Le débat Sarkozy/Hollande

Je me rends bien compte au moment où je vais rédiger ces impressions d'après-débat (144 minutes a duré l'émission) que je ne serai pas objectif tant j'ai apprécié, de façon générale, le comportement de F. Hollande. Clair, réfléchi, cohérent, sachant pointer les innombrables incohérences de N.Sarkozy, je lui reproche de ne pas s'être montré plus réactif devant les attaques indignes du "candidat encore Président". Je pense que FH a, quand même, dû rassurer les Français (moi le premier) qui doutaient encore de sa fermeté...

Je laisserai aux commentateurs professionnels le soin de préciser qui avait raison lorsque les 2 protagonistes se sont échangés des chiffres différents (taux de chomâge, déficit extérieur, endettement...), encore que j'ai trouvé, lors de cette bataille, FH plus convainquant, face à l'impression d'à peu près laissée par NS...

Cette bonne connaissance des dossiers s'est traduite, à plusieurs occasions, par la mise en avant d'erreurs manifestes de Sarkozy: confondre pénibilité et invalidité, ne pas savoir qu'il n'y a pas d'infirmières d'Etat, faire passer l'impôt de bourse pour une taxe sur les transactions financières, s'emmêler les pinceaux en parlant de l'intervention du juge en matière d'immigration légale...tout cela ne peut que nous conforter dans l'approximation générale dont on taxe souvent N. Sarkozy. A chaque fois, Hollande a bien pointé ces erreurs indignes d'un candidat... futur ex-Président.

Sarkozy est sorti de ses gonds à plusieurs reprises en traitant Hollande de "menteur" (5 ou 6 fois), "calomniateur" (2 fois) et "incompétent" (3 fois), et la réaction de l'offensé ne fut pas à la hauteur des injures présidentielles. Peut-être eut-il, finalement, raison car les téléspectateurs ont pu ainsi jugé de la vulgarité de l'un et de la sobriété de l'autre...

A plusieurs reprises, NS s'est mû en interrogateur forcené et pressant ("est-ce que vous savez?", "répondez-moi"...), laissant la porte ouverte à bien des ripostes possibles, mais, las! FH s'y ait mis aussi, s'attirant la réponse tant attendue ("je ne suis pas votre élève...").

FH a su être clair sur les ambiguïtés que lui reprochait Sarko: 60 000 embauches dans l'éducation, sa position sur le nucléaire, sur les économies à faire, etc. Là, on vit, à nouveau, le vrai visage de N. Sarkozy qui, malgré des réponses précises, revenait sans cesse sur les soi-disant incohérences de son concurrent. Un courrier de FH à France Terre d'asile mit en (relative) difficulté le candidat socialiste...

Mais en dehors de cela, FH se révéla brillant dans une envolée qui marquera la campagne. Il martela ce que lui ne ferait pas pendant sa présidence en reprenant toutes les accusations à l'encontre du dernier mandat (notamment sur le plan de la morale politique), et en égrénant chacune de ses déclarations par: "Moi, Président de la République..." Répétée une vintaine de fois avec solennité, calme, conviction, cette litanie a dû faire passer des frissons et restera un moment fort ...

J'ai noté également 2 attaques frontales de FH: il ne se comportera pas comme chef de la majorité ("Moi, Président, je ne réunirai pas les parlementaires de la majorité"), ni ne se mêlera des sordides affaires financières des campagnes électorales ("oui ou non  avez-vous réuni des contributeurs  pour collecter des fonds, à l'hôtel Bristol"?). De même, il n'a pas loupé le coche devant une maladresse (?) de Sarkozy, quand celui-ci expliqua que son refus de faire voter les étrangers non communautaires aux élections municipales était dû à l'islam! Sarko essaya tant bien que mal de se rattraper en invoquant d'éventuelles revendications communautaristes... 

Une erreur grossière de Sarkozy, non relevée par Hollande: 180 millions d'heures supplémentaires ont coûté 1 milliard...

NS apparut peu à l'aise face à la pugnacité de FH, par sa difficulté à justifier son bilan, mais également parce qu'à plusieurs reprises, le candidat socialiste lui fit remarquer qu'il avait beaucoup changé d'avis ces dernières années (vote des étrangers, le port du voile, la TVA sociale...)

En conclusion, on peut dire que François Hollande a présenté une stature potentielle de Président, tandis que Nicolas Sarkozy a confirmé tous ses défauts, erreurs et incohérences.

Sur le plan personnel, je confirme que je voterai pour F. Hollande, même si je ne suis pas en accord avec sa position sur le nucléaire et sur son intention d'ordonner le départ  des troupes françaises, d'Afghanistan, dès la fin de l'année.  Ce qui ne m'empêche pas d'espèrer qu'après son élection, le ménage sera fait dans certaines Fédérations du PS et que des pratiques indignes seront punies....