AA: je rappelle que Mitt Romney est un des fondateurs d'un des plus grands fonds d'investissements du monde, Bain. Or ce même Bain était le propriétaire de Samsonite, dont une usine était située à Hénin-Beaumont et fut scandaleusement démantelée "grâce" à ce fonds qui l'a cédée de telle manière à éviter un plan social. Le repreneur (assembleur de panneaux solaires!), de mèche avec Bain, a été condamné en France et les ouvriers de Samsonite ont entamé une action judiciaire aux Etats-Unis...Il se pourrait fort que cette affaire vienne empoisonner la candidature de Mitt Romney, dans les mois qui viennent. Ainsi serait confortée l'image de ce "cow-boy" telle que décrite ci-dessous par un journaliste du Monde (édition du 26/8/2012)
La victoire de Barack Obama en 2008 s'était jouée dans la ferveur...
ce dont le président sortant ne jouit plus quatre ans après. Mais son
adversaire déclenche encore moins l'enthousiasme. C'est le paradoxe
Romney : il talonne Obama dans les sondages mais reste à la traîne dès
que l'on mesure sa cote de sympathie. Alors qu'une majorité d'électeurs
jugent négativement la politique économique de l'occupant de la Maison
Blanche, 54 % ont une bonne image de lui, tandis que seulement 47 %
perçoivent favorablement Mitt Romney, selon une récente enquête de CNN.
D'après un sondage du journal USA Today, un quart des partisans de Romney jugent Obama plus sympathique.
Terne, distant, figé et répétitif dans ses sourires, sa
gestuelle, ses discours... Les observateurs alignent les mêmes constats
et tentent d'analyser les difficultés qu'éprouve Mitt Romney à crever
l'écran, tandis que ses communicants s'emploient à contredire cette
impression. L'essentiel tient sans doute aux paradoxes de sa
candidature. Républicain modéré du Nord-Est américain, il a dû se
présenter comme " sévèrement conservateur " pour emporter les
primaires d'un Parti républicain dominé par les ultras du Sud. Mormon,
il doit convaincre un électorat chrétien souvent hostile à sa religion.
Spectaculairement enrichi dans le Meccano à risques du
capital-investissement, il fait de sa réussite financière son premier
argument dans un pays où les banquiers n'ont plus nécessairement la
cote. Magicien de l'économie ou capitaliste rapace ? Leader flexible ou
politicien clientéliste ? Ses revirements sur l'avortement ou
l'assurance-maladie le font considérer comme une girouette par une
partie de l'opinion, y compris à l'intérieur de son propre camp.
Abroger la récente loi sur la santé
Car son parcours sinueux le conduit à bien des contorsions.
Ainsi, pourquoi promet-il aujourd'hui d'abroger dès le premier jour de
son mandat la réforme générale de la santé adoptée sous Barack Obama qui
ressemble furieusement à celle que lui-même avait fait voter en 2006
dans le Massachusetts ? Il tente de s'en tirer en affirmant que ce qui
était bon pour cet Etat riche ne l'est pas pour le reste du pays. Plus
généralement, la difficulté de Mitt Romney à susciter l'enthousiasme
provient du profil choisi pour sa campagne : pauvre en projets et
essentiellement orientée sur la critique de son adversaire, la clé étant
de coaliser tous les électeurs désireux de chasser Barack Obama.
Ces flottements sur le fond se superposent à des
interrogations d'ordre psychologique. Mitt Romney éprouve visiblement
des difficultés à sortir de sa carapace, à se placer en empathie avec
les gens ordinaires. Un site pro-démocrate se délecte en comparant des
photos des deux adversaires visitant une école : guindé, Romney tend une
main distante aux enfants, là où Obama se laisse enlacer et rit à gorge
déployée. Réflexe de classe d'un grand bourgeois ? Rigueur du mormon ?
De nombreux témoins notent le contraste entre le Mitt blagueur en privé
et le personnage public coincé. Ann Romney, mère de ses cinq enfants,
est mise à contribution pour démontrer que son mari n'est pas celui que
l'on croit. A ceux qui lui dénient tout sens de l'humour, elle se fait
fort de le " déboutonner " afin d'" amener les gens à découvrir l'autre côté de Mitt, (...) drôle, charmant et spirituel ".
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