas pourquoi le candidat arrivé second, le soir du 10 juin, même si c'est Jean Urbaniak, ne serait pas rejoint par tous les autres partis pour battre la candidate FN. Je pense même que si M. Le Pen ne gagne pas le 10 juin, elle sera battue le 17 juin. Ce qui, d'ailleurs pourrait l'arranger...puisque si elle gagnait elle devrait choisir entre son mandat de députée européenne et celui de députée nationale: sièger comme seule députée FN à Paris ne devrait pas être une sinécure; se battre à Bruxelles contre les technocrates européens est plus efficace comme elle ne manquerait pas de nous l'affirmer...

- Enfin, J.Urbaniak laisse la porte ouverte à un suppléant appartenant à un parti qui ne serait pas engagé dans cette campagne...A qui pense-t-il? A l'UMP? cela serait jouer perdant, assurément...Au MRC qui hésite à présenter un candidat? Cela ne serait pas beaucoup mieux...A Lutte Ouvrière? Je plaisante...Alors?