Une République irréprochable?

"Une République irréprochable": voilà ce qu'avait promis N. Sarkozy, lors de son entrée en fonction. On sait ce qu'il en advint...C'est pour cela que F. Hollande a promis cette République normale et il a tenté, dans ses premières semaines de présidence, de démontrer sa volonté de changer les comportements politiques...

Afin de l'y aider, je prendrai 3 exemples (un le concerne) de dévoiement des pratiques politiques auquel il faut remédier:

- L'immunité de N. Sarkozy a cessé le 15 juin. De nombreuses procédures judiciaires à son encontre vont apparaître au grand jour. Notamment celle concernant le financement de la campagne de 1995: Mediapart d'hier  faisait état "de nouveaux documents prouvant qu’il a autorisé, quand il était ministre du budget (1993-1995), le versement anticipé de pots-de-vin au “réseau Takieddine” lors d'un contrat d’armement avec l’Arabie saoudite. Des documents saisis par les enquêteurs prouvent l’hostilité de l’administration à cette décision. Le ministre était passé outre." Les documents font état d'un empressement de N. Sarkozy (alors Ministre du Budget) pour que l'ensemble des commissions (80 millions de francs) soient versées avant le paiement définitif des sommes dues par l'acheteur, et cela fut effectué juste avant le 1er tour de la Présidentielle de 95: on se souvient que 10 millions en espèces avaient été versés sur le compte de campagne du candidat Balladur, correspondant, soit-disant, à des ventes de tee-shirts, et que l'on pense être aujourd'hui des rétrocommissions payées par les intermédiaires (dont le fameux Takkiédine) . Nul n'était dupe à l'époque, et aujourd'hui, la justice a les éléments pour faire le lien...

Ce type de mensonge d'Etat doit servir de leçon pour réformer, sans plus attendre, des procédures malsaines:

* les commissions ne doivent pas être connues uniquement de quelques-uns (dont le Ministre) qui les gèrent comme bon leur semble. Une commission parlementaire doit pouvoir suivre les négociations...

*le conseil constitutionnel (présidé alors par Dumas) avait avalisé le compte de campagne de Balladur malgré certains toussotements concernant les recettes de tee-shirts...Là encore des parlementaires devraient participer à ces travaux.

Comme on le voit, il faut mettre en place des contre-pouvoirs: sans eux il n'y a pas de démocratie. C'est une occasion de revaloriser le travail du Parlement...

- Le futur ex-député de Liévin a fauté, comme on le sait maintenant puisqu'il l'a avoué, en utilisant, à des fins privées, la carte bleue de la société Soginorpa, qu'il préside indirectement (je simplifie), société chargée de la gestion du patrimoine immobilier minier et principalement des logements. Le montant de cet abus de bien social est d'environ 50 000 euros, somme peu importante au vu des millions gérés par la Société, mais permet d'enclencher d'autres procédures sur la gestion proprement dite: nul doute que les conditions dans lesquelles ont été passés des marchés publics, la spéculation financière qui aboutirait à 200 millions de pertes latentes...sont examinées de très près actuellement par les services compétents (des perquisitions ont encore eu lieu ces derniers jours). Je n'insisterai pas sur les responsabilités de JP Kucheida dans cette affaire comme dans d'autres affaires qu'il a eu à connaitre et sur lesquelles la Chambre Régionale a soulevé pas mal d'autres questions, mais je pense que l'Etat doit promouvoir des réformes en la matière:

* il faut s'interroger sur l'opportunité qu'une société dont l'actionnariat est public (collectivités locales, pour, une fois de plus, simplifier) soit présidée par un homme politique qui utilise cette fonction pour faire du clientélisme auprès des maires (certains obtiennent plus de programmes que d'autres) et des particuliers (bénéficiaires de logements). 

* les représentants des collectivités actionnaires, membres des conseils, n'ont vu que du feu sur les erreurs de gestion, approuvant, les yeux fermés, les explications du Président et du Directeur général. Encore une fois, les contre-pouvoirs n'ont pas joué leur rôle. Il est pourtant facile d'imaginer que les actionnaires soient assistés d'un cabinet comptable indépendant...

Ce qui est valable ici, l'est également pour toutes les sociétés dans lesquelles les pouvoirs publics sont parties prenantes. 

Le sujet Kucheida est également significatif des dysfonctionnements de notre démocratie: le nombre de mandats exercés (outre les sociétés qu'il préside ou dont il est membre très influent, il est maire de Liévin, Président d'une des plus importantes agglomérations de France et était député) nuit à son efficacité et surtout au renouvellement du personnel politique. La priorité est à la limitation du cumul de mandats: voir, à ce sujet, des propositions que j'avais formulées le 12/4/08: http://alpernalain.blogspot.fr/2008/04/le-cumul-des-mandats-en-france-un-frein_12.html

- Enfin le tweet de Valérie Trierweiler pose une question d'éthique mal résolue par François Hollande. Le terme de 1ère dame de France est usurpé! Elle n'est que la compagne du Président: nous avons élu F. Hollande et pas elle. Son rôle doit être discret et elle n'a pas à porter une parole publique. F.Hollande s'honorerait en lui interdisant toute interview! Que l'Etat mette à sa disposition 5 personnes pour son secrétariat est encore un dévoiement. Une fois de plus, le contre-pouvoir c'est le Parlement: à celui-ci de régler cette question de statut du conjoint. Nous n'avons pas guillotiné Marie-Antoinette pour hériter d'une nouvelle reine!

François, on ne va pas te demander de répudier Valérie, mais, au moins, fais-la taire (publiquement, le reste c'est ton problème privé!)!